mercredi 14 mai 2014

Sur la «discrimination positive» et ses anomalies: quand bonnes intentions génèrent injustice

Depuis les élections du 7 avril 2014 au Québec et un récent jugement en sa défaveur par la cour Suprême aux États-Unis, la justification de la discrimination dite «positive» (imposition de quotas) revient à l'avant-plan. Au même moment, dans les médias, l'ex gouverneure du Québec, une femme qui satisfaisait dans sa fonction au moins deux critères de discrimination positive, fait la manchette pour un procès médiatisée pour fraude potentielle. Madame Lise Thibault est à la fois femme et handicapée. Dans ce qui suit, sont abordées quatre anomalies parmi d'autres, concernant la discrimination positive fondée sur le genre. 

1.  Vous avez dit compétences égales? Voyons voir...

Avec la discrimination dite «positive», la femme en 34e position sur une liste, supplante un homme classé en 1ère place, pour un emploi favorisant la discrimination positive envers les femmes. Donc, pour la «compétence égale», on pourra repasser...

Ce que la plupart des gens des médias ignorent ou veulent ignorer dans ce débat, c'est que la notion de «compétences égales» indique uniquement (dans la fonction publique) s'être classés sur une même liste. Mais sur cette liste, il y a l'équivalent de (j'utiliserai ces termes pour mieux comprendre) «juniors», «intermédiaires» et «seniors». Ainsi, un homme très compétent et de 15 ans d'expérience (ex. prouvé de niveau senior), peut être supplanté par une femme par exemple de niveau junior, mais qui a réussi à se classer sur la même liste d'aptitudes. Ces listes sont souvent construites à partir de connaissances et critères généraux de la fonction acquis en formation ou avec un minimum de préparation. Une même liste d'aptitudes, au public, compte donc en réalité, un large spectre d'expériences et compétences, allant du presque débutant au très avancé.

2.  Lorsqu'un homme vit la discrimination fondée sur le genre (homme, femme), une femme la vit aussi

Presque toujours, lorsqu'un homme vit cette forme de discrimination, une femme, la conjointe, la vit aussi. Et souvent, la famille est impliquée aussi. Là où l'emploi est abondant, un homme trouvera plus facilement une alternative.  Mais en régions et dans les villes avec un plus haut taux de chômage, la discrimination dite «positive» peut causer des dommages plus sérieux aux familles: chômage, endettement, déménagements, report de l'achat d'une première maison, report de la naissance des enfants, etc., même pour un homme plus compétent qu'une candidate retenue (point précédent).

Et la discrimination positive dans un secteur d'emploi ou d'activité finit par atteindre les femmes elles-mêmes, comme ce cas médiatisé en Ontario vers 2010: une femme de l'Ontario a été écartée d'un emploi, pour une femme d'une autre ethnie. Parfois il vaut mieux laisser faire la nature. S'il y a plus d'hommes que de femmes monteurs de lignes à Hydro Québec, c'est peut-être que les femmes n'aiment pas cette activité. Même chose en politique. Inversement, moins d'hommes visent la fonction d'enseignant au primaire et les soins infirmiers.

3.  Ce type de critères risque inévitablement de susciter les tensions et l'injustice

Ce genre de critères risque inévitablement de susciter les tensions et dans les pires cas, la haine, lorsque l'emploi est plus rare. Mais il faut dire qu'au Québec, avec une situation potentiellement à problème, on a le don de créer une crise, comme on l'a vu avec la charte des valeurs du PQ (illogique et pleine de contradictions). La chose a été tellement mal gérée, qu'on ne pourra peut-être plus aborder la question de la protection de la culture d'accueil pendant 10 ou 15 ans, le temps que les véritables radicaux fassent leur nid et radicalisent les autres, en exerçant des pressions sur leur communauté.

4.  La discrimination positive, bien plus qu'un désir d'équité

La discrimination positive et ses quotas : une idéologie très contestable, invalidée récemment pas la Cour suprême aux États-Unis, se révèle par le test social, bien plus qu'un désir d'équité. Au Québec, elle n'est pas appliquée dans le secteur public, pour les fonctions traditionnellement à majorité féminines comme l'enseignement, les soins infirmiers, en bureautique, etc. Cela démontre l'aspect beaucoup plus idéologique qu'équitable de la pratique. Le sens unique de la discrimination «positive» (jamais pro-homme ou pro-mâle) révèle donc que le véritable objectif n'est pas l'équité, mais l'idéologie pour elle-même; un féminisme plus radical.

Conclusion

Quand un gouvernement commence à tripoter ce genre de situations en créant une pseudo-justice (remplacer une injustice par une autre), il crée au moins autant de problèmes qu'il n'en règle. Il y a d'autres façons d'aider les demandeurs d'emplois à se positionner.

De plus, certaines fonctions attirent moins les femmes et d'autres attirent moins les hommes. Peu de femmes aspirent à se retrouver dans une nacelle de cablo ou d'Hydro-Québec, par moins dix degrés centigrades. Peu d'hommes rêvent d'un emploi de bureau du type secrétaire, ou d'éducateur en services de garde de la petite enfance. Les interventions, s'il y en a, ne doivent pas pénaliser ceux qui sont déjà actifs dans un secteur d'activités.