mardi 24 septembre 2019

Chiniquy: le prêtre québécois qui a secoué l'empire Catholique

Charles Chiniquy, est un prêtre et prédicateur québécois, originaire de Kamouraska, qui a soulevé contre sa personne, le dogme catholique et la puissance de Rome.  

Article publié originellement en encart dans un article du 19 mars 2009.
(Dernières modifications 26 septembre 2019, 11 octobre 2019)

Le prêtre catholique Charles-Paschal-Télesphore Chiniquy, mieux connu sous le nom de Chiniquy, a entre autres, exercé à Beauport, Charlesbourg et St-Roch de Québec (aujourd'hui fusionnés à la ville de Québec), ainsi qu'à Kamouraska et Montréal, pour ce qui concerne le Québec. Ses adversaires ont tout fait pour effacer les traces de ses influences, ou pour n'en laisser que des accusations. Il a terminé sa course aux Illinois, États-Unis en tant que franco-protestant, où l'on a aussi voulu, avec la méthode de la carotte, le ramener dans le giron catholique jusque sur son lit de mort. Il a en plus prêché ailleurs dans le monde et est revenu au Québec pour la prédication fort courue, principalement par les catholiques qui ignoraient les menaces d'excommunication et de malédictions du clergé. On tenta même de le voir en privé durant ses dernières heures de vie, espérant pouvoir ensuite raconter son repentir et son retour sous l'autorité de l'Église catholique-romaine. Mais le vieux a refusé, car il connaissait le truc. Il a signé une déclaration qu'il a fait officialiser et signer par des témoins. Comme aussi il connaissait la cause de la majorité des béquilles abandonnées par des personnes après des guérisons soudaines en des lieux de pèlerinages. Durant ses années de service au Québec, le prêtre a souvent rencontré l'adversité et fréquemment, ces attaques se sont assez bien réglées. Mais sérieusement, un analyste intelligent peut-il penser que dans les archives de ses opposants idéologiques (ex. un curé d'une paroisse voisine, un évêque en désaccord avec lui), alors qu'il dénonçait certaines traditions catholiques immuables, on allait inscrire et conserver à son dossier que de bonnes choses? Pourtant, le musée de Kamouraska reprend avec beaucoup d'emphase cette version issue des rapports de ceux qui le haïssaient. Quel manque de professionnalisme! Quel amateurisme du musée de Kamouraska qui le décrit comme un coureur de jupons. Si c'était le cas, ce serait une erreur de faire une exposition à l'honneur d'un charlatan.

La force des historiens, c'est leur accès aux archives. Leur faiblesse? C'est la même


Des archives, c'est de source humaine et incomplet et même souvent partisan d'une position. On connaît souvent le début de l'accusation, mais non la fin, car cela ne fait pas vendre des abonnements. Imaginez un homme connu accusé faussement en 2015. Les récits feront les pages de journaux et les réseaux sociaux plusieurs fois (autrefois les lettres manuscrites, les conversations dans les villes et villages, etc.). Mais la conclusion de non-culpabilité libérant l'accusé fera souvent un entrefilet dans un journal, passant presqu' inaperçue, de sorte que dans 100 ou 200 ans d'ici, on trouvera plus facilement les fausses accusations et difficilement l'issue réelle de la chose, particulièrement au Québec quand on écrit contre un homme qui a quitté la puissante église de Rome. Par exemple, une lettre peut contenir des faits non avérés (l'évêque qui déclare : je ne recevrai pas Chiniquy), mais on ne trouve pas nécessairement ou ne cherche pas l'issue finale de la chose (Chiniquy a été reçu et approuvé). Il en est, dans les cas de débats d'idées qui ont un impact sur les institutions, comme lorsque le patron d'une entreprise veut remplacer une employée de 15 ans de loyaux services, pour placer sa fille. Dans bien des cas, la personne mise à pied aura, à son insu, des fautes fictives ou volontairement exagérées portées à son dossier (archives), au cas où elle contesterait sa mise à pied dans un futur plus ou moins proche. On regardera dans les dossiers et on trouvera qu'elle qu'elle n'adhérait plus aux valeurs de l'entreprise, ou qu'il y avait des plaintes à répétition de la part des clients. De même, on ne peut juger Charles Chiniquy uniquement selon ses accusateurs et détracteurs de l'époque, souvent des évêques froissés de sa popularité ou des collègues qui ont pris ombrage de son passage et de ses opinions clairement énoncées, et surtout, de l'attrait qu'il exerçait sur les foules. Ce qui donne du poids à Chiniquy, c'est que comme au temps de l'exécution de Jésus, les témoignages pris séparément ne s'accordent pas. Aux États-Unis, il a été libéré de sérieuses accusations lorsqu'il a eu pour sa défense, entre autres, un certain avocat nommé Abraham LINCOLN. Ce dernier a déclaré n'avoir jamais vu pareil complot ourdi contre un homme. Après avoir été blanchi des accusations, Chiniquy demeura d'ailleurs une relation de LINCOLN dont il reçut même certaines confidences sur l'idéologie de ceux qui complotaient pour assassiner le célèbre président.

Autobiographie de Charles Chiniquy. Couverture de la 10e édition. Ce livre de 512 pages de récits est publié aux Éditions Beauport (1986) et constitue un condensé de ses deux principaux ouvrages. «Chiniquy raconte, dans son style intéressant, les principaux événements de sa longue carrière». On peut encore s'en procurer quelques exemplaires à la Librairie chrétienne de Québec (www.librairiechretienne.ca).
Autobiographie de Charles Chiniquy. Endos de jaquette de la 10e édition. 




Ce qui donne du crédit à Charles Chiniquy, comme il vient d'être écrit, c'est qu'il y avait d'autres autorités et collègues catholiques pour le défendre et lui donner des lettres de recommandation, en dépit  des quelques «controverses» et de l'adversité peu commune qu'il a soulevées. Il lui suffisait de faire et promouvoir des œuvres nouvelles, pour soulever l'ire de ses adversaires,. Ce n'est pas sans rappeler les accusations contre Jésus, qui aussi ébranlait le système religieux contre son ministère:
«Car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne s'accordaient pas» (faux témoignages contre Jésus, Mc 14:56).

«...on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi...» (Mt 5:11-12)


Les paroissiens appréciaient généralement Chiniquy


À son départ des paroisses, comme à Beauport, les gens suppliaient le prêtre de rester. À la mort du pasteur, des milliers de connaissances ont défilé en dernier hommage à son impact sur leur vie.



Charles Chiniquy (autobiographie) extrait d'une préface plus ancienne de Hector Langevin tirée d'un ancien livre.
Intempérance : Dans le contexte du Québec de l'époque, l'alcoolisme fortement répandu. Plusieurs pères de familles y passaient une bonne partie de leur salaire de quelques semaines, parfois la majorité de la paye, laissant femme et enfants sans le sou. Durant ces dérapages, les pères étaient normalement improductifs. La vie dure pour un maigre revenu est certainement une des causes premières de cette déviance. La prohibition de l'alcool n'est pas apparue comme cela sans raison. Chiniquy lui, prêchait et prônait l'engagement publique des pères de famille, à renoncer à l'alcool. Il fût vite invité de ville en ville, là où ce mal détruisait des vies d'hommes et faisait grandement souffrir leurs familles.

À Montréal, ses opposants ont tenté plusieurs fois de détruire sa réputation, dont deux de sa période de ministère au Québec.  La seconde fois, l'évêque tenta de l'interdire définitivement pour empêcher qu'il aille œuvrer aux États-Unis avec la bénédiction d'autres autorités. On lui envoya une jeune femme fort belle au confessionnal pour raconter des histoires salaces impliquant de soit-disant faits réels, et ainsi tenter de le faire tomber ou se compromettre sexuellement. Mais le prêtre discerna que la femme ne cherchait pas la confession, arrêta net la pseudo-confession et la chose échoua. Il reçut quand même une lettre le déclarant interdit (empêchement de pratique la prêtrise) pour faute grave, mais on refusa de lui produire à la fois, les accusateurs et la faute, qui restèrent consignées dans les dossiers. Après détresse, intense prière et réflexion, il alla confronter l'évêque qui persista à refuser de lui dire de quoi on l'accusait et qui étaient ces personnes. De plus en plus persuadé que cela avait un lien avec la jeune femme du confessionnal, il alla faire une retraite de quelques jours chez les Jésuites, et obtint de précieux conseils et de l'aide, via une brève enquête du Père Schnieder. On retrouva le maître de voiture qui avait conduit la femme et de là, on identifia la femme elle-même, qui avoua devant témoin, que l'affaire avait été montée de toute pièce. Celle-ci se rétracta par écrit et l'évêque qui avait développé une aversion pour le Père Chiniquy, plus encore depuis la nouvelle publiée de sa prochaine mission aux États-Unis, accepta de le recommander poliment. 

Chiniquy (autobiographie) Editions Beauport, 1986 pages 312-313


L'évêque Vandevelde de la ville de Chicago accepta ladite lettre de recommandation et en tant que responsable de mission américain, confirma le mandat de Chiniquy pour cette nouvelle et importante mission destinée à mener à bien l'émigration francophone (provenant de France, Belgique et Canada) vers un vaste et riche territoire selon un plan émergent de colonisation catholique. Un vaste territoire était en effet inexploité et très prometteur en agriculture. Il est intéressant de savoir que le but de l'oeuvre était :
  • de renforcer et concentrer la présence du catholicisme provenant de l'émigration francophone
  • pour accueillir les francophones qui avait commencé à émigrer et pour empêcher qu'ils se dispersent et se convertissent au protestantisme comme cela était souvent le cas
  • et de développer en ces terres, une force politique incontournable auprès des futurs élus et candidats politiques, non seulement de 5 états qui devraient prospérer en raison des la qualité des terres (Illinois, Iowa, Missouri, Kansas et Minnesota), mais aussi de se faire respecter auprès des états de l'est, plus pauvres du point de vue des ressources.
Plus tard, le prêtre devînt pasteur protestant, se maria et eût des enfants. En effet, après avoir fondé une Église catholique à la paroisse de Sainte-Anne au sud de Chicago, il fût excommunié par l'initiative du clergé Irlandais, qui obtint cette «destitution» de l'Église Romaine. Devant le fait accompli, l'homme à la résilience légendaire fonda une église indépendante, où presque tous les membres de sa paroisse le suivirent. Une rue y porte aujourd'hui son nom, en mémoire de son ministère très apprécié. Il œuvra ensuite comme ministre reconnu avec l'Église Presbytérienne, dans la lignée protestante de l'Histoire de l'Église.