Une réflexion sur une crise de l'information sur toile de fond des problèmes de la Syrie: la perte de confiance envers les médias traditionnels, ses racines et une probable responsabilité à assumer
(révision : 22 septembre 2015, 16-17 avril 2016, 28 novembre 2016)
Je crois important, d'entrée de jeu, de faire la nuance suivante:
Sur la comparaison de la photo d'Aylan avec celle de la jeune Vietnamienne Kim PHUC ayant contribué à mettre fin à la guerre du Vietnam
Pour se justifier de l'instrumentation idéologique de la photo du jeune Aylan, la presse internationale et les médias traditionnels comparent la photo avec celle de la jeune Vietnamienne Kim PHUC, dans mon recadrage créé ci-dessous.
En réponse à ceci, on a beaucoup comparé la photo d'Aylan à celle de la jeune vietnamienne brûlée au napalm, qui courait nue sur un chemin de campagne fuyant son village bombardé. Sauf que
En réponse à ceci, on a beaucoup comparé la photo d'Aylan à celle de la jeune vietnamienne brûlée au napalm, qui courait nue sur un chemin de campagne fuyant son village bombardé. Sauf que
- La photo de la jeune Kim PHUC n'était pas sujette à interprétation, son histoire étant évidente (photo ci-dessous retouchée pour masquer sa nudité). Alors que le père d'Aylan, déjà installé en Turquie, pouvait être un migrant économique décidant d'accélérer le passage vers des pays plus riches
- La photo de la jeune Kim était spontanée et n'était pas imposée par un lobby médiatique, contrairement à celui entourant le jeune Aylan, où de grands médias se sont fait reprocher de ne pas avoir diffusé immédiatement la photo (voir la capture d'écran du Nouvel Observateur web plus loin dans ce texte)
La photo de la jeune Kim était prise durant le déroulement des faits, on voyait d'autres enfants en fuite et des soldats, ainsi qu'un incendie en arrière-plan. Surtout, Kim pouvait et peut témoigner elle-même de sa propre histoire, sans le filtre politique ou médiatique. Elle a lancé une fondation pour aider les enfants victimes de la guerre.
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Kim PHUC, devenue citoyenne canadienne. Non, le Canada n'est pas fermé aux vrais réfugiés, ni aux immigrants économiques qui suivent les règles. Le pays accueille au-delà de 200,000 résidents nés à l'étranger, chaque année. Les personnes nées à l'étranger constituaient au recensement de 2011, un cinquième (1 sur 5) ou 20% de la population vivant au Canada (Source : Statistique Canada, données du Recensement de 2011, source consultée le 13 septembre 2015). |
Alors qu'avec la photo d'Aylan, nous voyons un bambin échoué sur une plage de Turquie et une histoire bourrée de contradictions se résumant à une question à deux volets: étaient-ils des migrants économiques déjà sécurisés (donc illégaux voulant contourner les règles) OU des réfugiés d'une minorité en danger en attente d'une terre d'accueil?
Depuis la publication de la photo du petit Aylan Shenu (et NON Aylan «Kurdi»), que nos médias canadiens ont même par moment appelé Allen, et qui a péri noyé parmi d'autres victimes, on a vu déferler quelques théories, comme celle de la possible mise en scène de ladite photo. C'était, disent les sceptiques, pour produire un impact sur l'opinion internationale et mettre de la pression pour un plus grand engagement des pays occidentaux en immigration.
Un article, Migrants : la guerre des images, publié par LeMonde.fr (4 septembre 2015) a parlé de ces prétentions mais en mettant tout au compte de l'intox de l'information (clairement une insulte contre les auteurs). Pourtant, cette position n'explique en rien pourquoi le frère aîné d'Aylan qui a également péri, lui aussi photographié échoué, est demeuré un «no name» de la presse internationale dans les jours suivants. Ni pourquoi les autres victimes n'ont pas ému le monde en vue des interventions pour délivrer les victimes dans leur pays.
La théorie de l' «intox» via les médias sociaux n'explique pas non plus, pourquoi Libération a du s'excuser et se défendre, pour ne ne pas avoir diffusé LA photo sélectionnée. Comme quoi, la photo a fait l'objet d'une véritable récupération, car des milliers d'autres enfants sont morts des suites de ces conflits sans avoir éveillé l'attention soutenue auparavant.
Libération avait récemment publié des photos d'enfants ayant péri noyés, selon le témoignage de Johan Hufnagel, son directeur en charge des éditions. Pour Libération, le cliché d'Aylan ne constituait donc pas un fait nouveau.
S'il n'y a pas de récupération, pourquoi Libération se sentait-il obligé de justifier, dès le 3 septembre 2015, sur le fait qu'il n'avait pas diffusé la photo d'Aylan «Kurdi» qui est en réalité Aylan Shenu...(bon une autre affaire)? N'est-ce pas la preuve d'une récupération idéologique de la photo par les autres médias, au point que Libération se sente vu comme l'idiot du gros Village médiatique. C'est assez surréaliste cette défense, comme si tous les médias devaient reprendre les mêmes images, aux mêmes dates, avec les mêmes angles de l'information...
Ceux-ci ont aussi dénoncé la rumeur de la mise en scène de la photo: Libération (8 sept. 2015), ainsi que Fanceinfo.fr (9 sept. 2015), entre autres.
Mais alors que ces cas de rumeurs de complots enflamment les réseaux sociaux sur chaque enjeu politique et idéologique (comme aussi dans l'affaire d'un lion abattu en Afrique par un dentiste américain récemment), les médias sortent l'artillerie lourde et sont prêts à réclamer le monopole du web, comme les pays totalitaires qui se «respectent». Pourtant, face à ce phénomène, un constat semble devenir un peu plus évident chaque semaine. C'est le suivant:
De réelles pressions de la confrérie médiatique ont eu cours, pour que les pays occidentaux ouvrent leurs portes inconditionnellement et immédiatement
La théorie de l' «intox» via les médias sociaux n'explique pas non plus, pourquoi Libération a du s'excuser et se défendre, pour ne ne pas avoir diffusé LA photo sélectionnée. Comme quoi, la photo a fait l'objet d'une véritable récupération, car des milliers d'autres enfants sont morts des suites de ces conflits sans avoir éveillé l'attention soutenue auparavant.
Libération avait récemment publié des photos d'enfants ayant péri noyés, selon le témoignage de Johan Hufnagel, son directeur en charge des éditions. Pour Libération, le cliché d'Aylan ne constituait donc pas un fait nouveau.
«Est-ce, paradoxalement parce que Libération suit particulièrement ce dossier – six unes depuis juin, un dossier spécial fin août, la publication des Migrants Files avant l’été, une dernière une sur le drame autrichien et «le camion de la honte» – qu’on n’a pas pris la mesure du poids de cette photo en particulier ? Est-ce parce qu’on a vu des photos d’enfants morts noyés sur les plages grecques la semaine dernière sur les réseaux sociaux (j’en ai moi-même partagé ce week-end) que celle-ci n’a pas lancé la machine ? Possible. (Johan Hufnagel, Directeur en charge des éditions,
Libération, 3 septembre 2015)
S'il n'y a pas de récupération, pourquoi Libération se sentait-il obligé de justifier, dès le 3 septembre 2015, sur le fait qu'il n'avait pas diffusé la photo d'Aylan «Kurdi» qui est en réalité Aylan Shenu...(bon une autre affaire)? N'est-ce pas la preuve d'une récupération idéologique de la photo par les autres médias, au point que Libération se sente vu comme l'idiot du gros Village médiatique. C'est assez surréaliste cette défense, comme si tous les médias devaient reprendre les mêmes images, aux mêmes dates, avec les mêmes angles de l'information...
Ceux-ci ont aussi dénoncé la rumeur de la mise en scène de la photo: Libération (8 sept. 2015), ainsi que Fanceinfo.fr (9 sept. 2015), entre autres.
Les médias traditionnels et les grands médias donnent par moment l'impression de caresser l'idée d'une sorte de monopole de l'information et du sens à lui donner
Mais alors que ces cas de rumeurs de complots enflamment les réseaux sociaux sur chaque enjeu politique et idéologique (comme aussi dans l'affaire d'un lion abattu en Afrique par un dentiste américain récemment), les médias sortent l'artillerie lourde et sont prêts à réclamer le monopole du web, comme les pays totalitaires qui se «respectent». Pourtant, face à ce phénomène, un constat semble devenir un peu plus évident chaque semaine. C'est le suivant:
Le public, de toutes allégeances idéologiques et politiques, croit de moins en moins aux médias traditionnels et aux grands médias
On remarque, ou du moins il semble que les théoriciens croyant que les médias sont sous une influence (lecture) particulière, pour qui les médias traditionnels sont suspects, sont de gauche, de droite, de centre et de toutes idéologies et allégeances. Peut-être pas en proportions égales toutefois. Et s'ils se contredisent allègrement, en disant tel journal est de droite ou de gauche, il reste qu'ils s'accordent sur un point: les médias traditionnels et grands médias ne donnent pas l'heure juste. C'est une conviction en train de s'ancrer. En fait les médias ne devraient pas parler de théories de complots (se faisant adepte eux-mêmes du conspirationnisme contre les médias non traditionnels), mais on devrait plutôt utiliser les termes, accusation d'orientation, de biais de l'information, de choix intentionnel de l'angle par le professionnel de l'information ou son équipe.
Les grands médias offusqués, utilisent à outrance des termes chocs comme théories du complot, comme «intox» de l'information, etc., le but étant évidemment de stigmatiser non seulement leurs auteurs, mais ceux qui les ont cités de bonne foi. Cependant, les professionnels de l'information des médias font à mon sens une erreur et c'est la suivante: ils se croient indépendants de la cause du problème, alors qu'en réalité, ils en sont probablement des catalyseurs. Ils ont peut-être contribué et contribuent peut-être, à nourrir le monstre. Autrefois, le philosophe disait «Je pense, donc je suis». Maintenant, des hordes de penseurs armés d'un smartphone, ou émetteurs d'opinions et commentaires sur les réseaux sociaux et réagissant à la fin des articles des médias comme autant de tremplins, disent: «Je doute, donc je suis». Plusieurs de la horde des réseaux sociaux sont prêts à sélectionner les faits en fonction de leur idéologie pour trouver un raccourci en vue d'arriver plus vite à leurs fins (gagner leur cause ou leur argumentaire). Mais à bien y penser, leur méthode est-elle si différente de celle des professionnels qui voudraient les censurer?
Les grands médias offusqués, utilisent à outrance des termes chocs comme théories du complot, comme «intox» de l'information, etc., le but étant évidemment de stigmatiser non seulement leurs auteurs, mais ceux qui les ont cités de bonne foi. Cependant, les professionnels de l'information des médias font à mon sens une erreur et c'est la suivante: ils se croient indépendants de la cause du problème, alors qu'en réalité, ils en sont probablement des catalyseurs. Ils ont peut-être contribué et contribuent peut-être, à nourrir le monstre. Autrefois, le philosophe disait «Je pense, donc je suis». Maintenant, des hordes de penseurs armés d'un smartphone, ou émetteurs d'opinions et commentaires sur les réseaux sociaux et réagissant à la fin des articles des médias comme autant de tremplins, disent: «Je doute, donc je suis». Plusieurs de la horde des réseaux sociaux sont prêts à sélectionner les faits en fonction de leur idéologie pour trouver un raccourci en vue d'arriver plus vite à leurs fins (gagner leur cause ou leur argumentaire). Mais à bien y penser, leur méthode est-elle si différente de celle des professionnels qui voudraient les censurer?
Comment les médias auraient-ils créé le monstre?
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