samedi 17 janvier 2015

Québec courtisée pour des olympiques d'hiver

Les barons du CIO manquent-ils de candidats et d'argent pour maintenir un rythme de vie princier? Lors des précédentes décennies, une ville devait supplier pour recevoir les Jeux olympiques. Dans le nouveau contexte, le CIO supplie presque pour des villes candidates.


Pensez-y, il y a des gens qui vivent de ce jeu de sélection. Jusque vers le milieu des années 2000, les grandes villes du monde s'arrachaient le privilège de recevoir les Jeux olympiques. Pour devenir ville hôtesse d'une édition des Jeux, on en est venu à devoir faire vivre ce qui est avec le temps devenu une cour avec ses barons du Comité international olympique (CIO).  Cela a donné lieu à du trafic d'influence. Puis avec la mise au jour du scandale olympique suivi de la récession de 2008, les choses ont changé.

La corruption, ou du moins le trafic d'influence sous forme de cadeaux, donnant lieu au scandale olympique, une réalité AVANT Salt Lake City


La surenchère des cadeaux a commencé auprès de quelques membres dont le vote était à vendre, en quelque sorte et ce avant les Jeux d'hiver de Salt Lake City. Bref, de moins en moins à voir avec la saine compétition et l'esprit sportif.

Certains diront que ce serait la faute des villes, comme Salt Lake City, qui ont offert des cadeaux, argument que l'on doit balayer du revers de la main. Cela reviendrait à dire que c'est de la faute au crime organisé, si un officier de police a accepté d'être corrompu. Il fallait pour que la recette fonctionne, qu'un nombre significatif de membres du CIO soient réceptifs, ou manquent carrément de jugement; eux qui doivent juger les villes candidates...


Corruption chez les juges des compétitions olympiques impliquant un pointage


Et si le trafic d'influence a eu cours avec la sélection des villes, comment ne pas penser que pareille corruption ne se fait pas par les états, auprès des juges pour les compétitions d'hiver ou d'été  basées sur un pointage (ex. patinage artistique, gymnastique, nage synchronisée, etc.)?

Quand le rêve olympique coûte trop cher


Il y a aussi les erreurs et «mauvais calculs» non attribuables au CIO. Ces cités olympiques désertées après les jeux. Suite aux jeux d'été de Montréal, en 1976, le Québec au complet a remboursé les dépassements de coûts durant les 4 décennies suivantes, plusieurs des Québécois l'ont fait en surtaxes sur les cigarettes. Pensez-y, ils ont dû en fumer un coup pour rembourser le lourd déficit des activités sportives :-)

Pour un ordre de grandeur des coûts d'un seul équipement


Par exemple, la construction du nouvel amphithéâtre de Québec, multifonctionnel (hockey, arts et spectacles), coûtera 400 millions $ uniquement pour l'édifice, sans compter les coûts à l'extérieur, les études préalables, les stationnements et aménagements, l'adaptation des réseaux souterrains d'infrastructures, le réaménagement des bretelles d'autoroutes et des voies de circulation, etc. Le maire a dit et redit, «c'est 400 millions !», ce que tout le monde a par la suite nuancé, suite à des questions précises de journalistes et radio men, comme étant pour l'édifice seulement. Pour ce seul site sportif livrable en 2015, on peut donc aisément prédire le coût réel final arrondi au demi milliard de dollars répartis entre le privé, le Gouvernement du Québec, le Gouvernement fédéral et la ville de Québec.

Amphithéâtre multifonctionnel de Québec. Crédits image : image extraite de la vidéo promotionnelle par l'équipe intégrée SAGP (composée de SNC LAVALIN, Architecture ABCP, GLCRM, POPULUS).


Remarquez que trois bailleurs de fonds sur quatre sont puisent dans l'argent public, donc de l'argent des payeurs d'impôts et de taxes. Un chroniqueur bien connu au Québec et qui couvre ce genre d'activités a déclaré candidement que les Jeux olympiques, ça ne coûterait pas si cher que cela à la ville de Québec, puisque «le Fédéral» assumerait une grande partie des coûts. Question : et qui finance le Gouvernement fédéral? C'est l'argent public provenant de nos taxes et impôts.

Les coûts de la sécurité

Seulement en coûts de sécurité, la tenue d'un tel événement peut engager des frais de quelques 2 milliards de dollars.

D'un côté, nous avons les effets positifs des Jeux olympiques:


  • Effet d'entrainement pour les résidents d'un pays stimulés à pratiquer des sports (d'hiver, pour le cas présent). 
  • Québec est une ville de neige et d'hiver
  • Visibilité mondiale du pays et de la ville
  • Effet positif d'un projet / rêve commun comme effet rassembleur pour une société
  • Amélioration de plusieurs infrastructures et création de multiples emplois générés durant les années de préparation (ex. élargissement de routes, amélioration du transport, développement de sites sportifs, ...)
  • Une montagne et des règles, telles une descente de ski plus courte, ça se négocie selon le maire Régis Labeaume. 
  • ...


Mais les effets négatifs ou potentiellement négatifs des Jeux olympiques dans le contexte actuel sont nombreux eux aussi


  • Une nouvelle récession économique comme celle de 2008 encore en rémission, n'est pas à écarter. C'est d'ailleurs une des raisons qui font que les villes se poussent moins au bureau du CIO pour supplier pour des Jeux.
  • Les Jeux non rentables dans l'histoire des Olympiques sont plus nombreux que les Jeux rentables. Les Jeux peuvent être déficitaires et laisser une facture amère plutôt que des revenus. On a déjà joué dans ce film-là pour les jeux d'été à Montréal en 1976, malgré que des infrastructures étaient déjà présentes (comme le Métro de Montréal).
  • Risques élevés de dépassement des coûts (on est pas mal bon pour ça au Québec)
  • Une crise politique ou mondiale peut se pointer à tout moment et ruiner la tenue des Jeux et rendre caduque les investissements monstres. Nous ne sommes pas sans voir la polarisation actuelle du monde (États-Unis, Russie et alliés, Afrique instable, montée d'intégrismes islamistes nationaux ou régionaux et non plus seulement de groupes marginaux, carte du monde en tentative de redéfinition). Autrement dit, la ville de Québec ou toute autre ville pourrait préparer les Jeux pendant 15 ans (ex. option Jeux Olympiques 2030) et voir le rêve brisé par un conflit majeur.
  • Les règles de sélection des villes candidates ont changé en 2006 après la mise au jour du scandale, mais l'humain étant ce qu'il est, il semble que des règles, ce soit fait pour être contourné (du point de vue des profiteurs de l'argent, donc du travail des autres).
  • ...
À mon avis, le contexte politique et économique mondial n'est pas bon pour le risque olympique.  Et Québec ne compte pas 2 millions de population. Mais rêver ne coûte pas cher, par contre. En tout cas l'amphithéâtre devient réalité. Voici à quoi il devrait ressembler, une fois les aménagements terminés.

Vidéo de simulation graphique de l'amphithéâtre multifonctionnel de la ville de Québec