dimanche 28 juillet 2013

L'Égypte entre loups et hyènes politiques : y aura-t-il une solution en 2013 ?

28 JUILLET 2013. Les choses ne vont pas bien en Égypte. Nouveau président destitué par la cour constitutionnelle et l'armée. Crise économique. Risque d'éclatement et même de guerre civile. Imaginez. La base de l'économie était fondée sur le tourisme, mais qui penserait visiter l'Égypte dans le contexte actuel? L'islam politique a rendu la chose pire qu'avant. On a fui l'enclos des loups ou des lycaons (régime Moubarak), mais on s'est retrouvé dans l'enclos des hyènes (projet en marche de Morsi selon les événements et la constitution de 2012). Impossible de dormir tranquille. Mais que s'est-il passé? YapasdPRESSE.blogspot vous propose une métaphore. (Dernière mise à jour: 27 août 2013).

Une métaphore pour expliquer ce qui se passe en Égypte

Je vous propose une illustration. Imaginez qu'un grand syndicat de travailleurs de la construction s'élise un chef avec un mandat précis. Le mandat de ce dernier consiste à renouveler la charte de la corporation, et l'adapter à une nouvelle réalité du marché. Il doit dans son mandat, ne pas oublier d'unir tous les emplois spécialisés représentés et être équitable et juste pour tous; en faire le syndicat de tous les employés. Il doit aussi restructurer du point de vue financier. Mais le leader, élu sur cette base, agit rapidement pour favoriser ses amis qui proviennent du même secteur d'activité que lui, s'appuyant sur une majorité assurée. Il amende une première fois la charte existante pour consolider son poste en se soustrayant à la surveillance du comité qui l'a embauché. Puis, voilà qu'après quelques temps, il omet volontairement le grand objectif voulant que la nouvelle charte devait unifier tous les métiers spécialisés représentés. Il s'empresse de poser les jalons qui accordent la primauté à son clan, pour les prochaines décennies, malgré les contestations. Les administrateurs qui ne sont pas de son secteur professionnel, minoritaires, contestent en démissionnant publiquement. Rien n'y fait. Les travailleurs eux-mêmes, les cotisants (incluant des travailleurs de la même profession du nouveau leader), réclament le retour aux urnes. La raison triple:
- en établissant ses amis comme privilégiés de la charte, le mandataire élu n'a pas rempli les obligations relatives à la raison de sa nomination en poste, qui le légitimaient dans sa fonction; une charte équitable pour tous;
-  et en ne redonnant pas une santé financière au groupe,
-  mais plutôt en détériorant le fonctionnement et la confiance de plusieurs travailleurs,
Il a outrepassé trois volets prioritaires de son mandat.

En modifiant la charte pour consolider son poste, il a tenté de se soustraire à son mandat initial. Lui continue pourtant de prétendre que le syndicat demeure le syndicat de toutes les travailleurs spécialisés représentés et qu'il faut simplement se parler. Mais il devait tenir compte de tous, ce qu'il a volontairement omis quand toutes les parties étaient à la table et même quand elles ont dénoncé l'injustice.

Que dirions-nous, si nous devions juger son rendement? 

Nous dirions que ce leader est soit de mauvaise foi, soit carrément incompétent ou manipulé ou sinon sous la menace des gens de sa spécialité envers qui il une dette morale. Cet important syndicat ne pouvant plus opérer normalement, et pour le bien de tous, on en arriverait, par les mesures d'exception prévues, à démettre le leader de ses fonctions en vue de retourner en élection, pour qu'au moins, soit sa légitimité soit confirmée en assemblée, soit il soit remplacé par un qui livrera ce qui avait été demandé. C'est ce qui se passe en Égypte, depuis le renversement du gouvernement Moubarak. 

De la métaphore syndicale au régime politique de l'Égypte

Pour expliquer l'image :

  • le syndicat, c'est le régime. 
  • Le leader élu pour un mandat précis, c'est le président Morsi.
  • La charte, c'est la charte égyptienne qui devait être changée pour être plus juste et équitable que la précédente. 
  • Les travailleurs des multiples spécialités représentées au syndicat, ce sont les Égyptiens de toutes allégeances (partis politiques, groupes de croyances religieuses, groupes politico-religieux, laïcs, hommes, femmes, ...). 
  • La structure financière, c'est l'économie qui devait être remise sur les rails. 
  • Le nouveau chef syndical, c'est le nouveau leader qui a accepté la charge présidentielle, conditionnelle à une juste réforme, mais il a choisi de représenter les sunnites, son groupe religieux et majoritaire et les Frères musulmans avec leur projet d'états unis islamistes, sachant que les votes des élus iraient pour un état islamiste, et malgré que le mandat reçu était inverse. Il a sciemment établi son groupe religieux à la tête du pays, via la constitution de décembre 2012, donnant primauté à la charia, en précisant que c'est la charia sunnite avec sa jurisprudence des derniers siècles.  
  • Tout ceci, malgré les sorties publiques de l'opposition et le fait qu'il devait proposer une charte pour tous les Égyptiens. 
  • Il a changé les clauses de son mandat (ne plus être redevable à la surveillance) en profitant du vote majoritaire des élus sunnites. Les élus non sunnites ou sunnites modérés ont été bafoués dans la rédaction de la charte et après les événements de novembre 2012. 
  • En dernier recours: il a fallu que la cour constitutionnelle prenne les mesures extraordinaires prévues en ce genre de situation, pour déclarer la non-légitimité de la nouvelle dictature naissante (autoritarisme pseudo-démocratique), avant que le régime s'installe pour un siècle. C'est précisément cette délibération des juges, que les partisans de Morsi ont  voulu bloquer le 2 décembre 2012, en empêchant carrément les juges de la Cour suprême constitutionnelle de siéger en vue d'examiner et de statuer sur la constitutionnalité de l'assemblée qui aurait détourné le mandat démocratique reçu:

«Dec. 2 — Islamists protest outside the Supreme Constitutional Court, blocking judges from entering to rule on the legality of the constituent assembly» (AP, July 01, 2013), (1)
Faut-il rappeler que c'était avant l'adoption de la charte qui a donc été imposée, via un pseudo-référendum servant de paravent aux manoeuvres politiques qui avaient cours depuis plusieurs mois.

Deux principales lectures qui s'opposent

Et maintenant, chez les contre-manifestants en colère et récemment à mi-mots (juillet 2013), du côté du gouvernement d'Obama, on a parlé de "légitimité" démocratique en faveur du président Morsi. MAIS, il faut plutôt s'apitoyer sur le fait que le président Mohamed Morsi a détourné le mandat pour lequel il a été initialement élu, comme dans la métaphore qui précède. Le livrable attendu ici était une constitution renouvelée, plus juste et plus équitable que la précédente sous Moubarak, pour TOUS les Égyptiens. Sinon, si le mandat est purement électoral (interprétation du gouvernement Obama?), donc un mandat distinct de l'obligation d'une meilleure constitution, alors cette "légitimité" comme ils l'appellent, n'irait-elle pas logiquement avec le déchu du gouvernement précédent, Hosni Moubarak, qui tout comme Morsi, s'appropriait à de mauvaises fins, la constitution d'un pays.

Hyène tachetée. Crédits image : Les Champions de la nature.
Selon l'interprétation d'une "légitimité" sans obligation de livrer une saine et juste constitution, l'un ne vaut pas mieux que l'autre et l'enclos des loups étaient peut-être préférable à l'enclos des hyènes (2). Selon cette éventualité sans égard au livrable de la constitution, le régime Moubarak serait tout autant légitimé que le régime de Morsi, puisqu'il lui est antérieur. Dictateur pour dictateur...

Y a-t-il une solution pour l'Égypte en 2013?

Voilà pourquoi le leader Morsi a été destitué par la plus haute cour et l'armée en faveur du peuple (3), du moins temporairement. Temporairement, car il reste une solution. Le retour en élection le plus rapidement possible et avec une réelle transparence et dans un ordre exemplaire. Mais il faudrait à mon avis, parler alors d'une élection sur la base d'un projet de rafraîchissement constitutionnel; une charte rajeunie et épurée sur laquelle le peuple se prononcerait. Ce serait un projet de charte déposé et expliqué par chacun des partis, ainsi qu'un plan de redressement économique. Il ne faut plus de vote en blanc (face à un document vide qui peut contenir n'importe quoi) dans lequel le peuple donnerait encore une fois et sans preuves tangibles, un appui trop naïf à un leurre comme le dernier projet de société pour «tous les Égyptiens». Tous les Égyptiens se prononceraient sur des projets concrets devant eux.

LIRE Aussi

La nouvelle face de l'Égypte

30 JUIN 2013

Key events in Egypt's revolution and transition
30 juin 2013
  • Un rappel des événements qui ont mené à l'actuel désaveu majeur du président Mohammed Morsi.
  • Portez une attention spéciale au 30 juin 2012 (comparez au 22 novembre de la même année) et en général aux mois de novembre et décembre 2012.
  • L'article ne parle pas cependant, du contenu de la constitution qui demeure le problème majeur, en tant qu'assise de toutes les lois de la nouvelle politique
Une majorité de musulmans dans le monde favorable à l'application de la charia
30 avril 2013 (RTL avec AFP)


______________
1.  AP. Egyptians' massive anger unleashed. 2013-07-02 [au sujet de l'accès bloqué aux juges, le 2 décembre 2012]
(traduction libre : «2 décembre - Des islamistes protestent à l'extérieur de la Cour suprême constitutionnelle, empêchant les juges d'y accéder pour se prononcer sur la légalité de l'assemblée constituante»)

2. Contrairement à la croyance répandue d'animal charognard, les hyènes tuent elles-mêmes 90% de ce qu'elles mangent. En groupe, elles peuvent arrêter dans sa course une antilope de 200 kg et la tuer pour ensuite la dévorer, selon Les Champions de la nature. Les hyènes constituent une société matriarcale.

3.  L'armée s'est ajustée à la volonté populaire, même lors du renversement de Moubarak. Ce n'est donc pas une armée vendue à ce dernier.

jeudi 18 juillet 2013

Jobs, le Film sur l'âme d'Apple : sortie août 2013

Un film avec une histoire qui a tout pour captiver les inconditionnels d' Apple, entre autre une portion de la vie de Steve JOBS, mais aussi pour les autres, pour son côté biographique, l'entrepreneuriat et la vision, l'aspect humain, etc. Jobs est souvent décrit par un des entrepreneurs les plus créatifs des 20e et 21e siècle.

Jobs, Bande annonce en anglais sous-titrée en français (VOST).

vendredi 5 juillet 2013

La Firme : version ingénierie, Québec 2013

L'ÉDUCATION ET L'INSTRUCTION SUPÉRIEURES NE SUFFISENT PAS À ÉTABLIR L'INTÉGRITÉ DES PERSONNES. 

Je repense à La Firme, ce film de fiction primé de 1993, réalisé par Sydney Pollack, mettant en vedette Tom Cruise,  Jeanne Tripplehorn et Gene Hackman. Une firme d'avocats véreux de Boston pratiquait la surfacturation. Mais tous étaient de «bonnes personnes» avec des valeurs et un serment professionnel. C'était «comme cela que ça se passait» dans la grande famille des associés. Évidemment, les associés n'étaient pas tous au courant de la fraude. Mais ils avaient le choix d'ouvrir les yeux ou de les fermer et de profiter du système, ce que la plupart finissaient par faire.

Dans notre réalité de ce côté-ci de la frontière, les premiers indices d'une tendance préoccupante en ingénierie sont apparus quand les coûts des travaux, comparés avec d'autres projets au Canada ou aux frontières Québec | USA, ont commencé à être médiatisés. Même monnaie commune avec le reste du Canada, même culture élargie avec les USA, conditions climatiques équivalentes entre certaines régions (normes de construction routière, semblables, voire qualité supérieure dans l'état du Maine), mais avec des coûts plus élevés au Québec, selon une tendance forte. Et voilà que tout récemment, deux déclarations médiatisées m'ont fortement agacé. C'est dans le contexte des premières conséquences perceptibles pour les firmes impliquées dans la fraude, des enquêtes de l'Opération marteau, de la nouvelle législation et de la Commission Charbonneau.


Impacts importants

Il convient de rappeler que les pratiques avérées frauduleuses atteignent tous les Québécois, par la surfacturation résultante des projets de construction publique. Chaque dollar détourné est un dollar qui n'est pas investi ailleurs, dans des secteurs qui en auraient bien besoin, ou sinon, un dollar qui est emprunté et placé dans la colonne de la dette, avec intérêts. Dans certains cas même, cela atteint jusqu'à la sécurité du public (ex. des viaducs hors-normes qui se sont écroulés). Pire encore, lorsqu'il y a une telle corruption (établie en système depuis des années !) dans un secteur d'activité contractuel, il est presque certain qu'il y en a ailleurs. Mais tout récemment, deux déclarations médiatisées m'ont fortement agacé

Le serment professionnel, tiré du film La Firme,
avec Tom Cruise, 1993.
La première déclaration, provenait d'un représentant de l'Ordre des ingénieurs du Québec qui s'exprime régulièrement sur les ondes d'une radio privée de Québec depuis quelque temps. Ce dernier disait que la fraude mettant en relation des ingénieurs avec le marché public de la construction, n'est pas un problème spécifique aux ingénieurs, mais un problème plus large; touchant l'ensemble la société québécoise. Pourrait-il au moins avouer que ni l'instruction, ni l'éducation, ni les codes d'éthique professionnels, contrairement à la croyance répandue, ne suffisent à établir l'intégrité d'une personne. Tous ces professionnels, dont des hauts-dirigeants des villes, des firmes de génie-conseil et des entrepreneurs, savent ce qu'est l'éthique; le problème n'est pas là. On a déjà vu neiger.

La deuxième déclaration médiatisée, émanait de travailleurs «100% honnêtes» du milieu réclamant une intervention du gouvernement pour maintenir l'accès aux contrats publics, pour des firmes reconnues coupables de cette fraude; fraude établie en système, tout de même. L'argument : derrière ces firmes, ce sont des centaines d'emplois, disait-on. Il n'y aurait que quelques corrompus dans le lot. Étrange alors que les coûts soient de façon générale plus élevés au Québec si on compare avec des régions équivalentes. Un ou deux corrompus par firme ne peuvent pas ériger un système. Je ne suis pas ingénieur, mais il me semble...

Et les témoins de la Commission Charbonneau se comptent par dizaines, pour confesser que «c'est comme cela que ça fonctionnait»; incluant les prête-noms, donc la complicité de plusieurs employés «honnêtes» de «La firme», pour soutenir certains partis municipaux. Ces employés «honnêtes» étaient compensés, par exemple, par des remboursements de frais de déplacements et autres du genre, cela donnant aussi accès à des crédits d'impôts.

Le piège : interventionnisme de l'État québécois

Des firmes ont eu des avantages. Pourrait-on au moins s'attendre à une récupération des sommes indues facturées aux contribuables québécois via les impôts et taxes diverses, ou même les intérêts sur les emprunts pour les infrastructures? D'autre part, là où l'État intervient ou tolère les ententes, la situation crée souvent de nouveaux problèmes. En agissant trop rapidement, le Québec peut empêcher des firmes ou entrepreneurs fautifs de se réformer.

Autre consolation pour les coupables : une twist a été trouvée et annoncée. Les restrictions de la loi envers les firmes enquêtées si elles sont reconnues coupables de collusion ne s'appliqueront pas aux filiales de celles-ci. Autrement dit : pas de problème, car une dénomination ou un groupe conseil des «ligues majeures», constituent une association de filiales ou bureaux associés et spécialisés. En réalité, SNC-Lavalin, DESSAU ou ROCHE, ce sont des regroupements de firmes (ex. génie civil, génie environnemental, génie maritime, génie électrique, urbanisme, etc.). Ce sont des entreprises dans l'entreprise. Sinon, une filiale, ça peut se créer rapidement, si on prend de bons avocats d'affaires.

La tolérance des ententes de collusion dans les petits marchés (laisser les entreprises bloquer la libre compétition) entraîne une hausse des coûts

Cela a été constaté aux Pays-Bas (le Québec semble souvent un pays bas ;-) selon les études économiques de l'OCDE , avec une tolérance de la coopération du marché, notamment dans les petits marchés pour les «produits périssables standardisés» comme l'asphalte et le béton.

«Aux Pays-Bas, les règles interdisant la négociation des offres simplifiaient grandement la collusion et il semble que les responsables des marchés publics aient toléré et soutenu les dispositifs mis en place par les industriels et qu’ils aient aussi découragé l’entrée d’entreprises extérieures, y compris celles d’autres régions des Pays-Bas. La concurrence étrangère était exclue grâce à une coopération active, prenant parfois la forme d’une répartition réciproque du marché et de menaces de boycott. Les entreprises se regroupaient parfois, non pas parce qu’elles étaient trop petites pour pouvoir prendre en charge un projet, mais pour apurer entre elles les comptes se rapportant à leur entente. La tradition ancienne de coopération dans le secteur de la construction a persisté malgré la nouvelle loi sur la concurrence, même après que la NMa eut refusé des demandes d’exemption et rendu public un programme anti-ententes dans ce secteur.» (1)

Ceci a eu cours même après la nouvelle loi sur la concurrence. Dans ce secteur d'activités étudié et documenté pour les Pays-Bas, «on estime que les ententes dans la construction majorent les prix de 8 à 9 pourcent environ» (2). Autrement dit, les ententes locales visant à protéger des territoires, au lieu de garantir des prix moins élevés, ont eu l'effet inverse pou les matériaux périssables comme le béton et l'asphalte. Ceci est sans compter la surfacturation associée dans notre contexte québécois, aux dons à certains partis politiques des villes (mises au jour par la Commission Charbonneau). 


La menace de pertes d'emplois

J'ai les yeux secs. Je n'ai pas pleuré en entendant des employés sortir dans les médias. Je ne suis pas d'accord avec l'alerte alarmiste récente, concernant la supposée disparition des emplois en génie au Québec. On disait en gros que pour quelques rares fraudeurs (à les entendre on penserait un ou deux), des centaines d'employés risquaient leur emploi. La menace est partiellement plausible, mais par contre, elle ne tient pas la route quant à la durée. 

Cela arrivera temporairement, peut-être, mais c'est une épuration normale dans le contexte d'un changement majeur de «procédés». Une fois reconnue la corruption établie en système pour ne pas dire institutionnalisée et que l'instruction supérieure ne suffit pas à établir une base morale solide, il reste que le Québec municipal et le Ministère des Transports du Québec auront encore besoin d'ingénieurs de firmes privées, en raison des nombreux contrats publics. Donc les éventuels emplois perdus seront inévitablement récupérés et recréés. C'est un peu comme cette ancienne maxime: «Le roi est mort. Vive le roi!». Si une éventuelle firme virale se trouve mise en quarantaine, par l'État, le temps qu'elle fasse son petit ménage, une autre doit obligatoirement faire le travail avec du personnel qualifié.

On envisageait dans la sortie médiatisée, qu'il faudrait en tel cas, faire affaire avec des firmes étrangères. Mais j'y pense, cela se fait partout dans le monde. Cette aspect exportable de la compétence fait régulièrement la fierté du Québec. Donc, ce ne serait pas la fin du monde si un peu plus de firmes étrangères obtenaient des contrats au Québec.

D'autre part, des firmes par exemple américaines, qui exerceraient au Québec auraient un urgent besoin d'ingénieurs et de technologues du Québec, capables de parler et d'écrire en français et d'être immédiatement productifs avec les normes du Québec et du Canada, les matériaux et techniques en usage ici, etc.

Les entreprises ont des cycles de vie aussi

Autrement dit, des employés spécialisés et compétents avec expérience pourraient vivre une période d'instabilité temporaire. Mais dans les libres marchés, ce genre de cycles de vie des entreprises fait partie d'une épuration normale. Lorsque la demande est là (ici pour le retour à pratiques intègres au juste prix) mais qu'une entreprise s'est montrée inapte à répondre à un besoin malgré les alertes médiatisées répétées et les appels répétés pour une commission d'enquête en construction, elle peut encore se transformer en fonction d'une nouvelle réalité; ici la nécessitée incontournable de mettre fin à la corruption. Elle doit s'auto-épurer quelque temps. Mais si une entreprise qui se veut de pointe a persisté ces dernières années, jusqu'en 2013, à diriger à la manière des 40 dernières années, elle mérite de s'éteindre, ou de subir une «chirurgie majeure» ou d'être remplacée par une autre. Autrement dit, «La firme» doit prouver qu'elle a pris les actions nécessaires, limogé les responsables, et «ain-scie» de suite.

La tentation interventionniste encouragerait le retour au statut-quo

L'État québécois doit résister à la tentation de la larme au coin de l'œil et des sauvetages artificiels. Il ne faut pas oublier que les centaines d'employés non identifiés qui participaient volontairement au système de prête-nom compensé par des frais déductibles d'impôt (impact collatéral de ce genre de fraude) ne sont pas tous plus blancs que neige. La perte d'un emploi pour deux ou trois mois ne sera pas la fin du monde, si cela arrive. Pensez-y. Quand vous "prêtez" votre nom à une fraude, vous "confiez" votre réputation. Si l'on répond: «c'était comme cela, nous n'avions pas le choix», alors vous reconnaissez avoir été consciemment complices d'une corruption institutionnalisée. Ils peuvent se trouver chanceux de ne pas hériter d'un dossier criminel pour fraude, et de possiblement s'en tirer avec uniquement quelques mois d'incertitude, ou pour certains une mise à pied temporaire, le temps que la «nature» du milieu du génie québécois, se refasse un nouvel équilibre.

Dormez tranquilles

Car tant que le besoin est là, il y aura des projets, donc aussi un besoin pour des ingénieurs et des technologues. Et ceux-ci devront connaître le français et les normes et matériaux d'ici. Le risque le plus grand à mon sens, serait probablement pour les travailleurs plus près de la retraite, en raison de l'âge et du niveau atteint (senior avec salaire et conditions les plus avantageuses). C'est là qu'il faudrait probablement être plus attentif et peut-être mettre des conditions préventives, le temps d'un retour à l'équilibre. Car une firme qui embauche, sera logiquement tentée par le personnel qui coûte moins cher, mais avec expérience, donc logiquement des technologues et professionnels de niveau intermédiaires. Mais ça, on ne peut pas le savoir, tant qu'on ne vit pas les conséquences réelles sur le terrain, suivant les enquêtes et restrictions légales.

_______________
1.  Tweede Kamer der Staten-Generaal (2002), cité dans Études économiques de L'OCDE : Pays-Bas 2004. Vol. 2004/9 juillet 2004, Encadré 5.2. Les ententes dans la construction, p. 154
Autre version numérique :
http://www.cairn.info/revue-etudes-economiques-de-l-ocde-2004-9-page-139.htm

2.  Même référence.

mardi 2 juillet 2013

Fluoration de l'eau potable au Québec: non à la médicalisation de l'eau des réseaux publics

2 juillet 2013. UNE SERINGUE DANS VOTRE EAU POTABLE; UNE AUTRE RÉFORME DANS LES DENTS !

Périodiquement au Québec, il y a tantôt une ville, tantôt la Direction de la Santé publique (1), tantôt un lobby obscur qui récidivent. Ils veulent nous envoyer dans les dents, leur projet de fluoration de l'eau potable; l'eau de nos réseaux publics. Voici la raison principale pour laquelle il faut REFUSER. Il faut refuser qu'on nous impose par la force une médication, d'autant que plusieurs n'en ont pas besoin. Parce c'est bien de cela qu'il s'agit. La fluoration de l'eau potable publique constitue un usage médicinal de l'eau (traitement préventif contre les caries). L'eau d'un réseau public, destinée à l'alimentation des foyers, ne doit pas servir à autre chose qu'à alimenter les habitations, logements et lieux publics en... eau potable de bonne qualité pour la consommation humaine. Point. 

Accepteriez-vous qu'il soit possible d'intégrer 
à votre eau potable publique, d'autres produits
à usages médicinaux, pharmacologiques, ou
semblables? C'est comme une seringue dans
l'eau publique.
Si nous concédons la généralisation de cette pratique, nous acceptons qu'il soit possible d'intégrer à notre eau, d'autres éléments à usages médicinaux, pharmacologiques, ou semblables. On pourrait avec la même logique, y ajouter du calcium pour la santé des os, puisque le calcium peut se trouver à l'état naturel dans l'eau. De là, on voit le genre d'arguments infinis à venir, si l'on abdique sur la question du fluor. À la différence de la chloration de l'eau ou traitements équivalents ou complémentaires qui visent la purification de l'eau en vue de la consommation humaine, en éliminant des bactéries, l'addition de fluor se fait aux fins d'un usage médical pour la prévention au niveau des caries dentaires. L'usage convoité ne vise pas le traitement de l'eau des réseaux publics de distribution, mais le traitement de l'humain. Il s'agit donc d'un traitement médical par voie orale, imposé par la force. Si le problème est la mauvaise hygiène dentaire ou une déficience (ex. en calcium ou fluor), c'est là que l'État doit intervenir; pas en changeant l'usage de l'eau potable.
  • Si la population cède aux arguments statistiques (ex. baisse plausible ou probable du taux de caries), la même logique pourrait être employée pour d'autres traitements et l'eau ne sera plus de l'eau. 
  • À l'argument à l'effet que le fluor se retrouve de façon naturelle dans certaines eaux, nous pouvons répondre, le souffre aussi, et plusieurs éléments simples ou composés, dont certains plus toxiques que d'autres, selon la concentration: potassium (K), magnésium (Mg), calcium (Ca), plomb (Pb), cuivre (Cu), Fluor (F), sodium (Na), zinc (Zn), arsenic (As), les sulfates (SO4; comme le sulfate de sodium, le sulfate de magnésium et le sulfate de calcium), le bicarbonate (HCO3) ...
  • Ce n'est toujours pas une raison pour se servir de l'eau potable publique comme vecteur de distribution de molécules à usages préventifs ou thérapeutiques. 
  • Et il y a aussi l'effet de la concentration. Nous ne consommons pas l'eau uniquement en la buvant directement, mais dans ce que nous cuisinons, ou pour arroser le potager, et ainsi de suite. Et nous consommons déjà le fluor provenant d'autres produits, comme les dentifrices, certaines gommes à mâcher, etc. Tout cela se combinera.
  • Un apport additionnel en fluor devrait cibler les personnes en carence, et non la totalité d'une population.
Finalement, cette idée de détournement de l'usage de l'eau potable publique est très étrange et devrait soulever de sérieuses questions.
_______________
1.  Jessica NADEAU.  Offensive pour la fluoration de l’eau. Québec veut que la moitié de la population boive de l’eau fluorée d’ici cinq ans. Le Devoir (ledevoir.com) 2 juillet 2013, Québec. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/382003/offensive-pour-la-fluoration-de-l-eau  | Page consultée le 2 juillet 2013.

Geneviève PROULX. Du fluor dans l’eau potable pour la moitié des Québécois d'ici cinq ans. Radio-Canada, Mise à jour le mardi 2 juillet 2013 à 15 h 17 HAE | http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2013/07/02/005-fluroration-eau-potable-reactions-estrie.shtml | Page consultée le 2 juillet 2013.

lundi 1 juillet 2013

Manifestations du 30 juin en Égypte : des millions de manifestants selon l'armée

Des centaines de milliers, puis possiblement des millions de personnes en différents lieux en Égypte, sont descendus dans les rues pour manifester le 30 juin, en signe de désaveu contre le nouveau président Mohamed Morsi et son régime islamiste. On se souviendra que le 29 juin, une pétition de 22 millions de signatures selon Tamarod son instigateur, a été  contre le nouveau régime islamiste en place, fondé sur l'idéologie des Frères musulmans et des sunnites. Ce nombre représenterait davantage d'électeurs que ceux qui ont porté le président au pouvoir (13,23 millions). Cette même journée du rassemblement préparatoire tenu le 29 juin, des membres laïcs du Conseil ont démissionné. 

On ne connaît pas le nombre définitifs de victimes, mais il semble que le bain de sang général ait été évité. De grands rassemblements ont entre autres eu lieu devant le Palais présidentiel ainsi qu'à la place Tahrir (Tahrir Square), au Caire. Selon ce que l'on comprend des images, la foule est allée croissante, à mesure que les heures avançaient. Le Parisien, avance le chiffre de 17 millions de manifestants, un peu partout en Égypte. 

Pour reprendre une citation du journal Libération
«Les jours qu'on annonce exceptionnels suscitent toujours beaucoup d'attentes et potentiellement de déceptions. Ça n'a pas été le cas, dimanche 30 juin, pour les opposants à Mohammed Morsi qui ont réussi une incroyable démonstration de force. Leur grande manifestation prévue de longue date et organisée dans toute l'Égypte, un an jour pour jour après l'investiture du président, a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes, des millions selon l'armée. Cette source interne parle du "plus grand rassemblement de l'histoire du pays", donnée invérifiable (1)».
L'article rapporte des faits troublants, notamment, «place Tahrir a été le théâtre de nombreuses agressions sexuelles» (2), (serait-ce par des contre-manifestants?).

Évidemment, l'opposition n'est pas que «colombe», car elle comprend aussi des supporteurs de la précédente dictature.

Nul ne sait ce qui arrivera dans les prochains jours, en réponse aux couvre-feux annoncés par le président avec un air de glace.

Articles suggérés

Égypte : un dimanche de colère contre Morsi. Le Figaro.fr
1er juillet 2013


Egypte : 17 millions de manifestants ont lancé une deuxième révolution. Le Parisien.
30 juin 2013

EGYPTE. La démonstration de force des opposants à Morsi.  Le Nouvel Observateur. 

Egypte : des millions de manifestants anti-Morsi, plusieurs victimes. LesEchos.fr
30 juin 2013
- avec vidéo de francetvInfo

Egypt erupts with protests demanding Morsi ouster. mail.com
1er juillet 2013
L'article sur mail.com est accompagné de plus de 40 photos

Key events in Egypt's revolution and transition. mail.com
30 juin 2013
-  L'article sur mail.com est un rappel des événements qui ont mené à l'actuel désaveu majeur du président Mohammed Morsi.
-  L'article ne parle pas suffisamment cependant, du contenu de la constitution qui demeure le problème majeur, en tant qu'assise de toutes les lois de la nouvelle politique.
-  Photo intéressante en face du palais présidentiel

Egypte: «Notre révolution n'a pas vraiment abouti». Libération
30 juin 2013
-  Le journal Libération raconte les débuts du rassemblement, donnant la parole à des manifestants


Quelques faits

La constitution égyptienne a établi en décembre 2012, un régime dans lequel les lois et la charia islamistes version sunnite, incluant la jurisprudence religieuse, constituent la base des lois du pays. De nombreux articles de la constitution de décembre 2012 indiquent la mise en place d'un régime totalitaire, dans lequel une dictature religieuse a remplacé une dictature laïque. Chaque article positif de la charte peut être contrebalancé ou rendu caduque (nul) par un autre article.

Pendant la conférence du 29 juin, Nadia Henry, membre du Conseil de la Choura [Shura Council] avait annoncé sa démission ainsi que celle des autres membres laïcs du Conseil.

Les représentants de la campagne «Tamarod» (rébellion) ont décrit les protestations prévues pour le 30 juin, comme une nouvelle vague de la révolution qui a commencé le 25 janvier 2011. Il avait déclaré le 29 juin:
«Aujourd'hui, des millions de citoyens se sont révoltés contre la tyrannie des Frères musulmans», et les Egyptiens sont "sur le chemin de la réalisation de leurs objectifs pour du pain, la liberté et la justice sociale.» (3)
Le président Morsi n'a, dit-on, pas su être le président de tous les Égyptiens, ni donner un relan à l'économie, tel que promis et sa démission un an après son investiture, est réclamée par 22 millions d'électeurs, sans compter ceux qui n'auront pas osé apposer leur nom sur les formulaires distribués. La crise demeure entière tandis que l'économie est en chute libre et les pénuries d'essence et de denrées, fréquentes. Qu'arrivera-t-il tant que le président est en poste? En fin de journée, le président est intervenu publiquement dans les médias pour annoncer qu'il entend rester au pouvoir faire respecter la constitution.



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1.  EGYPTE. La démonstration de force des opposants à Morsi.  Le Nouvel Observateur. 

2.  De la même source.

3.  Tamarod petition has 22 million signatures. 29 juin 2013.http://www.egyptindependent.com/news/tamarod-petition-has-22-million-signatures
Texte consulté le 30 juin 2013.