lundi 20 février 2012

Alcool et jeunes conducteurs : fin de la récré annoncée


Nous avons appris la nouvelle récemment : en matière d'alcool au volant, ce sera «tolérance zéro à la mi-avril pour les conducteurs de 21 ans et moins» . Qu'on se le dise au Québec. 

(dernière mise à jour : 3 mars 2012, 15:32).

Non, ce n'est pas un "poisson d'avril" ! D'autres provinces l'ont fait avant nous. On en est rendu là semble-t-il. La greffe de cerveau n'étant pas encore disponible, le couvre-feu pour tous les jeunes a semblé pour un temps, ce qui restait après avoir tout essayé (criminaliser la conduite avec facultés affaiblies, prévention, campagnes de publicités choc, publicités larmoyantes, sensibilisation avec récits réels, médiatisation croissante des drames de jeunesse, etc.). Puis, on se souviendra qu'en 2011, la pression s'est faite très forte pour l'imposition d'un couvre-feu à tous les jeunes sans exception. Pas d'annonce en ce sens. Et cela aurait pénalisé les jeunes qui travaillent de nuit ou ont à se déplacer. Mais comme heureusement, de deux maux, on choisit le moindre, cela s'applique ici. Par contre, une information au sujet du zéro alcool pour les conducteurs de 21 ans et moins, a été publiée initialement par le journaliste Jean-Marc Salvet:

«La mi-avril aurait été retenue pour devancer les innombrables bals des finissants, d'après certaines sources. Des bals où l'on boit souvent beaucoup, rappelle-t-on.
Aujourd'hui, au Québec, la politique de «tolérance zéro alcool» au volant se limite aux titulaires d'un permis d'apprenti conducteur ou d'un permis probatoire
Au critère de l'expérience sur la route s'ajoutera donc, pour la première fois, celui de l'âge.» (1).

Quand même étonnant pour la société la plus mature au monde... Je me souviens d'une ou deux stupidités de jeunesse. Une fois j'ai conduit mon vélo en état d'ébriété, vers l'âge de 16 ans, et ... j'ai fait un accident; une plonge sur un accotement de gravier. Quelques égratignures seulement. Le lendemain, je suis retourné pour trouver mon porte-feuille égaré; mais peine perdue. Pas de cartes, ni d'argent sur place. J'ai appelé mon meilleur ami qui a vérifié chez lui et mon porte-feuille était là où il devait être, dans ma veste. J'étais parti avec sa veste de jeans (denim). C'était l'époque des jackets de denim, et nous avions la même marque mais pas la même taille. Cela fait réfléchir. L'alcool et les autres substances affectent un jugement déjà "partiel" chez plusieurs jeunes. Si j'avais été au volant de la voiture de ma soeur aînée, ça aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus grave pour moi ou les autres. Je dis cela pour confirmer que les jeunes hommes sont souvent irréfléchis, même ceux qui ont l'air d'anges et sont très polis devant les parents des filles. Particulièrement avec deux facteurs aggravants: présence d'alcool ou autres substances affectant le jugement et effet d'entrainement de groupe. Un petit conseil, si vous aimez vos filles, allez les conduire et chercher, même si vous perdez une heure de sommeil. Ça vaut le coup.

Cette dernière solution de la tolérance zéro-alcool est contraignante, mais un moindre mal. Au moins, ne seront pas pénalisés les jeunes qui savent encore faire la différence entre conduire un vrai  véhicule (avec la responsabilité qui s'y rattache) et jouer à l'ordi. Certains seront assez matures pour conduire dès 19 ans, d'autres seront encore des "adolescents" irresponsables à 39.  Il est temps de mettre la pression pour responsabiliser tous les conducteurs dangereux, parce qu'encore un peu et c'est le no fault qui est révisé.

La tentation est forte pour l'état québécois aussi pour l'antidémarreur éthylique dans tous les véhicules sans exception, ce qui est coûteux, demande de la calibration régulière et ne détecte pas les drogues, ni la somnolence, ni l'incompétence, ni ceux qui n'ont pas eu de cours de conduite, ni les textos-conducteurs, ni les gens en mauvaise santé mentale, ni l'immaturité (2), ni les aînés en perte d'autonomie (et de la vue), ni les pneus trop usés, ni les excès de vitesse, ni les changements de voie sans signaler son intention, ni ceux qui n'ont pas un permis de conduire valide, ni ceux qui ont oublié leurs lunettes, ni ceux qui sont distraits ou préoccupés, ni ceux qui négligent l'entretien de leur véhicule (ex. freins), ni les obstacles sur la route la nuit, etc. Parce que s'il faut contrôler tout ce qui cause des accidents avec blessures graves ou décès, le véhicule coûtera 20,000 dollars, mais l'équipement de sécurité, 25,000$...

Une prochaine étape avant d'en arriver aux options qui pénaliseraient tous les conducteurs, serait probablement de dresser de vrais barrages routiers policiers dignes de ce nom, sans avertir préalablement les citoyens à la radio. En commençant par interdire, avec amendes significatives (ex. 10,000 $ l'offense), les médias qui aviseraient de tels contrôles routiers. Ainsi, ceux qui hériteront de contraintes particulières (comme l'antidémarreur éthylique, ou un avis de changer ses pneus trop usés, un permis non valide, etc.) seront ceux qui démontrent un manque de maturité ou de jugement, et non les autres. Ce n'est pas à tous de payer pour les imprudents ou négligents, à moins que nous soyons vraiment dans un communisme marxiste (ce que j'ai tendance à croire parfois). Parfois, quand je marche dans un stationnement en hiver le jour, je m'amuse à regarder les pneus des véhicules stationnés. Et vous savez quoi, je suis toujours surpris de voire le nombre de véhicules avec des pneus trop usés et mettant donc la vie des autres et la leur (et celle de leurs proches, même), en DANGER.

Si j'avais un fils en âge de conduire, j'aimerais mieux qu`il perde le droit de conduire pendant deux ou trois ans suite à un contrôle policier où il aurait été pris en faute grave, plutôt qu'il perde la vie ou mette en péril   la vie OU l'intégrité physique des autres. Voilà. Il n'aurait qu'à prendre le bus ou d'autres moyens, après avoir eu sa chance et s'être montré indigne de ma confiance et de celle de notre société. Et il en serait averti avant d'avoir les clé de l'auto.

AUTRES TEXTES:

Les petites pilules du bonheur et le malheur sur les routes

1.  SALVET, Jean-Marc. Tolérance zéro à la mi-avril pour les conducteurs de 21 ans et moins. Le Soleil, 17 février 2012, Québec, p.3
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201202/16/01-4496855-tolerance-zero-a-la-mi-avril-pour-les-conducteurs-de-21-ans-et-moins.php

2.  Exemple de stupidité de jeunesse, le couch surfing qui a fait une victime au Québec (région de la Beauce, il  y a quelques jours). Dans cette vidéo, imginer le nombre de fois où les jeunes auraient pu être blessés, notamment lorsqu'ils sont passés près d'un poteau d'électricité.