lundi 30 avril 2012

Étudiants de l'Outaouais en grève : recours collectif envisagé

OU : VOICI COMMENT PERDRE L'APPUI DES PROFS 

Le temps joue contre les étudiants.
Image : Yapasdpresse.blogspot.
De la même manière que je ne suis ni comptable, ni mathématicien, mais que je sais compter, je ne suis pas juriste mais j'ai eu des cours d'introduction à l'interprétation et à la rédaction des lois et règlements. Il me semble que la cause n'est pas très solide. Tout comme des grévistes qui demanderaient aux tribunaux que leurs soient restituées les pertes de revenus durant la grève, ou comme des boycotteurs qui réclameraient que le service boycotté leur soit restitué comme s'ils ne l'avaient pas boudé. Dans la vraie vie il y a un prix pour nos combats.

Dans le cas des étudiants qui ont obtenu des injonctions pour la dispensation des cours qu'ils ont payé, ces derniers ont été privés d'un service payé dans une grève qui n'a pas de fondement légal évident.

Dans le cas des étudiants qui ont refusé d'assiter aux cours, ils l'ont fait de leur plein gré. Le service a toujours été disponible. Ce sont eux qui ne s'y présentaient pas durant à ce qu'on dit un mois, alors que ce serait plus près de deux peut-être ailleurs? Ce n'est pas facile à vendre à un tribunal.

Comme dans la vraie vie... 
  1. Si c'est une grève, alors ils ont accepté de se priver d'un privilège, d'un avantage, pour une cause jugée prépondérante. Dans une grève véritable, par exemple, il y a des règles pas mal difficiles, comme la privation de salaire des grévistes qui ne rentrent pas au travail, ou le risque d'un lockout de la partie patronale, ou le risque pour les travailleurs de retourner sans avoir vraiment gagné au change, tellement il faudra d'années pour récupérer les pertes. L' "école de la vie" est dure. La vie n'est ni un X-Box, ni un jeu en réseau sur le web. Souvent, il n'y a pas de reprise facile, ni 7 vies. 
  2. Si par contre c'est un boycott en faveur de la cause, alors les étudiants doivent faire avec l'offre sur le marché. C'est comme si je boycotte un moyen de transport, je dois en prendre un autre (au pire la marche ou le vélo). Si je boycotte un produit, ou ici un service en raison de son coût contesté, c'est l'évidence que je doive me replier ou rabattre sur une option. 
Or les options du présent boycott sont limitées:  
  1. Un programme récupéré en le décalant de quelques semaines dans le temps, mais l'offre présente une contrainte; la convention collective des enseignants. On assiste à un choc des droits ou à des attentes contradictoires. Il y a d'un côté ceux (droits présumés ou réels) des étudiants et de l'autre ceux des enseignants. Pariez avec moi que les enseignants qui ont de jeunes enfants ne voudront pas passer l'été à l'intérieur et envoyer les enfants à la garderie. Plusieurs étudiants d'autre part, devront travailler et se soumettre à des horaires. Ce ne sont pas tous des gosses de riches qui ont un filet de sécurité appelé "love money" (l'aide financière des proches). 
  2. Un autre choix serait qu'il y ait d'autres options d'institutions qui offrent les cours non reçus. Ce pourrait être par exemple dans d'autres territoires (provinces, états ou pays) ou dans des institutions équivalentes privés. Habituellement quand on boycotte un produit ou service, on s'assure d'avoir une alternative. Mais presque partout, l'été c'est la relâche de nombre d'institutions, sauf pour quelques cours.
Un socialisme quand il se radicalise, crée une rareté de l'offre des produits et services

Le hic, c'est que le socialisme en progression au Québec depuis 4 ou 5 décennies, tend d'un côté à offrir de moins en moins d'options, comme dans tout socialisme qui se radicalise et s'enracine. Et ceci, non seulement pour les produits considérés comme la merde du marché libre (libéralisme, néolibéralisme, capitalisme, et autres déclinaisons), mais aussi la diminutions sensible pour la variété de l'offre de services. Avez-vous remarqué que les fils de dictateurs ou chefs autoritaires des socialismes et communismes vont souvent étudier à l'étranger. C'est normal, il n'y a plus d'offre quand les élites ont quitté le "paradis" avant que les frontières se referment sur ceux qui restent.

L'été québécois, c'est "sacré"

Je ne sais pas pour la région de l'Outaouais, mais pour le reste du Québec, avec l'été qui arrive à grands pas, les étudiants vont soit se disperser ou sinon, perdre davantage de capital- faveur, déjà en décroissance dans l'opinion publique. Ils vont faire face à une autre réalité, dans un pays que Vigneault appelle "l'Hiver" (parlant du Québec); où en fait la neige peut tomber durant près de six mois par année dans plusieurs régions (d'octobre ou novembre à mars ou avril). Pour un Québécois, l'été c'est donc "sacré", presqu'au sens littéral. 

Malheur au nom de celui ou celle, individu, groupe ou association, qui obscurcira les vacances des Québécois travailleurs. Ce sera la disgrâce assurée pour des années. 

Autres options?

Mais il y a d'autres options difficiles à imaginer, l'annulation pure et simple de la session pour les spécialités qui auraient boycotté les cours depuis davantage de semaines que la fenêtre qui reste avant l'été des profs. D'un autre côté, si les étudiants veulent obliger à livrer les cours au-delà de la date prévue dans la ou des conventions collectives des enseignants, ce sera la fin d'une alliance non écrite.

Enfin, si les étudiants veulent remettre les hostilités à la prochaine rentrée scolaire, ce sont à mon sens des joueurs compulsifs. Car ils risqueraient d'hypothéquer cet autre session d'étude. Et un gouvernement reconduit au pouvoir ou nouvellement élu (scénario probable d'élections prochaines) aura un certain espace de jeu devant lui pour manoeuvrer... 

À mon sens, le Gouvernement a fait un pas important. Les élections inévitables dans la prochaine année de calendrier ou même avant l'été 2012, seront une occasion au peuple de parler... démocratiquement, et ce pour les partisans de quelques cause ou intérêt personnel ou collectif que ce soit.

S'il y a un groupe qui est resté campé sans faire un pas... il semble que ces dernières semaines, ce ne soit pas nos élus. L' "école de la vie" a du bon, celle qui ne peut contourner le temps. Mais elle n'est pas nécessairement payante financièrement. Nos décisions et nos calculs, les mauvais comme les bons, nous rattrapent toujours.

Pensée : Quand c'est toujours la même personne qui a raison et gagne toujours ses arguments, on appelle cela un divorce ou une séparation. Je vous laisse donc sur cette chanson:

Paul Picher - L'Escalier (version live avec paroles)