lundi 15 juin 2015

Showbiz Québec: retour précoce de Joël Legendre?

Un chantier reconstruction d'image pas tout à fait réussi; trop tôt? trop vite? Préfab? Déni?


(mis à jour 26 juillet 2015, section «Une histoire vraie...»)
Je n'adhère pas à la thèse de l'homophobie dans le déclin de popularité de l'artiste québécois. Pensez seulement aux mésaventures de Tiger Woods, à sa descente, à la perte d'importants commanditaires (sponsers) et de son vernis (image impecc).

Joël LEGENDRE est un animateur, producteur et artiste bien connu de la scène médiatique de l'industrie du spectacle (showbiz) du Québec. Il avait reçu une contravention à Longueuil en septembre 2014 (ville en front de Montréal) pour avoir sollicité des faveurs sexuelles dans un parc public, à un policier en civil. L'artiste s'était exhibé le biscuit trempé et stimulé devant un homme qu'il croyait être un visiteur du parc. Le policier s'était alors identifié, remettant une contravention en vertu d'un règlement municipal. M. LEGENDRE avait tenté d'user de sa notoriété pour éviter le constat d'infraction: «Je suis Joël LEGENDRE!». En mars 2015, la mésaventure a mal tourné médiatiquement, lorsque mise au jour par une journaliste. M. Legendre avait alors tout nié durant quelques jours.

Exhibition dans un parc urbain : quelques étrangetés de ses déclarations du 14 juin 2015 à Radio-Canada

Crédits photo : extrait de l'entrevue vidéo Ici Radio-Canada.ca réalisée le 14 juin 2015
C'est l'image à laquelle fait penser la démarche de reconstruction d'image en cours. Tout doit se régler en une soirée, selon l'artiste. Une large partie du public semble penser autrement.


Joël LEGENDRE, alors qu'il était stationné dans sa voiture, a perçu comme une remise en question de son «intégrité de père», la confrontation par une journaliste sur le présumé comportement sexuel récent


D'une certaine façon c'est un peu normal; particulièrement dans le contexte d'une image au top, d'un artiste qu'on voyait régulièrement à la télé, et qui jouait à fond la carte de celui qui est hors de l'ordinaire: équilibre familial (adoption et aussi via une mère porteuse) et stabilité du couple homo.

Il sous-entend par une réponse, que s'il n'était pas homosexuel, il n'aurait pas eu ce traitement médiatique «spécial» qui a amené sa chute de popularité et sa désapprobation sociale et professionnelle (perte de contrats)


Je n'adhère pas à cette thèse de l'homophobie. Le problème d'image pour un grand média ou commanditaire, serait le même avec un homme vedette hétérosexuel qui semble en contrôle total (et dans le cas de Joël, a tout fait tout pour se donner une image de modèle familial). Pensez seulement aux mésaventures de Tiger Woods et à la perte d'importants commanditaires (sponsers).

Imaginez encore, en contexte québécois, par exemple le chroniqueur et animateur Richard Martineau (médias de Montréal) ou encore un sénateur conservateur de bonne réputation. Choisissons des hétérosexuels, qui nourrissent une image de rectitude et seraient pris la main dans sur le sac dans un parc urbain à s'exhiber devant une promeneuse, devant qui ils commenceraient à se titiller le machin en lui faisant des avances sexuelles explicites... pour finalement, recevoir un constat d'infraction de celle qui serait en fait une policière en civil en service commandé. Chacun usant de sa notoriété pour couvrir la chose. Il y aurait le même effet médiatique et la même chute de crédibilité si la chose venait à être connue du public.

Monsieur LEGENDRE entretenait un image de père et de personnage public postmoderne de l'idéal gay ou LGBT (père par adoption puis par recours à une mère porteuse, couple homosexuel stable, artiste prolifique, etc.), image qu'il a largement nourrie et qui lui a tout autant profité jusque là. Se souvenir que l'effet inverse est le risque de chute de popularité surexposée. Quand on expose ses enfants, sa vie entière et sa maison à la galerie de presse et médias, il faut se connaître soi-même.

Par exemple, Céline DION, beaucoup plus connue que Joël LEGENDRE, se livre occasionnellement au même genre de «portes ouvertes» pour mieux garder le contrôle sur la vie privée et l'image, mais on peut être pratiquement sûr que le couple DION-ANGÉLIL examine ses nombreux placards "walk-in" pour s'assurer qu'il n'y a pas des «squelettes» cachés (histoires sombres) à l'intérieur. Et l'opération vise pour ces milliardaires, à court-circuiter le phénomène des paparazzis et la machine à rumeurs. Mais est-il nécessaire à tout artiste et membre du showbiz du Québec, de jouer le jeu du balcon médiatique et de la parade «royale»? Les dizaines, voire centaines, d'émissions TV et radio auxquelles les artistes sont conviés en continu favorisent ce genre de surexposition dans un milieu artistique québécois restreint (à peine 8 millions de population, moins encore en français). On doit par conséquent nourrir la machine et présenter les mêmes artistes sous tous leurs angles, au risque de ce qui se passe ici.


Des gens du public prétendent qu'un policier aurait dévoilé de l'information privée à une journaliste, faute qui serait plus grave que celle de Joël


Pourtant, du moment qu'une infraction à un règlement municipal est commise, elle cesse d'être de nature privée. L'histoire était discrète (méconnue), oui, mais privée, non. Des cas semblables se retrouvent en cour municipale, selon le cas. Quand on veut rester privé, on garde son machin dans son pantalon dans un parc urbain. C'est comme si un individu roule en automobile à 80 km /h dans une zone de 50. Ce qui n'est pas une infraction criminelle en soit, mais, du moment que l'autopatrouille de police se stationne derrière le conducteur fautif, tous gyrophares allumés, aurevoir l'intimité! J'ai assisté à une arrestation en direct à Québec récemment et une jeune femme au sac-à-dos déambulant avec des amis sur un trottoir en plein jour, embarquée dans une voiture de police, n'était plus dans la discrétion, je peux vous l'assurer. Si elle avait été une personne connue, la chose se savait, c'est sûr.


Un certain déni, dans les réponses de l'artiste: 


  1. Selon la thérapie suivie par l'artiste, c'est la faute en partie à l'intimidation vécue dans la jeunesse; une forme d'auto-dénigrement. Une auditrice d'une émission de radio du matin, a souligné que si toutes les personnes qui ont été intimidées de cette manière dans leur jeunesse avaient le même comportement indécent, «il manquerait de parcs». 
  2. Le scénario bâti de toute pièce pour se protéger (le pipi urgent près d'un arbre pendant un jogging) devient tout à coup pour l'artiste interviewé, «pas tout à faux». Avec son instinct de journaliste et d'interviewer d'expérience, Jean-Luc MONGRAIN, surpris de cette tentative de défense, malgré les faits avoués et largement médiatisés au Québec, relance à peu près en ces mots : «Tout de même, on ne faisait pas pipi sur le côté d'un arbre!». LEGENDRE, un peu honteux, se voit obligé d'acquiescer.
  3. Il n'a pas commis un acte «obscène» (mot employé par Pénélope McQuade) mais «indécent» (Joël LEGENDRE), terme technique plus positif.
  4. En mars 2015, une journaliste et un photographe le poursuivaient comme si son intégrité de père était en cause; tout de même, s'insurge l'artiste! Eh bien, potentiellement, certains aspects questionnent au moins son équilibre. Imaginez un père adoptif ou de famille d'accueil qui se titille dans un parc devant une ou un inconnu...
Pour ceux qui douteraient des aptitudes de comédiens de Joel Legendre, et sur la façon dont il peut passer d'une émotion à son opposée en 1 seconde, je vous invite à regarder cette vidéo humoristique de la série «Une histoire vraie» (fausse) tournée avant la sortie du scandale. Le plus drôle, c'est qu'on y entend son argument de défense sur le bon type qui doit commettre des actes socialement répréhensibles, par une sorte de retour d' ascenseur opposé aux périodes de lumières. Le rapprochement entre la confession à Tout le monde en parle (TLMEP) mise à côté de plusieurs scènes ou interprétations d'acteurs à la fiction humoristique est surréaliste.


Une histoire vraie: Joël Legendre. ÉPISODE COMPLET [Attention : série de cas fictifs humoristiques]

«Une histoire vraie». Saison 1 / Épisode 5 / Durée 22:55
Disponible jusqu'au 1er septembre 2019
http://zonevideo.telequebec.tv/media/19644/joel-legendre/une-histoire-vraie (25 février 2015). Quelques semaines avant la mise au jour de ses frasques dans un parc urbain)


La mise en scène est très convaincante pour faire apprécier son jeu de rôles qui a beaucoup en commun (alternance : détresse, joie, malaises, contrôle de soi, frustration, auto-justification) avec son passage du 14 juin 2015 à TLMEP (montage en différé).
Le mode expressif est étonnament semblable entre le jeu humoristique et le passage à TLMEP. Image extraite de Joël LEGENDRE, «Une histoire vraie»  [une série humoristique]. Saison 1 / Épisode 5 / Durée 22:55 (25 février 2015) http://zonevideo.telequebec.tv/media/19644/joel-legendre/une-histoire-vraie.

La réalité de Joël Legendre rejoint sur certains points (émotions, interprétation du trouble comportemental) la fiction humoristique de la série «Une histoire vraie» qui présente des fausses histoires montées avec humour, qui peuvent presque sembler vraies. Dans cette fiction humoristique où Joël LEGENDRE est présenté en février 2015 comme un maître de combats de chiens à Montréal qui a été condamné après enquête, un psy expose le genre de problème de personnalité auquel l'artiste est confronté, dans une alternance bon gars-gars des ténèbres. On croirait entendre la version rédemption de Joël Legendre, offerte à TLMEP,  4 mois plus tard.

Un témoignage fictif de psychologue rapproche lui aussi le jeu humoristique de la série «Une histoire vraie» ET le passage de l'artiste à TLMEP. Image extraite de «Une histoire vraie»  [une série humoristique]. Saison 1 / Épisode 5 / Durée 22:55 (25 février 2015) http://zonevideo.telequebec.tv/media/19644/joel-legendre/une-histoire-vraie

Tout compte fait, l'opération de reconstruction d'image ne semble pas tout à fait réussie, si on regarde très brièvement aux médias et réseaux sociaux, le lendemain de l'exercice 


Les réseaux sociaux et commentaires sur les blogues du public et des médias n'ont pas le monopole de la vérité, ni celui de la justice, mais ils offrent un indice non négligeable  des perceptions du public sur divers sujets. Se peut-il que sur les blogues, les gens s'ouvrent davantage sur ce qu'ils pensent, plutôt que ce qu'on voudrait entendre; comme s'ils parlaient dans une conversation semi privée (comme dans un bar ou à un groupe restreint), même s'ils sont devant un certain public? Il semble ici que la tentative de retour de l'artiste soit un peu trop tôt et un peu trop non négociable; conservant des relents de déni assez importants et agaçants. Cela aurait dû se régler selon lui, en cette seule soirée pour le public. «C'est simple, rétablissez-moi dans la popularité que j'avais avant les fait, semble dire l'intéressé. Une large partie du public semble penser autrement. Tiger Woods, ça lui dit quelque chose?

Enfin, on n'a pas le droit de parler sur un point additionnel, car les artistes sont souvent intouchables (un sénateur conservateur aurait fait la même chose et c'est fini). Mais, dans ce genre de cas, quand une personne est prise en infraction, ce n'est souvent pas dès la première occasion. Le parc serait d'ailleurs connu pour la manifestation de ce genre de situations inappropriées, fréquenté par des familles en plus. C'est comme lorsqu'un conducteur automobile se fait prendre au volant avec les facultés affaiblies. Cela arrive rarement dès la première infraction. Mais il ne faut pas en parler.