Hydro-Québec fournit de l'électricité d'une manière généralement rentable à un prix abordable pour les résidents du Québec. Pourquoi veut-on privatiser quelque chose de rentable pour une chose aussi essentiel que notre patrimoine énergétique?
La Société d'État réussit même à réinjecter de l'argent dans le Gouvernement en dividendes; près de 2,21 milliards de dollars selon le rapport sur le développement durable faisant le bilan de l'année 2013. Pourtant, périodiquement la même pression revient pour privatiser la Société en tout ou en partie.
Suite au rapport d'Hydro-Québec de mai 2014, la Société nous informe par communiqué du 12 mai 2014
«La contribution d'Hydro-Québec à l'économie du Québec s'est élevée à 6,6 G$ en 2013. Outre le dividende de 2 207 M$ versé au gouvernement du Québec, un sommet, signalons 3 370 M$ en acquisitions de biens et services auprès d'entreprises établies au Québec, 669 M$ en redevances hydrauliques, 245 M$ en taxe sur les services publics, 36 M$ en taxes municipales et scolaires et 31 M$ en investissements communautaires».
(NDLR : G$ = milliards de dollars; M$=millions de dollars; 1000 M$=1G$. Par exemple, une dividende annuelle de 2207 M$=2,207 milliards ou G$)
Vérificateurs-monteurs sur un pylone d'Hydro-Québec du chantier de la Romaine-2-Arnaud. Source : Hydro-Québec, Rapport sur le développement durable 2013. |
Pourquoi faut-il privatiser une Société rentable qui distribue quelque chose d'aussi essentiel que de l'énergie, et qui réussit à le faire à des tarifs raisonnables tout en fournissant un apport de revenus à l'État. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans cette logique qui n'en est pas une.
Le seul argument de produire à coûts moindres en baissant les salaires ne tient pas, car avec la privatisation, ce qui est économisé en salaires va en profit pour les actionnaires. Ceux qui achètent des actions ne veulent généralement pas de petits rendements.
Le seul argument de produire à coûts moindres en baissant les salaires ne tient pas, car avec la privatisation, ce qui est économisé en salaires va en profit pour les actionnaires. Ceux qui achètent des actions ne veulent généralement pas de petits rendements.
La réalité des partenariats de type public-privé impliquant des infrastructures coûteuses à entretenir
Voulez-vous parler de partenariats publics-privés (PPP) impliquant des infrastructures partagées? Revenons-alors sur le pont de Québec? C'est un flop (un «FAIL»). Voulez-vous parler du partenariat pour les gestions des grandes haltes routières du MTQ avec le privé? Là aussi, un flop. Le problème avec ce genre d'ententes, c'est que le privé est bien prêt à prendre des infrastructures «top shape» pour en tirer des profits. Mais lorsque la réalité des coûts d'entretien et de développement frappe et que le privé a en même temps obligation de générer des profits importants pour ses actionnaires, c'est là tout le problème. Une Société d'État comme Hydro-Québec, quant à elle, peut générer des surplus moins importants certaines années, ou même aucun profit à un moment de sa vie, mais si elle ne fait pas de pertes, elle est encore au moins socialement rentable, ne serait-ce qu'en fournissant de l'énergie à coût abordable pour les citoyens du Québec et en maintenant une expertise de pointe chez-nous.
Les Québécois ont collectivement payé pour développer Hydro-Québec
Vous l'avez oublié ou on ne vous l'a jamais dit. Nos prédécesseurs (parents ou grands-parents) ont payé pour acquérir, développer et améliorer notre patrimoine énergétique. Et quand nous sommes arrivés à quelque chose de bien à prix accessible, il faudrait le privatiser. Si on le vend, il faudrait logiquement compenser les ayant-droits que nous sommes par nos investissements publics et ceux de nos parents au moment d'acquérir les sites et infrastructures privés lors de l'opération de la nationalisation de cette énergie et des investissements de mise à la norme. Et dans 20 ans, à qui paierions-nous notre énergie? À qui paierions-nous notre achat d'électricité? À des actionnaires américains, chinois ou russes? Cela ne fait pas de sens.
L'hameçon qui dépasse
Il ne faudrait pas se prendre pour des poissons. Je persiste à croire que quelque chose cloche dans cette histoire. Pourquoi céderions-nous un patrimoine qui fonctionne et a livré 2,2 milliards en dividende au Gouvernement du Québec en 2013? Une fois cédée, une telle entreprise devrait le faire pour des actionnaires privés? Laissez-moi vous dire qu'à long terme, il est plus important de demeurer propriétaires de notre énergie que du monopole du vin. D'ailleurs, on sent que le vent tourne sur cette question du quasi-monopole de la vente de l'alcool. L'alcool pourra toujours être taxé même si sa vente en est davantage privatisée. A-t-on, par exemple, étatisé l'industrie du tabac? Par contre l'énergie c'est vital. Il faut demeurer propriétaire de notre héritage, acquis, développé et consolidé depuis les années 1960.