« l'adhésion aux valeurs véhiculées par l'Action Démocratique du Québec (ADQ)demeure passablement forte chez les résidants de la Ville de Québec, malgré la crise à la direction du parti l'automne dernier et sa déroute électorale dans les autres régions » (1)C'est passablement fort en effet, quand on considère que c'est 1 résidant sur 2 qui adhère encore aux valeurs de l'ADQ, malgré la déconfiture ayant suivi la course au leadership de l'automne 2009. Déjà le parti avait subi une grande humiliation lors des dernières élections au Québec (non pas la ville ici). On se souviendra que la démission de Mario Dumont (co-fondateur du parti) a donné lieu à une course gagnée par seulement 2 voies de majorité par un chef, Gilles Taillon battant de peu Éric Caire, mais qui n'a pu résister au-delà de quelques semaines avant de laisser sa place à un survivant des «décombres» du parti, Gérard Deltell.
De toute évidence, il aurait fallu un vote de confirmation devant une si faible majorité, surtout suite à une course par la voie téléphonique. Ce sont 58% des "X" (génération X, Ville de Québec), soit 6 sur 10 qui considèrent que le parti a toujours sa raison d'être. Cela est d'autant plus évident quand on considère que les résultats en faveur de l'existence d'un parti comme l'ADQ se répartissent comme suit: 35-44 ans -> 58% (6 sur 10) 45-54 ans -> 43% (4 sur 10) 55-64 ans -> 47% (5 sur 10 soit 1 sur 2)
Mon analyse
Autrement dit, la maison est brûlée, rasée jusqu'à sa fondation, mais plusieurs hommes et femmes de 35 à 64 ans (des X et des boomers) considèrent qu'elle a encore sa place. Ce que cela nous communique, c'est que ces personnes considèrent non pas uniquement le parti, dont on ne sait pas s'il pourra se relever, mais surtout les V A L E U R S véhiculées. Ces personnes consultées n'adhèrent évidemment pas à toutes les idées du parti, ni pour les mêmes valeurs. Pour certains, c'est le discours économique qui plait (ex. déficit zéro, ex. réduction de la fonction publique). Pour d'autres, ce sont les idées sociales (ex. privatisation d'une part additionnelle du système de santé; ex. abolition des politiques sociales "mur à mur" comme les garderies à 7 dollars par jour sans égard pour un choix alternatif, ex. se tenir debout comme peuple dans notre accueil et ouverture aux nouveaux Québécois).
Mais ce qui réunit certainement l'un et l'autre ce sont les idées différentes, souvent récupérées par les partis au pouvoir ces dernières années. C'est que l'ADQ ne s'est pas gênée pour poser des questions (ex. faut-il revoir la structure des commissions scolaires ? ex. Faut-il renier sa culture pour accueillir l'autre). Là où son "bulletin chiffré" a donné un moins bon score, c'est il me semble, dans le manque à justifier ou expliquer ses positions aux électeurs. Comme si tout allait de soi. Pour le le patron de la firme de sondages Sigma, Raynald Harvey, le parti pourrait renaître à Québec plutôt qu'en région. Mais selon une lecture alternative, Québec serait peut-être mure pour un nouveau parti avec une base semblable... Dans les deux options, faut-il se rappeler qu'une démocratie sans alternative aux libéraux, autre que communiste (ou son équivalent) n'est pas une véritable démocratie.
L'ADQ a influencé les politiques du Québec bien plus qu'elle ne le croit. Son "bulletin scolaire" n'a pas été parfait, mais elle a souvent été copiée lors des tests importants.
Un message à retenir
Ce que les X (mais aussi les boomers) sont en train d'envoyer comme message, c'est «nous eXistons» et désormais il faudra compter avec nous. C'est peut-être fini le temps où les Québécois ayant des valeurs plus conservatrices étaient méprisés et considérés comme n'existant pas ou comme des imbéciles à reprogrammer par l'ingénierie sociale. La démocratie, c'est autre chose que le Q (cul) libre.
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1. PELCHAT, Pierre. "Les X restent fidèles à l'ADQ". Le Soleil, mercredi 30 déc. 2009, p. 5