mercredi 26 septembre 2012

La PQûre du PQ: dose de cheval ou punir le travail

Durant ma vie (encore active) j'ai travaillé par moment pour des entreprises familiales ou des professionnels équivalant à cette définition. Et vous savez quoi? Ces entreprises constituaient de véritables moteurs économiques pour leur ville ou région. Elles permettaient à quelques dizaines de personnes de travailler (ce qui est préférable à un chèque de secours d'urgence) et de dépenser, faisant du même coup rouler une économie locale et régionale (emplois indirects). Mais ce qui se passe depuis l'élection d'un PQ de tendance hyper-socialiste a de quoi inquiéter. Que l'on conçoive que les salariés un peu plus fortunés puissent payer un peu plus d'impôt peut passer (et ils le font déjà), mais l'idée que le fisc puisse taxer ou imposer rétroactivement en reculant dans le calendrier (ou au-delà de 50% des revenus) relève pratiquement de l'immoralité. Un antibiotique pour un patient malade, c'est bien, mais une dose de cheval peut rendre davantage malade ou tuer. La dose de la PQûre du PQ pourrait briser un fragile équilibre au Québec.

Chez une entreprise de type familiale dont j'ai été un employé et un proche, j'avais accès à certaines conversations informelles de gestion, lors de rencontres en dehors des heures de travail. Un jour, une actionnaire et administratrice expliquait aux deux autres actionnaires que le comptable avait servi un avertissement. C'était durant une période creuse qui durait depuis des mois en région. La PME familiale n'avait que des clients résidentiels, mais pas d'important contrat. Le comptable avait avisé plus ou moins en ces termes: «Vous roulez sur du "vieux-gagné". Si vous n'allez pas chercher de gros contrats très prochainement, vous allez au devant de problèmes financiers».

Ce que la remarque du comptable nous apprend, c'est qu'en raison des économies et profits faits en périodes plus productives,
  1. l'entreprise avait réussi à mettre de l'argent de côté qui lui servait maintenant à éviter de demander l'intervention des gouvernements en périodes difficiles ou d'abuser des marges de crédits avec intérêts. 
  2. Cet argent pouvait aussi servir à faire du développement de marché ou s'agrandir (ex. acheter des nouveaux équipements), se diversifier, se consolider, étendre son territoire, etc.
  3. Mais tout aussi important, cet argent permettait de maintenir un seuil d'emplois en périodes plus creuses, ce qui aide une économie locale et de ce fait régionale.
C'est un fragile équilibre semblable que risquent de détériorer des mesures de tendance trop socialistes de l'actuel cuvé du PQ. Ces solutions du contrôle par l'État et du «nationaliser-tout», copiées-collées de Québec Solidaire ont déjà été mises à l'essai en Europe et ailleurs. Ce fût un échec en moins d'un siècle (7 décennies menant à l'implosion du système des "camarades" en URSS). Le marxisme-léninisme a échoué.  Actuellement, sous son nouveau chef nommé, la Corée du Nord veut dénationaliser certains secteurs d'activités et ouvrir son marché, pour réinsérer de l'argent dans son économie qui croule sous le silence des journalistes internationaux. Est-ce faute de grands hôtels et de tourisme en Corée du Nord? Malheureusement cette amorce de réforme semble se faire avec une lecture stratégique plutôt militaire de la politique en Orient dans le contexte d'une incertitude émergente (relations Japon, Taïwan, Chine, deux Corée -Corée du Nord, communiste et Corée du Sud avec économie de marché et liberté-, etc.). Cela détermine les alliances qui se dessinent ces jours-ci.

Que faire? Vite, lorsque la chef Marois dort, ses lieutenants doivent lui enlever sa grosse seringue et la remplacer par des doses d'interventions beaucoup plus mitigées et limitées à l'essentiel. Ce qui se passe présentement, c'est la politique différemment, mais comme dans les années 1970 où l'État dépensait sans compter.

Des cycles de prospérité chez les grosses entreprises aussi

Et ce principe des cycles de bonnes et mauvaises années serait vérifié pour les grosses entreprises aussi. Voici ce que nous pouvons lire au sujet des cycles financiers sur un blogue d'une minière qui a investi plusieurs millions au Québec dans un marché à risque:

«Or, l’exploration et l’exploitation minières sont parmi les activités les plus risquées sur cette planète. Un seul projet sur 2 000 verra le jour. Lorsque ces projets fonctionnent, comme c’est le cas d’ArcelorMittal au Québec, ils sont soumis à des cycles financiers brutaux qui peuvent nécessiter des injections de fonds colossales lors de mauvaises années, lesquelles sont nombreuses. Le gouvernement du Québec n’aura jamais les reins assez solides pour exploiter une mine de fer ici. S’il décidait malencontreusement de le faire, il aurait l’obligation de dire aux Québécois qu’il risque de perdre des milliards de leur argent dans l’aventure» (1).

Peter Kukielski, Président du secteur minier et membre de la direction du groupe corporatif, prenant la parole lors de l’annonce officielle de l’expansion d’ArcelorMittal Mines Canada à Mont-Wright, le 20 mai 2011. Crédits photo: http://bloguetransformerlavenir.com/arcelormittal-en-images
Avec ce qui se passe présentement au niveau fiscal, des professionnels veulent sérieusement quitter le Québec, ou le feront. D'autres envisagent déjà de laisser de côté des engagements productifs certes, mais beaucoup moins payants que leur profession, comme pour un médecin spécialiste d'enseigner à l'université. Certains ont déjà annoncé qu'ils couperont dans les oeuvres de financement philantropes, l'un qu'il cesserait de donner son 10,000 dollars annuellement pour compenser l'imposition et les taxes abusives pour pénaliser ceux qui réussissent. D'autres chercheront les moyens légaux pour annuler l'impact de la hausse en toute légalité (ex. évaluer la possibilité d'opérer en tant qu'entreprise plutôt qu'en tant que salarié. Tout cela aura un coût difficile à estimer à ce moment-ci. Mais l'on sent une improvisation fondée sur la théorie et les concepts d'un universitaire, aux finances du Québec.

Les idées et le pouvoir, par Éric Tétrault, 24 septembre 2012
répond en quelques mots à quelques inquiétudes ou objections:
-  «Les ressources appartiennent à tous les Québécois»
-  «Les compagnies minières « volent » le bon peuple»
-  «Les minières peuvent bien quitter le Québec ce sera bon débarras.»


Exactement le genre de choses à craindre selon l'article qui était publié en 2012: une approche de surimposition et sur-taxation qui aura pour effet pervers de punir l'effort et le travail et de décourager l'entrepreneuriat. Les surplus ne seront plus là pour soutenir les entreprises dans les cycles moins prospères inévitables et elles crieront à l'État qui n'aura pas d'argent pour les soutenir. Résultat: des mises à pieds plus importantes durant les moins bonnes années. Ce sera le prix à payer par les classes moyennes pour "faire payer les riches", selon L'oppression fiscale des entrepreneurspar Michel Girard de La Presse.
https://www.lapresse.ca/debats/201210/02/01-4579399-loppression-fiscale-des-entrepreneurs.php)

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1.  Éric TÉTRAULT. Les idées et le pouvoir. 24 septembre 2012
http://bloguetransformerlavenir.com/les-idees-et-le-pouvoir (lien consulté le 26 septembre 2012)