mercredi 29 février 2012

La crise afghane du Coran révèle notre passivité complice

Nangarhar Airport Afghanistan 
La crise afghane du Coran révèle deux poids, deux mesures de nos gouvernements et médias en matière de traitement des affaires religieuses et spirituelles. L'attitude des politiciens et des médias occidentaux, notamment canadiens et québécois est actuellement très ambivalente et même irresponsable, face aux problèmes de non-respect envers les religions. Premièrement, s'il était stupide de faire brûler des exemplaire du livre, considérons que la chose est faite. En fait l'attitude silencieuse et extasiée qui a suivi les meurtres et émeutes en riposte, envoie deux messages : 1) tolérance et respect envers les violents; 2) Mépris envers les pacifiques. Cette attitude est extrêmement dangereuse et irresponsable envers nos démocraties. 

J'ai un contact en Europe francophone qui a publié un livre regroupant plusieurs témoignages chrétiens contemporains. Dans l'un des témoignages, un musulman raconte sa conversion à Christ et ce qu'il a trouvé de différent dans cette expérience. L'éditeur(trice) de la collection de témoignages a écrit l'an dernier pour dire qu'il/elle recevait des menaces de mort de la part de musulmans. En Europe!

Dans le cas qui nous intéresse cette semaine, selon les informations diffusées le 28 février, fuseaux horaires occidentaux, le manque de jugement associé aux exemplaires du Coran brûlés (livre sacré de l'islam) avait attiré des représailles extrêmement violentes et disproportionnées:
«Trente personnes, dont deux soldats de l'OTAN, sont mortes et au moins 200 autres ont été blessées dans les manifestations de ces six derniers jours dans des émeutes, attaques ou attentats anti-américains» (Babrak Miakhail, AFP, Corans brûlés: un attentat fait 9 morts en Afghanistan, repris par LaPresse.ca, le lundi 27 février 2012).
Nos journaux nous rapportaient que lundi, les talibans ont tué neuf Afghans dans un attentat-suicide. C'était la première journée sans émeute depuis le fâcheux évènement de l'incinération des Corans. Or voici, tout le monde a compris qu'il ne faut pas toucher au Coran; même, ne plus en avoir dans nos librairies et bibliothèques occidentales, car on ne sait pas lequel type, va vouloir vous zigouiller et pas au sens figuré, si vous y touchez avec vos doigts d' "infidèles".

Mais voici où l'attitude occidentale est totalement irresponsable et inéquitable

Le Gouvernement, celui du Québec inclus, doit être équitable et les médias qui se prétendent détenteurs du monopole de la vertu aussi.

Lorsque des milliers de citoyens du Québec manifestent contre le programme Éthique et culture religieuse (ECR) en disant PACIFIQUEMENT que le traitement nivelé vers le bas attribué à Jésus-Christ, à Dieu et à la Bible est très offensant (ex. les parallèles suggérés par l'approche phénoménologique avec les héros de bandes dessinées et de légendes; ex. Jésus réduit à un réformateur) et constitue une profonde insulte ou même un outrage envers la foi chrétienne, ils ne sont pas pris au sérieux et récoltent le mépris de l'État québécois. On refuse l'exemption du cours (programme) aux enfants des foyers chrétiens, jusqu'en Cour Suprême du Canada si nécessaire. On se réjouit du jugement récent, un réel mépris envers ceux qui ont perdu leur cause, en s'identifiant avec une famille qui a contesté le programme d'ECR. Le calme n'est pas pris au sérieux. Nos médias ne se gênent pas pour attaquer le christianisme, chaque fois qu'ils en ont l'occasion.

De l'autre côté, quand des gens d'une religion dite "de paix" recourent à une grande violence et tuent officiers et civils en réponse à un manque de jugement de deux américains, nos gouvernements et médias les croient sans discuter; savoir qu'ils ont été offensés. Le livre sacré doit être traité selon un rituel précis, expliquait calmement un de nos journaliste il y a quelques jours. Il suggérait que cela expliquait (logiquement) la mort de personnes, sans procès, les émeutes à répétition et le bris de matériel public.

Une attitude silencieuse qui envoie un bien mauvais message

Un livre vaut-il une vie? Évidemment non. Ce silence contre les violents se fait complice et proclame un bien mauvais message (contradictoire) envoyé aux sociétés démocratiques. Si vous êtes pacifiques lorsque vous exprimez qu'un traitement indigne est accordé aux personnages et écrits centraux de votre foi, votre parole ne vaut rien. Le Gouvernement se donne raison de vous mépriser. Si votre religion est connue pour prompte à une grande violence et aux émeutes dans  votre "pratique" religieuse en divers endroits dans le monde (ex. les caricatures du prophète), on vous laissera en paix et on changera les lois pour vous.

L'exaltation des déséquilibrés et le mépris des gens pacifiques

Notre attitude dénote un manque flagrant de jugement et crée le contexte idéal et prétexte pour que des gens déséquilibrés isolés, ou de véritables extrémistes structurés et organisés passent à l'acte et s'en prennent à nos populations et à nos sécurités nationales.