28 JUILLET 2013. Les choses ne vont pas bien en Égypte. Nouveau président destitué par la cour constitutionnelle et l'armée. Crise économique. Risque d'éclatement et même de guerre civile. Imaginez. La base de l'économie était fondée sur le tourisme, mais qui penserait visiter l'Égypte dans le contexte actuel? L'islam politique a rendu la chose pire qu'avant. On a fui l'enclos des loups ou des lycaons (régime Moubarak), mais on s'est retrouvé dans l'enclos des hyènes (projet en marche de Morsi selon les événements et la constitution de 2012). Impossible de dormir tranquille. Mais que s'est-il passé? YapasdPRESSE.blogspot vous propose une métaphore. (Dernière mise à jour: 27 août 2013).
Une métaphore pour expliquer ce qui se passe en Égypte
Je vous propose une illustration. Imaginez qu'un grand syndicat de travailleurs de la construction s'élise un chef avec un mandat précis. Le mandat de ce dernier consiste à renouveler la charte de la corporation, et l'adapter à une nouvelle réalité du marché. Il doit dans son mandat, ne pas oublier d'unir tous les emplois spécialisés représentés et être équitable et juste pour tous; en faire le syndicat de tous les employés. Il doit aussi restructurer du point de vue financier. Mais le leader, élu sur cette base, agit rapidement pour favoriser ses amis qui proviennent du même secteur d'activité que lui, s'appuyant sur une majorité assurée. Il amende une première fois la charte existante pour consolider son poste en se soustrayant à la surveillance du comité qui l'a embauché. Puis, voilà qu'après quelques temps, il omet volontairement le grand objectif voulant que la nouvelle charte devait unifier tous les métiers spécialisés représentés. Il s'empresse de poser les jalons qui accordent la primauté à son clan, pour les prochaines décennies, malgré les contestations. Les administrateurs qui ne sont pas de son secteur professionnel, minoritaires, contestent en démissionnant publiquement. Rien n'y fait. Les travailleurs eux-mêmes, les cotisants (incluant des travailleurs de la même profession du nouveau leader), réclament le retour aux urnes. La raison triple:
- en établissant ses amis comme privilégiés de la charte, le mandataire élu n'a pas rempli les obligations relatives à la raison de sa nomination en poste, qui le légitimaient dans sa fonction; une charte équitable pour tous;
- et en ne redonnant pas une santé financière au groupe,
- mais plutôt en détériorant le fonctionnement et la confiance de plusieurs travailleurs,
Il a outrepassé trois volets prioritaires de son mandat.
En modifiant la charte pour consolider son poste, il a tenté de se soustraire à son mandat initial. Lui continue pourtant de prétendre que le syndicat demeure le syndicat de toutes les travailleurs spécialisés représentés et qu'il faut simplement se parler. Mais il devait tenir compte de tous, ce qu'il a volontairement omis quand toutes les parties étaient à la table et même quand elles ont dénoncé l'injustice.
Que dirions-nous, si nous devions juger son rendement?
Nous dirions que ce leader est soit de mauvaise foi, soit carrément incompétent ou manipulé ou sinon sous la menace des gens de sa spécialité envers qui il une dette morale. Cet important syndicat ne pouvant plus opérer normalement, et pour le bien de tous, on en arriverait, par les mesures d'exception prévues, à démettre le leader de ses fonctions en vue de retourner en élection, pour qu'au moins, soit sa légitimité soit confirmée en assemblée, soit il soit remplacé par un qui livrera ce qui avait été demandé. C'est ce qui se passe en Égypte, depuis le renversement du gouvernement Moubarak.
- en établissant ses amis comme privilégiés de la charte, le mandataire élu n'a pas rempli les obligations relatives à la raison de sa nomination en poste, qui le légitimaient dans sa fonction; une charte équitable pour tous;
- et en ne redonnant pas une santé financière au groupe,
- mais plutôt en détériorant le fonctionnement et la confiance de plusieurs travailleurs,
Il a outrepassé trois volets prioritaires de son mandat.
En modifiant la charte pour consolider son poste, il a tenté de se soustraire à son mandat initial. Lui continue pourtant de prétendre que le syndicat demeure le syndicat de toutes les travailleurs spécialisés représentés et qu'il faut simplement se parler. Mais il devait tenir compte de tous, ce qu'il a volontairement omis quand toutes les parties étaient à la table et même quand elles ont dénoncé l'injustice.
Que dirions-nous, si nous devions juger son rendement?
Nous dirions que ce leader est soit de mauvaise foi, soit carrément incompétent ou manipulé ou sinon sous la menace des gens de sa spécialité envers qui il une dette morale. Cet important syndicat ne pouvant plus opérer normalement, et pour le bien de tous, on en arriverait, par les mesures d'exception prévues, à démettre le leader de ses fonctions en vue de retourner en élection, pour qu'au moins, soit sa légitimité soit confirmée en assemblée, soit il soit remplacé par un qui livrera ce qui avait été demandé. C'est ce qui se passe en Égypte, depuis le renversement du gouvernement Moubarak.
De la métaphore syndicale au régime politique de l'Égypte
Pour expliquer l'image :
- le syndicat, c'est le régime.
- Le leader élu pour un mandat précis, c'est le président Morsi.
- La charte, c'est la charte égyptienne qui devait être changée pour être plus juste et équitable que la précédente.
- Les travailleurs des multiples spécialités représentées au syndicat, ce sont les Égyptiens de toutes allégeances (partis politiques, groupes de croyances religieuses, groupes politico-religieux, laïcs, hommes, femmes, ...).
- La structure financière, c'est l'économie qui devait être remise sur les rails.
- Le nouveau chef syndical, c'est le nouveau leader qui a accepté la charge présidentielle, conditionnelle à une juste réforme, mais il a choisi de représenter les sunnites, son groupe religieux et majoritaire et les Frères musulmans avec leur projet d'états unis islamistes, sachant que les votes des élus iraient pour un état islamiste, et malgré que le mandat reçu était inverse. Il a sciemment établi son groupe religieux à la tête du pays, via la constitution de décembre 2012, donnant primauté à la charia, en précisant que c'est la charia sunnite avec sa jurisprudence des derniers siècles.
- Tout ceci, malgré les sorties publiques de l'opposition et le fait qu'il devait proposer une charte pour tous les Égyptiens.
- Il a changé les clauses de son mandat (ne plus être redevable à la surveillance) en profitant du vote majoritaire des élus sunnites. Les élus non sunnites ou sunnites modérés ont été bafoués dans la rédaction de la charte et après les événements de novembre 2012.
- En dernier recours: il a fallu que la cour constitutionnelle prenne les mesures extraordinaires prévues en ce genre de situation, pour déclarer la non-légitimité de la nouvelle dictature naissante (autoritarisme pseudo-démocratique), avant que le régime s'installe pour un siècle. C'est précisément cette délibération des juges, que les partisans de Morsi ont voulu bloquer le 2 décembre 2012, en empêchant carrément les juges de la Cour suprême constitutionnelle de siéger en vue d'examiner et de statuer sur la constitutionnalité de l'assemblée qui aurait détourné le mandat démocratique reçu:
«Dec. 2 — Islamists protest outside the Supreme Constitutional Court, blocking judges from entering to rule on the legality of the constituent assembly» (AP, July 01, 2013), (1).Faut-il rappeler que c'était avant l'adoption de la charte qui a donc été imposée, via un pseudo-référendum servant de paravent aux manoeuvres politiques qui avaient cours depuis plusieurs mois.
Deux principales lectures qui s'opposent
Et maintenant, chez les contre-manifestants en colère et récemment à mi-mots (juillet 2013), du côté du gouvernement d'Obama, on a parlé de "légitimité" démocratique en faveur du président Morsi. MAIS, il faut plutôt s'apitoyer sur le fait que le président Mohamed Morsi a détourné le mandat pour lequel il a été initialement élu, comme dans la métaphore qui précède. Le livrable attendu ici était une constitution renouvelée, plus juste et plus équitable que la précédente sous Moubarak, pour TOUS les Égyptiens. Sinon, si le mandat est purement électoral (interprétation du gouvernement Obama?), donc un mandat distinct de l'obligation d'une meilleure constitution, alors cette "légitimité" comme ils l'appellent, n'irait-elle pas logiquement avec le déchu du gouvernement précédent, Hosni Moubarak, qui tout comme Morsi, s'appropriait à de mauvaises fins, la constitution d'un pays.
Selon l'interprétation d'une "légitimité" sans obligation de livrer une saine et juste constitution, l'un ne vaut pas mieux que l'autre et l'enclos des loups étaient peut-être préférable à l'enclos des hyènes (2). Selon cette éventualité sans égard au livrable de la constitution, le régime Moubarak serait tout autant légitimé que le régime de Morsi, puisqu'il lui est antérieur. Dictateur pour dictateur...
Hyène tachetée. Crédits image : Les Champions de la nature. |
Y a-t-il une solution pour l'Égypte en 2013?
Voilà pourquoi le leader Morsi a été destitué par la plus haute cour et l'armée en faveur du peuple (3), du moins temporairement. Temporairement, car il reste une solution. Le retour en élection le plus rapidement possible et avec une réelle transparence et dans un ordre exemplaire. Mais il faudrait à mon avis, parler alors d'une élection sur la base d'un projet de rafraîchissement constitutionnel; une charte rajeunie et épurée sur laquelle le peuple se prononcerait. Ce serait un projet de charte déposé et expliqué par chacun des partis, ainsi qu'un plan de redressement économique. Il ne faut plus de vote en blanc (face à un document vide qui peut contenir n'importe quoi) dans lequel le peuple donnerait encore une fois et sans preuves tangibles, un appui trop naïf à un leurre comme le dernier projet de société pour «tous les Égyptiens». Tous les Égyptiens se prononceraient sur des projets concrets devant eux.
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30 juin 2013
30 avril 2013 (RTL avec AFP)
______________
1. AP. Egyptians' massive anger unleashed. 2013-07-02 [au sujet de l'accès bloqué aux juges, le 2 décembre 2012]
(traduction libre : «2 décembre - Des islamistes protestent à l'extérieur de la Cour suprême constitutionnelle, empêchant les juges d'y accéder pour se prononcer sur la légalité de l'assemblée constituante»)
2. Contrairement à la croyance répandue d'animal charognard, les hyènes tuent elles-mêmes 90% de ce qu'elles mangent. En groupe, elles peuvent arrêter dans sa course une antilope de 200 kg et la tuer pour ensuite la dévorer, selon Les Champions de la nature. Les hyènes constituent une société matriarcale.
3. L'armée s'est ajustée à la volonté populaire, même lors du renversement de Moubarak. Ce n'est donc pas une armée vendue à ce dernier.
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- Un rappel des événements qui ont mené à l'actuel désaveu majeur du président Mohammed Morsi.
- Portez une attention spéciale au 30 juin 2012 (comparez au 22 novembre de la même année) et en général aux mois de novembre et décembre 2012.
- L'article ne parle pas cependant, du contenu de la constitution qui demeure le problème majeur, en tant qu'assise de toutes les lois de la nouvelle politique
30 avril 2013 (RTL avec AFP)
______________
1. AP. Egyptians' massive anger unleashed. 2013-07-02 [au sujet de l'accès bloqué aux juges, le 2 décembre 2012]
(traduction libre : «2 décembre - Des islamistes protestent à l'extérieur de la Cour suprême constitutionnelle, empêchant les juges d'y accéder pour se prononcer sur la légalité de l'assemblée constituante»)
2. Contrairement à la croyance répandue d'animal charognard, les hyènes tuent elles-mêmes 90% de ce qu'elles mangent. En groupe, elles peuvent arrêter dans sa course une antilope de 200 kg et la tuer pour ensuite la dévorer, selon Les Champions de la nature. Les hyènes constituent une société matriarcale.
3. L'armée s'est ajustée à la volonté populaire, même lors du renversement de Moubarak. Ce n'est donc pas une armée vendue à ce dernier.