Il y a plusieurs années, le parolier Luc Plamondon faisait une sortie célèbre au gala de l'ADISQ au Québec, concernant les droits d'auteurs. L'intervention inattendue, largement reprise par les médias (et souvent imitée), a marqué l'imaginaire québécois. Il était question d'équité dans la répartition des revenus générés par les productions artistiques (musicales dans ce cas précis) où il ne recevait que quelques sous par album vendu. Il me semble qu'il avait raison et parlait selon l'évidence. Et son combat m'a semblé apolitique; indépendant du parti politique au pouvoir.
Mais ce qui amène à se poser des questions, davantage encore lorsque la situation économique devient difficile, c'est jusqu'à quel niveau (degré d'investissement) faut-il subventionner les artistes à même les impôts et taxes des contribuables? Et encore, quels artistes ou quelles productions dites culturelles et sur quelle base? Pourquoi un artiste canadien qui voulait faire flotter une banane géante au dessus du Texas pour passer un message politique, devait-il recevoir des subventions de nos gouvernements?
(AU COÛT DE 65 000 $ On se paye une banane géante au-dessus du Texas. 2007)
Qu'on me comprenne bien. Je ne nie pas que plusieurs artistes qualifiés et de qualité aient des revenus trop faibles et mon intention n'est pas de les mépriser. Mais j'aurais actuellement aussi de sérieux problèmes de revenus, si je n'avais pas par moment, ajusté mes aspirations professionnelles, m'accrochant à ma ou mes passions uniquement.
Prenons l'exemple de trois personnes qui ont fait un baccalauréat, l'une en histoire, la seconde en philosophie et la troisième en éducation physique. Aucune de ces personnes n'a le privilège ou la prétention d'exiger que le gouvernement la subventionne à vie, pour qu'elle puisse vivre aisément de sa passion. Si nous transposons la situation d'un diplômé de philosophie, ou d'histoire ou d'éducation physique à celle des artistes et producteurs artistiques, nos artistes ne doivent-ils pas d'une certaine façon, produire un livrable avec lequel ils peuvent vivre avec un minimum d'intervention de l'État; un livrable « viable » en quelque sorte?
Nous sommes forcés d'admettre que la raison pour laquelle certains artistes ont tant de pouvoir, c'est qu'ils ont les micros et tribunes pour revendiquer. Ils utilisent la méthode revendicatrice lors des remises de prix, si populaire en ces années, mais leur combat n'est plus le combat apolitique de Plamondon. Ils visent carrément à influencer fortement, voire renverser, l'intention de vote en pleine campagne électorale, comme nous l'avons vu aux dernières élections fédérales de l'automne 2008.
Le Gouvernement Conservateur avait-il raison? Peut-être pas dans toutes les intentions de coupe. Mais il n'avait probablement pas tort en tout! Chose certaine, le poids média et le poids politique de cette catégorie de travailleurs est peut-être sur-représenté, du seul fait qu'ils utilisent désormais les galas à haute cote d'écoute, des micros, des apparitions et du temps d'antenne sur les tribunes de radio et de télévision d'État, donc subventionnées, pour passer un message hautement politisé et très politiquement orienté (ex. dire à la population pour quel parti ne pas voter).
Bien sûr, comme tout travailleur, ils peuvent négocier ou revendiquer. Mais sur quelle base un artiste ou toute activité qui revêt le drapeau d'une culture « enveloppe-tout », peuvent-ils prétendre que tous leur doivent un revenu garanti dans l'exercice de leur fonction?
Ce qui relève de la culture au sens où ils l'entendent, n'est même pas défini et peut-être même très difficilement définissable.
Si Bombardier ne trouve plus de client pour ses avions et wagons de trains, la compagnie se voit contrainte de mettre du personnel à pieds. Je connais personnellement, plus d'un biologiste (la biologie n'est pourtant pas une science taxée de « molle ») qui ont dû réorienter leur carrière. J'ai même parlé avec un avocat qui, vivant en région comme moi en ces années-là, n'avait pas de travail. Je présume qu'il a dû s'exiler par la suite ou quelque chose du genre. Il y a aussi des ébénistes qui ne peuvent pas vivre seulement de leur passion en raison de l'offre et de la demande. Mais de telles personnes n'ont pas de micro ou de tribune comme les galas Artis, Adisq et autres.
Rejean Pinard personnage
de la série télévisée La
Petite vie. Il aurait pu être
astronaute ou ingénieur,
à ce qu'il dit, mais puisque
ça n'a pas fonctionné, l'État
lui doit l'aide sociale à vie.
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Comprenez-moi bien, je ne hais pas les artistes, et j'ai moi-même une personnalité artistique (aptitudes en arts graphiques et en lettres). Mais la réalité de la vie m'a amené à adapter mes choix de formation. J'ai aussi des gens de formation artistique dans ma famille, mais la loi de la sélection naturelle si chère à notre Québec en ces années, est bien cruelle (sans sentiment) lorsqu'elle est mise en application.
À moins de se faire enseignant, il est souvent difficile de vivre uniquement des arts, de la philosophie, de l'histoire ou de l'éducation physique, et de plusieurs autres disciplines, à leur état pur, et même en biologie ou chimie générales.
La sélection naturelle; comme au hockey
C'est comme pour le hockey professionnel, il y a beaucoup de jeunes dans nos arénas, mais peu d`élus parmi eux joueront chez les pros américains ou dans la ligue nationale. Devrions-nous bientôt payer les joueurs de hockey du junior majeur, qui ne réussiront pas à faire carrière de leur passion, parce qu'ils n'auront pas accédé à un poste dans la LNH ?
La sélection naturelle; comme au hockey
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