mercredi 30 décembre 2009

IRAN les armes (et télécommunications)

Crédit photo : Reuter/Stringer Trouvée sur L'EXPRESS (diaporama) . Prise lors des manifestations de décembre 2009, la photo montre une victime de la répression gouvernementale à la fin de décembre et le nouveau rôle joué par la technologie dans les totalitarismes comme ici à Téhéran, en Iran. Les simples individus peuvent communiquer ce qui se passe dans le pays, à leurs contacts et réseaux étrangers. Le présent article traite cependant davantage de l'information qui arrive de l'étranger vers les dictatures qui peuvent de plus en plus difficilement se couper totalement du reste du monde et communiquer leur seule vision du monde et leur information sous contrôle gouvernemental.

Ça ne va pas bien en Iran ces jours-ci. En fait, il y a longtemps que les choses vont mal, mais maintenant ça paraît. Naîtra-t-il un renouveau de cette douleur du peuple? Peu probable. Si le Québec a connu un soulèvement contre un État quasi-religieux, faut-il rappeler que le Québec vivait en véritable démocratie, ce qui n'est pas le cas de l'Iran, un État totalitaire religieux avec des élections. Comme d'autres totalitarismes, l'Iran accuse les autres pays (occidentaux) pour le désordre dans l'actuelle révolte; ce qui a été résumé dans l'expression "scénario américano-sionniste". Autrement dit, ce serait de la faute à Israël si ça va mal en Iran... (et dans le monde). Cela rappelle l'époque où les américains voyaient les communistes derrière toute contestation de leurs politiques. Le temps a révélé que l'opposition à la guerre enlisée au Vietnam indiquait que la société américaine changeait et non pas que les USA sombraient sous le communisme. Le président de l'Iran fait de la réthorique (argumentation subtile) et invite les amis du parti à faire des contre-manifestations civiles pro-gouvernemantales, au risque de la guerre civile et d'un chaos beaucoup plus grand. Comme cela, ce n'est pas lui qui porterait tout l'odieux du sang versé. C'est habile. Mais a-t-il oublié qu'un roi sans peuple n'est plus roi de rien ?

Bref retour sur l'Histoire récente

Le président de l'Iran devrait comprendre que si le mur de Berlin est tombé en 1989, à peu près au même moment que l'éclatement du bloc soviétique et d'autres totalitarismes, c'est qu'ils devenaient symboliques OU intenables (indéfendables) à moins de crever les yeux de tous. 1) Le bonheur promis aux anciens pays de l'Est par Marx, Lénine et les autres n'est jamais venu. L'idéalisme d'une large classe moyenne (la classe ouvrière devait devenir relativement prospère) a plutôt cédé sa place à la réalité d'une large classe pauvre (une nette majorité franchement dans la pauvreté) avec une élite riche et prospère composée de ceux qui avaient le droit de penser et... dépenser. 2) À l'ère des satellites, il devenait impensable de contrôler l'information, qui passait facilement par-dessus les frontières barbelées et bétonnées. Et l'internet n'était encore réservée qu'à peu de gens. Voilà.

Qu'arrive-t-il actuellement en Iran?

Quelque chose de prévisible et inévitable dans un totalitarisme religieux à l'ère des télécommunications. Avec tout ce qu'il y a de bon et de moins bon dans un tel bouleversement, car la liberté et le bonheur c'est autre chose que le cul libre. Le peuple est-il allé trop loin pour arrêter ? Lui seul peut en décider, car c'est lui qui souffre ou souffrira. Si vous avez foi en Dieu, priez pour les populations iraniennes. Je dis bien les populations car il y a ceux qui soutiennent le régime actuel, ceux qui le contestent et ceux qui sont à l'étranger, divisés eux aussi.

"Nous eXistons" (les X)

Selon les résultats d'un sondage de la firme Segma résumé dans un article du journal Le Soleil (Québec) du mercredi 30 décembre 2009,
« l'adhésion aux valeurs véhiculées par l'Action Démocratique du Québec (ADQ)demeure passablement forte chez les résidants de la Ville de Québec, malgré la crise à la direction du parti l'automne dernier et sa déroute électorale dans les autres régions » (1)
C'est passablement fort en effet, quand on considère que c'est 1 résidant sur 2 qui adhère encore aux valeurs de l'ADQ, malgré la déconfiture ayant suivi la course au leadership de l'automne 2009. Déjà le parti avait subi une grande humiliation lors des dernières élections au Québec (non pas la ville ici). On se souviendra que la démission de Mario Dumont (co-fondateur du parti) a donné lieu à une course gagnée par seulement 2 voies de majorité par un chef, Gilles Taillon battant de peu Éric Caire, mais qui n'a pu résister au-delà de quelques semaines avant de laisser sa place à un survivant des «décombres» du parti, Gérard Deltell.

De toute évidence, il aurait fallu un vote de confirmation devant une si faible majorité, surtout suite à une course par la voie téléphonique. Ce sont 58% des "X" (génération X, Ville de Québec), soit 6 sur 10 qui considèrent que le parti a toujours sa raison d'être. Cela est d'autant plus évident quand on considère que les résultats en faveur de l'existence d'un parti comme l'ADQ se répartissent comme suit: 35-44 ans -> 58% (6 sur 10) 45-54 ans -> 43% (4 sur 10) 55-64 ans -> 47% (5 sur 10 soit 1 sur 2)

Mon analyse

Autrement dit, la maison est brûlée, rasée jusqu'à sa fondation, mais plusieurs hommes et femmes de 35 à 64 ans (des X et des boomers) considèrent qu'elle a encore sa place. Ce que cela nous communique, c'est que ces personnes considèrent non pas uniquement le parti, dont on ne sait pas s'il pourra se relever, mais surtout les V A L E U R S véhiculées. Ces personnes consultées n'adhèrent évidemment pas à toutes les idées du parti, ni pour les mêmes valeurs. Pour certains, c'est le discours économique qui plait (ex. déficit zéro, ex. réduction de la fonction publique). Pour d'autres, ce sont les idées sociales (ex. privatisation d'une part additionnelle du système de santé; ex. abolition des politiques sociales "mur à mur" comme les garderies à 7 dollars par jour sans égard pour un choix alternatif, ex. se tenir debout comme peuple dans notre accueil et ouverture aux nouveaux Québécois).

Mais ce qui réunit certainement l'un et l'autre ce sont les idées différentes, souvent récupérées par les partis au pouvoir ces dernières années. C'est que l'ADQ ne s'est pas gênée pour poser des questions (ex. faut-il revoir la structure des commissions scolaires ? ex. Faut-il renier sa culture pour accueillir l'autre). Là où son "bulletin chiffré" a donné un moins bon score, c'est il me semble, dans le manque à justifier ou expliquer ses positions aux électeurs. Comme si tout allait de soi. Pour le le patron de la firme de sondages Sigma, Raynald Harvey, le parti pourrait renaître à Québec plutôt qu'en région. Mais selon une lecture alternative, Québec serait peut-être mure pour un nouveau parti avec une base semblable... Dans les deux options, faut-il se rappeler qu'une démocratie sans alternative aux libéraux, autre que communiste (ou son équivalent) n'est pas une véritable démocratie.

L'ADQ a influencé les politiques du Québec bien plus qu'elle ne le croit. Son "bulletin scolaire" n'a pas été parfait, mais elle a souvent été copiée lors des tests importants.

Un message à retenir

Ce que les X (mais aussi les boomers) sont en train d'envoyer comme message, c'est «nous eXistons» et désormais il faudra compter avec nous. C'est peut-être fini le temps où les Québécois ayant des valeurs plus conservatrices étaient méprisés et considérés comme n'existant pas ou comme des imbéciles à reprogrammer par l'ingénierie sociale. La démocratie, c'est autre chose que le Q (cul) libre.
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1.  PELCHAT, Pierre. "Les X restent fidèles à l'ADQ". Le Soleil, mercredi 30 déc. 2009, p. 5