samedi 11 juin 2011

e-Robin des bois et vol d'informations privées et confidentielles

11 JUIN 2011. Nous apprenions cette semaine qu'une «liste partielle des donateurs» du Parti Conservateur du Canada (PCC), incluant des portions de numéros de cartes de crédit, des adresses postales et de courriels (e-mails), a été volée par des pirates informatiques (1). Cela arrive aussi auprès d'institutions financières comme les banques. Quand de prétendus Robins des Bois violent les libertés individuelles comme le droit à la confidentialité des informations personnelles, il est temps de passer à l'action. Ce nouvel usage de l'information privée dans des bases de données publiques ou para-publiques a de quoi inquiéter, mais surtout impose des ajustements. Ils ne peuvent jouer dans le domaine du vol d'information et demeurer au-dessus des lois.  Voler un dossier informatique a le même poids que voler un dossier physique (chemise dans un classeur).

À très courte vue, le vol d'information peut sembler servir le peuple. Cela fait "cool" et révolutionnaire pour une génération montante sur-protégée et à la recherche de rites initiatiques (rites de passage) où chacun veut se sentir reconnu par ses pairs. Dans les faits le résultat à long terme de ce genre de vols et de coulage d'informations sera logiquement l'inverse de celui escompté: désengagement politique à la faveur de nouveaux intérêts obscurs ne rendant aucun compte de leurs activités et budgets, méfiance envers les démocraties ou envers les partis bien structurés, communication de fausses informations, traffic d'informations confidentielles au départ détournées pour des raisons "démocratiques", etc.


Ces voleurs doivent être traités pour ce qu'ils sont : des criminels

Les conséquences de ces vols d'information sont en fait sérieuses et bien plus larges que la simple allégence politique. Ces informations peuvent servir à émettre des documents en usurpant votre identité (passeport, clone de carte de crédit,   clone de carte d'assurance-santé, ...). Elles peuvent littéralement se retrouver en vente sur le marché noir. Voler des listes nominales (noms, adresses et téléphone de personnes) associées à d'autres données (allégences politiques, revenus, santé, informations familiales, etc.) est aussi grave que si, par exemple, ils volaient les informations des agences du revenu canadienne et québécoises (le fisc) ou de la SAAQ au Québec (dossiers des immatriculations des véhicules et permis de conduire). Des employés de la fonction publique ou de sociétés d'État ont perdu leur emploi pour avoir consulté ou extrait des informations de ces bases de données sur les personnes, à des fins personnelles ou autres que dans leurs fonctions. Même votre fournisseur de services téléphoniques vous demande si vous voulez que votre prénom soit diffusé dans les listes téléphoniques ou seulement une initiale.

Souvenons-nous du scandale d'espionnage et vol de listes qui a amené la chute de Nixon aux États-Unis (Watergate). L'accès à l'information par espionnage, l'écoute électronique, l'intrusion illégale dans des locaux d'un autre parti et le vol de listes de membres ont amené la chute d'un président, et pas celui d'une petite république! Avis aux prétendus e-Robin des bases de données qui violent les renseignements personnels.