jeudi 23 février 2012

Dérapages des débats idéologiques au Québec et au Canada

23 FÉVRIER 2012. UNE DÉMOCRATIE DE GAUCHE

Curieusement, les justiciers masqués du Québec refusent le scrutin de la majorité lors des élections, en prétendant défendre... la démocratie. Ils reprennent donc les votes, jusqu'au résultat désiré. C'est une démocratie de gauche, si je comprends bien. Le chroniqueur J. Jacques Samson a raison de faire une sortie contre les basses attaques à l'égard du ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews. Quelque chose peut être vrai dans la vie familiale ou personnelle sans avoir rapport avec la profession politique (et on peut aussi douter de la version de la partie adverse dans un divorce). Il y a eu dans une autre affaire, ces insinuations avérées fausses ou non prouvées, contre le ministre des finances du Québec par l'écrivain Jean Barbe. Ce dernier a écrit contre le ministre, des accusations qui ont fait la manchette, tandis que la rétractation est passée pratiquement inaperçue. Quand on n'a plus d'arguments... 

Je suis d'accord avec J. Jacques Samson, donc, parce qu'on s'éloigne du débat sain et que ce n'est pas vrai qu`on doit pouvoir tout dire lorsqu'on manque d'arguments, même aller jusqu'à révéler publiquement des informations privées ou des détails connus sans lien avec une fonction et qui appartiennent au passé OU sinon, en créer de toute pièce.

Exprimer son désaccord face à un projet politique, est un acte entièrement démocratique. Mais la façon dont on le fait peut renforcer ou au contraire miner les canaux d'une démocratie. On peut bénéficier des médias, des médias sociaux, ou exprimer la désapprobation populaire à son député ou au ministre, ou encore s'organiser pour manifester en obtenant les autorisations qui visent à préserver la sécurité et l'ordre social. Mais s'attaquer par exemple aux problèmes familiaux de la personne (ex. déclaration de la conjointe pour bonifier une compensation $ dans un divorce) plutôt que les compétences ou les idées, relève de la bassesse. Pire, les faux témoignages en vue d'atteindre à la réputation, relèvent de la diffamation la plus basse de ceux qui sont sans argument. L'acte est en plus passible de poursuites légales.

Dans le deuxième cas mentionné, réagissant contre la répression des étudiants-manifestants qui ont bloqué illégalement des rues au centre-ville de Montréal, le ministre Bachand s'est attiré les foudres de l'écrivain Jean Barbe, qui a prétendu sur ses comptes Twitter et Facebook, que le ministre aurait eu la main baladeuse à l'égard de sa copine lors d'une soirée de première, à Paris, et que lui (Barbe), avait été tolérant. Sauf que l'écrivain a dû se rétracter par la suite, ce qui est plutôt gênant. Mais ce qui l'est encore plus, c'est que lui même était vulnérable, ayant déjà été condamné pour harcèlement sexuel:
«Le plus incongru est que Jean Barbe a déjà lui-même été reconnu coupable de harcèlement sexuel par le Tribunal canadien des droits de la personne et qu’il a été condamné à payer 6515 $ à sa victime, la recherchiste Mireille Des Rosiers. Ce seul fait aurait dû être suffisant pour qu’il se garde une petite gêne» (1).
Cela étant du domaine public, on peut écrire sur le sujet. Voilà ce qui peut arriver quand on utilise ce type d'argumentaire. Tôt ou tard on fouillera aussi votre histoire de "perfection" personnelle qui n'a pas toujours à voir avec votre métier ou avec l'idée sociopolitique que vous défendez, par exemple, quand il ne s'agit pas d'incompétence administrative ou d'histoire d'infraction au Code criminel pour  pour un ministre. Et ce qui est inéquitable dans une construction mensongère, c'est que la rétractation est souvent en petits caractères d'imprimerie, tandis que le mensonge initial a plutôt l'allure d'une bannière ou d'un zeppelin lettré (médiatiquement parlant). C'est comme certaines "découvertes" scientifiques.

Pendant plus de 35 ans au Québec, la gauche a occupé le haut du pavé médiatique. Le débat entre, plus ou moins 1975 et env. 2011, a généralement tourné autour du positionnement suivant: salade vinaigrée "fédéraliste " ou crémeuse "souverainiste"? Habituée à ne pas être confrontée, la gauche socialiste a fait son nid dans la majorité des partis politiques et dans les ministères du Québec. Au point qu'ici, le plus à droite  depuis, a été le centre. Je veux dire le plus à droite élu au pouvoir. Quand on n'a plus d'arguments, on attaque maintenant la vie familiale ou personnelle sans lien avec les compétences et l'éthique, en refouillant les déclarations d'une conjointe lors du divorce d'un homme politique Ceci, en réponse à qui veut renforcer une loi pour faciliter les enquêtes sur des gens qui téléchargent de la porno infantile. Et croyez-vous que dans un divorce légal, les conjoints disent uniquement des vérités? Le Québec n'a plus de respect pour ses chefs. Les chefs en sont en partie responsables, mais il y a plus. Nous semblons dériver vers un chaos social, allant jusqu'aux menaces. Nous faisons de plus en plus "petit peuple".

On peut être en désaccord avec une politique ou une orientation sociale, mais il y a une façon d'en débattre et ce n'est pas en attaquant un aspect de la vie personnelle sans lien avec les compétences ou l'éthique exigées par la fonction. Pire encore, lorsqu'on doit inventer un scandale en témoignant de faits qui ne sont jamais arrivés, c'est qu'on a la fonction éthique désactivée. L'aiguille de la boussole est débarquée de la "pin". J'avoue, cela s'est certainement fait aussi à droite. Mais avec ces deux récents dérapage, en plus de ces autres histoires de vols d'informations par des pirates ou initiés, tout compte fait, je suis très heureux que nous ne soyons pas dans un Québec dirigé par une gauche semblable. Ce serait l'URSS de l'Amérique du Nord. Beaucoup de liberté et de "fleurs" dans le livre de discours politiques, mais répression et censure médiatique pour étouffer l'opposition.

Le ministre fédéral Toews, de son côté, aurait reçu des menaces non identifiées et des ultimatums anti-démocratiques:
«Pendant la fin de semaine, le groupe d'internautes militants [...] a publié une vidéo suggérant que la pression sur le ministre allait s'accentuer si le projet de loi n'était pas abandonné» (2).

Une image me revient. Récemment, un animateur du matin de la SRC (TV) s'amusait du fait que des pirates informatiques avaient infiltré des comptes par le moyen d'une liste de personnes (ou était-ce liste d'entreprises et organismes?), ne partageant pas une vision à gauche, du monde. De l'argent avait été détourné de cartes de crédit vers des comptes d'organismes représentant leur opinion. J'aurais aimé dire au journaliste au sourire béat, comment je désapprouvais son attitude légère et irréfléchie. Aurait-il ri, si lui avait vu son compte détourné vers le Parti Conservateur du Canada (PCC) par exemple? Ou encore, en tant que probablement Pro-choix en matière d'avortement, s'il avait vu un montant d'argent détourné de sa carte, pour soutenir un organisme de sensibilisation contre l'avortement et l'euthanasie? Pas sûr. Et on ne parle pas ici d'un petit blogueur après l'école, mais de quelqu'un qui se devait d'être professionnel.

Faites bien attention lorsque vous supportez des causes comme les pirates informatiques qui diffusent des informations volées, car cela aura un coût tant social, que démocratique. Si les menaces et le piratage informatique ont plus d'effets que les élections démocratiques, où allons-nous? Et vous paierez pour la sécurisation des données. Je vous suggère fortement aussi de ne pas sauter trop vite dans le nuage «Cloud» (stockage réseau centralisé), parce que vous risquez de passer à travers l'expérience du vol d'informations privées (vu l'intensité de l'activité de piratage informatique). Et il y a des pays notamment en Afrique islamique, où actuellement, le simple fait de dévoiler les adresses de travailleurs occidentaux avec mention de l'organisme ou de l'entreprise pour qui ils travaillent actuellement (ex. pour de grosses firmes de génie), peut faire d'eux des cibles pour des kidnappings en vue de réclamation de rançons.  D'autre part, quelle assurance avez-vous que les informations diffusées par ces justiciers auto-proclamés, seraient toutes authentiques et révisées avant leur vol? Vous connaissez les Excel non terminés qui contiennent des erreurs?

Le mensonge comme arme de guerre

Beaucoup d'occidentaux ignorent aussi que le mensonge fait partie des armes de guerre. ET il y a vraiment une guerre des idées au début du présent siècle, pour déterminer quelles valeurs domineront le monde. Le monde est en pleine ébullition politique. Et curieusement, les justiciers masqués de certaines régions du Canada refusent le scrutin de la majorité lors des élections, en prétendant défendre... la démocratie. C'est une démocratie de gauche, si je comprends bien.
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1.  J. Jacques SAMSON. Un sale coup bas. Journal de Québec, mercredi 22 février 2012, p. 18
aussi sur la version web, mardi 21 février 2012.
http://www.journaldequebec.com/2012/02/21/un-sale-coup-bas

2.  Presse Canadienne. Vic Toews aurait fait l'objet de menacesMetro Montréal, 20 février 2012, 17h09
http://www.journalmetro.com/linfo/article/1104113--vic-toews-aurait-fait-l-objet-de-menaces