jeudi 23 février 2012

Québécois: l'identité interdite

OU: LE QUÉBÉCOIS CACHÉ DANS LE CARREAU À PATATES

Richard Martineau a craché un nouveau texte: Awèye à maison ! Traduction : (envoye!) «file à la maison et vite!», comme une mère en colère qui réprimande un enfant. Il fait ressortir le tabou rattaché à l'idée de parler d'une identité québécoise et de la défendre devant le politique. On peut cependant être d'accord avec cette incontournable réalité historique, sans la rattacher à la solution unique d'un pays à gauche de l'échiquier sociopolitique. Par contre, elle implique qu'on puisse être accueillant sans se perdre dans un pseudo-nirvana culturel (fusion dans l'autre et perte de soi).

«S’il y a un mot tabou, à notre époque, c’est « identité ». Enfin, pour les Québécois francophones de souche.
Car pour tous les autres groupes, le mot « identité » a le vent dans les voiles. Les gais brandissent haut et fort leur identité, les Arabes, les Chinois, les juifs, les Noirs, les transsexuels, les Hurons, les Italiens…
Mais les Québécois francophones de souche, eux, n’y ont pas droit.
Trop exclusif. Trop fermé» (1).
Il n'a que trop raison. C'est un peu le syndrome de Cendrillon (conte) qui devait sans cesse se renier pour survivre. Mais la social-démocratie actuelle, hérité de la "Révolution tranquille" a beaucoup d'effets moins nobles que ceux prédits dans les chansons utopiques du début de la décennie 1970, à l'aube de la première élection du Parti Québécois (PQ); par exemple, la dette estimée à plus de 240 milliards (voir compteur en marge de l'article) reliée à une social démocratie version de luxe, ou encore la tendance antichrétienne (un seul dieu tu ne serviras PAS; le dieu judéo-chrétien). 

Il y a en plus des nuances à faire sur l'idyllique passé brossé par Mathieu Bock-Côté, notamment ce long
silence historique (autre tabou) sur le sort des protestants francophones (ex. les huguenots) qui ont dû fuire le Québec sous la contrainte économique de la persécution, ou accepter l'assimilation orchestrée par un clergé qui tenait les registres et influait grandement sur les ficelles économiques locales et régionales (donc l'emploi), dans le catholicisme ultra-politisé. Il y a aussi l'interdit (non écrit) pour un francophone, d'être d'une autre confession que Catholique Romain avant Vatican II (même 2 décennies plus tard loin des grands centres urbains). Les protestants francophones, aussi appelés franco-protestants, étaient presque traités ici, comme les noirs du Mississippi au même moment; la persécution socio-économique remplaçant toutefois ici le meurtre. La religion s'appropriait les personnes en fonction du lieu de naissance (concept de la paroisse et du royaume céleste établi par l'Église catholique); les personnes comme on s'approprie un bien matériel.

Mais sur le fond, je suis d'accord

Les aspects négatifs, tout autant que les positifs et les origines européennes francophones de la majorité des Québécois ont formé une identité culturelle spécifique. On eût pu seulement espérer que le catholicisme et le protestantisme aient pu vivre ensemble sur le même territoire, avec les athées et agnostiques (comme avec protestantisme, l'anglicanisme et le catholicisme en Grande-Bretagne), ce qui aurait enrichi la culture francophone; comme deux quincailleries (spirituelles) avec droit d'exister sur un même boulevard. Mais quand même, 5,24%, soit 1 personne sur 19 était protestante au Québec, au début de la décennie 1990, selon le recensement de Statistique Canada de 1991 (357 030 sur 6 810 300 ).

Il  y a un peuple québécois avec une culture distincte (distinct = spécifique OU unique en français, et non PAS supérieur)

Par contre, il est indéniable qu'il y a un peuple québécois avec une culture distincte des autres peuples du monde (distinct = spécifique, unique), de par son origine géographique, sa concentration et son développement historique depuis la Nouvelle France. En crise d'adolescence et d'identité, peut-être, mais culture québécoise quand même.

Ça mérite une lecture:
Richard MARTINEAU. Awèye à maison ! Journal de Québec, 23 fév. 2012, p. 6.
Aussi sur la version web: http://www.journaldemontreal.com/2012/02/22/aweye-a-maison-, mercredi 22 fév. 2012, 21h50.