samedi 19 mai 2012

À conflit étudiant pas ordinaire, réponse particulière

OU: LE PROJET RÉVOLUTIONNAIRE DE L'ASSÉ (LA CLASSE) ET L'ANARCHO-SYNDICALISME SUIVENT LEUR COURS

Vous trouverez peut-être mon sous-titre exagéré, mais l'anarcho-syndicalisme est promu même auprès des futurs enseigants en formation. Cela passe notamment par la philo. Mais ce n'est pas le point central de mon billet. Le journaliste et chroniqueur Michel Hébert a signé un excellent texte dans sa chronique du vendredi 18 mai 2012, jour d'adoption de la loi 78 pour encadrer les manifestations et encadrer le concept de guerre permanente des associations étudiantes qui suivent la CLASSE (Coalition large de l'ASSÉ).


Voici un bref rappel des évènements, tiré de la chronique de Michel Hébert:

Ils [les étudiants les plus radicaux] avaient lancé un appel au boycott de ces consultations. Discuter avec les autorités n’a jamais été leur tasse de thé...
Ils avaient protesté et occupé les bureaux de la ministre, à Montréal. Mme Beauchamp, qui arrivait à l’époque au poste de ministre de l’Éducation, voulait mener des consultations dans le but de lier le financement des universités au concept de performance (...)
Pour les étudiants, cela fleurait trop la marchandisation. À gauche, on tolère mal les lois du marché et l’idée d’une obligation quelconque envers l’économie répugne au plus haut point.
« Nous ne serons pas les partenaires de la ministre dans le saccage de l’éducation québécoise », s’était alors exclamé nul autre que Gabriel Nadeau-Dubois, déjà porte-voix de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante, l’ASSE, et enclin aux images fortes.

Ce genre de survol nous rappelle combien la mémoire populaire est limitée dans le temps. Les étudiants plus radicaux préparaient déjà l'échec des discussions; ce qu'ils appellent le "dialogue" en avril et mai 2012. Nous avons la mémoire collective très courte, ou bien nous "voyons" des événements (ex. l'occupation des bureaux de la ministre de l'Éducation en 2010) sans comprendre que les enjeux réels ne sont pas ceux qui font la "clip" du jour aux bulletins de nouvelles. 

La hausse des frais de scolarité n'est pas l'enjeu premier, mais l'accessoire d'une révolte plus grande

Vaisseau amiral droïde, de la Fédération du Commerce. Le capitalisme perverti à détruire. Source : Star Wars
Avant d'être à la CLASSE (coalition large de l'ASSÉ), nul autre que Gabriel Nadeau-Dubois était déjà à L'ASSÉ, le vaisseau mère du bien incarné (pas celui de la la photo). En 2010, des étudiants radicaux de gauche avaient lancé un boycott des consultations de la nouvelle ministre de l'Éducation, Madame Beauchamp (celle qui vient de démissionner en mai 2012). Et ce printemps, en avril et mai, ce même porte-voix feintait de vouloir "dialoguer" afin de garder la faveur populaire (dialoguer étant associé à la paix sociale pour les naïfs que nous sommes) et entraînait aussi par la ruse les autres associations dans la même illusion (ou dans la crainte de perdre des membres dans le maraudage).

Cela change considérablement les faits. L'ASSÉ qui a créé la CLASSE pour foutre le désordre social actuel sur le thème des hausses de frais de scolarité, avait refusé de dialoguer en 2010. Donc: refus de participer à un processus démocratique. Tout le monde sait qu'une consultation n'est pas une collaboration mais un moyen de se faire entendre parmi d'autres. Le but de la CLASSE et de son vaisseau-mère, l'ASSÉ, se confirme de plus en plus:  la déstabilisation du "méchant" empire du Québec pour introduire un changement sociopolitique par "la Force" visible ou invisible qui est avec eux (ex. anarchistes, marxistes, etc.) et plus expéditif que par la voie démocratique habituelle. C'est dans ce contexte et dans celui des désordres sociaux importants engendrés par cette technique de "guerre continue", que nous devons comprendre et accepter la nécessité temporaire de la loi 78. ET la réalité de la fragilité plus évidente que jamais, de notre démocratie.

La loi de l'Empire... OU la loi du moins pire? 
(moins pire de deux scénarios)

En fait il n'y a pas grand chose de méchant dans cette loi qui a été modifiée en cours de journée. Dans la vie normale, un entrepreneur ne peut pas fermer une voie publique sans préavis. Et si un détour requière l'aide d'autos-patrouilles de police, il doit  faire connaître son besoin plusieurs heures à l'avance. Dans une ville comme Québec, il faut un permis d'occupation de chaussée pour bloquer une voie hors d'un chantier de construction, par exemple par une remorque. C'est donc dans l'ordre des choses de connaître quelques heures à l'avance les manifestations et déplacements prévus d'un groupe de 50 manifestants ou plus. Cela n'a rien à voir avec un État policier. Nous sommes dans un pure délire parano, avec la théorie de l'État policier. Les policiers doivent savoir quelle foule doit être gérée; un groupuscule de 50 ou un groupe de 5000, par exemple. Les pompiers, les ambulanciers, la Sécurité civile, les travailleurs, les transporteurs, les transports en commun, etc.), doivent connaître suffisamment à l'avance, les contraintes à la circulation.

De plus, les citoyens ont le droit de savoir à l'avance, pour se rendre travailler pour payer les études des grands enfants (et leur boycott), quelles seront les voies publiques qui seront affectées. Les commerces et industries qui livrent le café équitable et les ipad et iphones 4 aux étudiants, ont le droit de savoir aussi. On est loin des mesures de guerre de 1970 et espérons que notre peuple aura la maturité suffisante pour en rester là. Pour le reste, vous voterez Pauline ou Amir (et qui sait, peut-être Gabriel) au prochain scrutin général qui est très proche.

Lire la chronique de Michel HÉBERT :
À conflit spécial, loi spéciale 
http://www.journaldequebec.com/2012/05/18/a-conflit-special-loi-speciale ,
Lien consulté le 18 mai 2012.