7 nov. 2015 - Dans un précédent billet, j'ai exprimé que le rapport Payette ne pouvait pas être neutre, de par le contexte, l'approche, l'auteure, etc. Voilà maintenant que l'Université Laval elle-même, refuse de donner son sceau à la démarche et neutralité de cette recherche.
En effet, après vérifications selon le Journal de Québec, l'Université Laval elle-même, se dissocie du rapport Payette. Selon Samuel Auger, porte-parole de l’institution :
«la recherche de Mme Payette en est une financée par des fonds privés, faite à l’extérieur du cadre de l’Université Laval. [...] C’est elle qui a reçu les fonds et qui les a administrés».
Il ajoute: «Si vous regardez l’étude, elle n’est pas identifiée comme une étude de l’Université Laval. Il n’y a aucune mention de l’Université dans le document.»
[...]
«Elle a choisi de le mettre sur sa page personnelle, répond M. Auger. Je n’ai pas de commentaires là-dessus, c’est un mandat de recherche privé, a affirmé le relationniste. Si vous voulez plus de commentaires quant à la méthodologie et qui a contribué à tout ça, je vous invite à communiquer avec Mme Payette» (Journal de Québec, vendredi 6 nov. 2015)
La pertinence de cette vérification relève du fait que le PQ, l'ex-Première ministre et la chercheuse semblent avoir voulu surfer sur la réputation de l'Université Laval, comme dans le cadre d'études plus encadrées.
Rappel des faits
Le tout émane d'une commande dans le contexte de la défaite du PQ et de Pauline Marois en 2014. La Première ministre (PM) et son parti croyaient passer d'un gouvernement minoritaire à un pouvoir majoritaire. La chercheuse, Madame Dominique Payette, étant une candidate du Parti Québécois (PQ) elle aussi vaincue dans une circonscription de la ville de Québec lors de cette élection, il allait de soi que la compilation de données et un rapport à petit budget relèveraient davantage de l'analyse post-partum après une défaite humiliante du PQ. Il ne suffit pas d'avoir des chiffres pour prétendre à une étude neutre (non partisane en politique).
Pas une étude non partisane
- Le rapport Payette est celui d'une initiée du PQ, candidate à l'élection de 2014. Mme Payette n'est pas seulement une professeur de l'Université Laval, mais était aussi une candidate du PQ battue aux dites élections de 2014, et maintenant auteure dudit rapport sur sa défaite et celle de sa chef. C'est un conflit d'intérêt, si l'on veut faire croire à une étude non partisane, décrivant la réalité pure.
- L'information des 2 «chercheurs» a étrangement «coulé» via un journal (une prétendue fuite du rapport avant sortie officielle), là même où Mme Payette a été employée (a publié avec rémunération). Une équipe de deux chercheurs, ça laisse peu de place à la fuite d'informations. Cela sent le coup de marketing qui a semblé fonctionner durant 48 ou 72 heures, avant de se retourner contre la principale intéressée.
- Le rapport, que l'on nous dit «neutre» ou non partisan, résulte d'une demande d'une première ministre non réélue à une même élection et payé par le budget discrétionnaire de celle-ci; donc une commande.
- L'identification de l'Université Laval n'apparaît pas dans cette «recherche» et l'institution refuse de l'endosser publiquement (1).
- La prétendue étude n'a pas fait de l'écoute dans l'ensemble des médias (non plus de façon scientifique) et ne tient pas compte de l'impact possible, par exemple de Ici Radio-Canada, comme source majeure possible ou même probable d'impacts négatifs pour d'autres partis au Québec et à Québec (2), par exemple, PLQ, CAQ.
- Mme Payette semble opter pour la position selon laquelle les opinions de la gauche politique sont valables, alors que le centre-droit et la droite, c'est l'erreur; le passé. Les conclusions et recommandations seront inévitablement teintées de cette prémisse.
- Les radios privées de Québec sont loin d'être uniformes, en fonction de l'heure, des animateurs et chroniqueurs. Oui les émissions peuvent défendre un point de vue, mais, contrairement à la Première chaîne, l'animateur ne prétend pas faussement représenter la neutralité. Voilà une différence majeure: une émission en est une d'opinion, l'autre est une émission d'une société d'État financé par tous qui se prétend neutre et non partisane, alors que... Et qui elle, a un devoir de neutralité ou de bien séparer les information et opinions exprimés.
- Le rapport contient des affirmations qui ont été démenties avant sa publication, mais ces informations ont quand même été publiées, comme en témoignage Dominic Maurais, un animateur du matin visé par le document. Une déclaration attribuée à ce dernier s'était avérée non fondée et un média avait dû se rétracter. «Même que Le Devoir avait publié un erratum à cet effet, s’excusant même auprès de moi!», déclare le chroniqueur et animateur (3)
Madame Payette et le PQ ont oublié que l'analyse socio-politique n'est pas une science exacte
Un peu comme pour les sondages d'opinions en période électorale et ce, malgré des questions pourtant ciblées, l'analyse socio-politique n'est pas une science exacte, et ne le serait pas encore, même via une étude neutre à gros budget avec plusieurs chercheurs. Il y a des dizaines de paramètres non mesurables ou sujet à interprétation dans une élection. Uniquement dans le temps, une opinion peut changer pour des raisons émotives, ou d'appartenance (identification), etc.
LIRE AUSSI:
Rapport Payette sur le rôle des médias de Québec dans la défaite de Pauline Marois en 2014
(3 novembre 2015)
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1. Sophie CÔTÉ (Avec la collaboration de Sarah Boucher). L'Université Laval se dissocie du rapport Payette. L’étude a été financée par des fonds privés, plaide l’institution. Journal de Québec. Vendredi 6 nov. 2015. (page consultée le 7 novembre)
2. Voici un exemple sur la scène fédérale, pour l'élections d'octobre 2015 ayant porté le PLQ au pouvoir majoritaire et renversé le gouvernement sortant, majoritaire du PCC. Durant la course et en cours de mandat de 4 ans, une étude intéressante aurait été d'aborder la question du traitement des bulletins de nouvelles et éditoriaux ou panels politiques en fonction du média, du parti, du temps accordé par le média, de l'angle choisi, du temps accordé aux élus de la scène politique pour donner la parole à leurs adversaires, etc. Par exemple, si la ministre d'Environnement Canada est intervenu contre le «projet» de Montréal pour bloquer le méga-déversement de 8 milliards de litres d'eaux usées (équiv. de 220000 citernes de 8000 gallons imp) dans le Fleuve Saint-Laurent, le parti au pouvoir (PCC) était alors accusé par certains intervenants de certains médias de s'ingérer dans les affaires environnementales en pleine campagne. Mais si la même ministre avait donné son aval au déversement comme son homologue du Québec, on aurait encore débité le tout sur le compte de la nature de pollueur du PCC décrit comme nourissant une dépendance affective au pétrole et voulant détruire la planète Terre.
3. Dominic MAURAIS. La Recherche-poubelle. Journal de Montréal. 7 novembre 2015.
http://www.journaldemontreal.com/2015/11/07/la-recherche-poubelle
(page consultée le 8 novembre 2015)