L'affaire du français écrit au cégep constitue un anachronisme culturel et de cheminement scolaire.
En fait, que le ministre de l'Éducation, du loisir et du sport, Yves Bolduc considère l'élimination de l'épreuve de la langue française pour l'admission au Cégep (études post-secondaires ou pré-universitaires) n'apparaît pas si illogique dans le Québec actuel. Voici pourquoi.- Un diplômé du secondaire a passé 11 ans de sa vie sur les bancs d'école. Il a réussi son français.
- Le français de base devrait être acquis à la fin du secondaire. Si l'étudiant diplôme du secondaire, il devrait être admissible au Cégep technique et au Cégep préparatoire à l'université.
- De par ma fonction, j'ai régulièrement à superviser des stagiaires. J'ai eu à faire du coaching de 2 personnes issues de l'immigration. Ces personnes travaillent actuellement (niveau technique), ou étaient sur le point de travailler au Québec (niveau professionnel spécialisé). L'une d'elles occupe un emploi technique et sa connaissance du français écrit et parlé ainsi que la compréhension étaient minimales. L'autre terminait une maîtrise dans une université québécoise sans être suffisamment francisée. Aucune des deux n'a eu a subir la même épreuve du français que les étudiants qui ont grandi au Québec. Ils pouvaient faire réviser leurs textes par des amis et utiliser les correcteurs de français intégrés aux logiciels, ou ajoutés à ceux-ci (ex. Antidote). Parce que ces personnes sont entrées par une autre porte, elles n'ont pas eu à démontrer leur connaissance de la langue, par un test équivalent en français (écrit, compréhension et analyse de texte et français parlé). Les équivalences de diplômes ne tiennent pas compte de la langue du candidat, mais de la spécialité ou de la formation dans un autre pays. Il est donc totalement injuste que pour le volet de la maîtrise du français, on discrimine nos propres citoyens de par la naissance. Je ne dis pas que ces personnes ne devraient pas être reçues. Au contraire, c'est le double standard qui est totalement injuste et peut-être même de ce fait, inconstitutionnel. D'ailleurs, cela explique probablement que l'on ait favorisé une certaine immigration francophone, au détriment d'autres cultures tout aussi, sinon parfois plus aptes à obtenir la citoyenneté. Il apparaît de plus en plus qu'avoir la langue, ne garantit en rien que les néo-canadiens et les candidats aiment la culture d'accueil.
- D'autres qui implantent une entreprise et issus de l'immigration, ne maîtrisent pas davantage le français, mais ils sont chefs d'entreprises. Que faites-vous avec cela?
- Il existe d'autres cours de français au Cégep (au moins 4 lors de mon passage dans le milieu) qui permettront aux candidats d'améliorer leur connaissance du français, s'ils ont réussi le français du 5e secondaire.
Yves BOLDUC, Ministre de l'Éducation, du loisir
et du sport du Québec (MELS). Crédits photo:
extrait de la vidéo de présentation
Assemblée nationale du Québec.
Bref, que l'on veuille bien me dire, comment on explique à un aspirant technicien ou professionnel né au Québec, dont le français (écrit et compréhension) n'est pas suffisamment maîtrisé pour réussir le test collégial, qu'il n'est pas admissible dans un Cégep (technique ou pré-universitaire). Que répondrez-vous quand il vous demandera pourquoi les techniciens et professionnels entrés par une autre porte accèdent aux postes techniques et professionnels, sans eux-mêmes réussir la même épreuve de français, ou sans même maîtriser l'une des deux langues officielles du Canada? Et s'il advient réellement que ceux-que j'ai connu en stage réussissent le même test, je me pose alors de sérieuses questions sur la procédure. A-t-on validé les identités des candidats lors des examens ? Ont-ils une copie du test qu'ils ont pu répéter (apprendre les réponses). Les tests sont-ils changés régulièrement, ou sont-ils réutilisés sur de longues périodes? La question est très sérieuse car nous empêchons des gens qui ont grandi au Québec, de travailler et d'étudier.
Je vous mets au défi de faire passer le test de français aux Québécois qui occupent déjà un emploi de technologue ou de niveau professionnel, particulièrement ceux qui ont commencé à occuper leur emploi au Québec, au cours des 10 dernières années, sans oublier les néo-Canadiens et étudiants étrangers qui se préparent à travailler ici, et surtout, qui ont déjà intégré notre réseau d'enseignement post-secondaire.