mercredi 8 septembre 2010

Coran et dérive d'un pasteur

8 SEPTEMBRE 2010. Un pasteur de la Floride prévoit brûler des exemplaires du Coran, samedi, pour commémorer la date des tristement célèbres attentats, contre des cibles civiles et gouvernementales des USA, le 11 septembre 2001. C'est le cas de dire qu'il va "jeter de l'huile sur le feu", non pas l'huile comme symbole de l'Esprit de Dieu, mais bien de l'huile incendiaire; charnelle (non suscitée, ni inspirée par Dieu). Ce faisant, il quitte le principe très chèrement établi depuis les apôtres, de l'évangélisation dans une attitude respectueuse. D'autre part, pourquoi la neuvième année et non pas la huitième ou la dixième? La réponse se trouve vraisemblablement dans ce qu'il cherche en réalité: la visibilité.

Si les médias disent vrai, il prétendrait, devant l'ampleur de la réaction (cherchée), prier à ce stade-ci pour trouver la direction de Dieu en la matière. J'ai vu cette attitude à quelques occasions dans mes plus ou moins 20 ans d'implication en église, et je peux dire que quand l'attitude est orgueilleuse et présomptueuse (confondre sa volonté propre avec celle de Dieu), ce n'est pas Dieu qui répond, évidemment. La prière est certes bonne en soit, mais il est aussi écrit : «Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu». L'attitude de l'homme, ici, ressemble davantage à celle d'un être séduit et trompé, en quête de popularité (attention médiatique pour recruter des membres errants et radicaux), plutôt qu'à un amour de la vérité proclamée ou une dénonciation de l'injustice. Et les médias lui donnent exactement ce qu'il cherche, comme aux cellules terroristes à d'autres moments, d'ailleurs : l'attention médiatique.

En faisant cela, l'individu peut aussi vouloir faire rendre à l'évidence ce que plusieurs savent dans les pays où le christianisme côtoie un Islam bien représenté ou même majoritaire. Mais ce faisant, il manque de sagesse et cette action ne ferait que justifier des réponses insensées elles aussi.

Ce qui fait la force du protestantisme, sa liberté (autonomie relative des églises) et sa diversité, a aussi sa contrepartie de faiblesse : certaines églises ou certains individus plus sectaires et violents. C'est le prix à payer pour la liberté de lire et d'interpréter les Écritures. Dans les groupes chrétiens plus fortement hiérarchisés et institutionnalisés, on dénote d'autres problèmes, comme la difficulté de manoeuvrer, à l'image du Titanic. Et évidemment, dans un système hyper-structuré, si la vérité est générale, l'erreur le devient aussi, et immuable, souvent comme dans un réseau informatique infiltré par un virus ou un ver, mais durant des décennies, voire même des siècles. Lorsque la structure est trop massive, l'Église est aussi mobile qu'un monument de granit sculpté en forme de véhicule, mais inerte.

Que les chrétiens véritables prient pour que le projet de l'homme soit réduit à néant, car ce n'est pas l'amour qui le fait agir ainsi.