dimanche 30 mars 2014

Social-démocratie, OU est-ce «so sale démo-crasse» du Québec?

30 MARS 2014. Pourquoi je n'aime pas notre social-démocratie du Québec qui vieillit mal, et pourquoi je me méfie des promesses politiques faisant miroiter un monde idéal dans la coopération, où les riches travailleront pour les pauvres: mon expérience et observation de la social-démocratie fabriquée au Québec.  (dernière modification : mercredi 2 avril 2014)

À 18 ans, sans parents, ma bourse d'étude amputée de moitié

J'ai perdu mes parents étant jeune. J'avais 9 ans au décès de mon père et 14, près de 15 à celui de ma mère. Lorsque j'ai atteint la majorité, les proches qui ont tenu lieu de famille d'accueil avaient leurs propres projets en marche; un enfant déjà né et un autre en chemin. À 18 ans, je devais me prendre en main. Pour moi, c'était la voie tracée de poursuivre mes études au-delà du secondaire, plutôt que de travailler comme commis dans un supermarché. Cependant, le choc fût brutal quand après un été de travail avant la rentrée au cégep, je reçus ma réponse du programme gouvernemental des prêts et bourses du Québec. Malgré mes parents décédés tous les deux, je serais à chaque année d'étude post-secondaire, amputé de la moitié de la bourse d'étude (aide aux étudiants), parce que je travaillais l'été. Un désaveu de l'effort pour un jeune de 18 ans dont les deux parents sont décédés. Pensez-y! Et je n'avais presque pas eu d'héritage, car nous étions 4 enfants et ma mère n'avait pas d'argent et peu d'avoirs à son décès. Croyant à une erreur administrative, j'ai rencontré la conseillère financière du cégep qui m'a confirmé que le Gouvernement n'avait pas fait d'erreur de calcul. Pendant ce temps, plusieurs étudiants avec des parents de la classe moyenne, avaient la pleine bourse et de l'aide parentale en plus. Conclusion: déjà, ce n'était pas vrai que notre système aidait toujours les gens les plus dans le besoin ou qu'il encourageait l'effort.

Un homme déclaré inapte au travail, sans ressources pour enterrer sa femme pendant que des gens valides supportés par le système ne travaillent pas

Un jour, en faisant du bénévolat, j'ai parlé avec le père d'une connaissance de mon âge. Ce dernier était déclaré officiellement inapte au travail par l'État.  Lorsque sa femme est décédée de mort naturelle, l'homme n'avait pas d'argent pour la sépulture. L'homme s'est mis à pleurer à chaudes larmes en me racontant les faits. Cela m'a révolté, car d'un autre côté, je connaissais beaucoup de gens en bonne santé qui se levaient au milieu de la journée et profitaient de l'aide sociale (financière) du système de notre social-démocratie. Des sympathisants et membres de groupes criminalisés de notre ville, touchaient des prestations de l'aide sociale. À cause de cela, des gens qui avaient réellement besoin d'aide en étaient privés.

Les «sans abris»
L'échec de notre système me révolte encore, chaque fois que je vois ou que j'entends parler des sans abris ou itinérants. Au Québec, les droits et libertés ont dépassé toute logique. Droit de se droguer, droit de gâcher sa vie. Droit de se placer volontairement en situation précaire pour ensuite descendre dans la rue afin de réclamer le support financier et le revenu minimal garanti pour tous. Il faut, dit-on sur la base des chartes des droits, respecter leur choix, surtout ne pas les placer sous tutelle, alors qu'ils ont pourtant perdu le contrôle de leur vie. C'est le nouvel humanisme postmoderne et post-chrétien. On fait l'inverse en s'ingérant dans la vie des classes moyennes. Pourquoi alors est-il interdit de penser à imposer un cadre à des gens qui sont sans abris, souvent des personnes mentalement affectées (psychotiques, schizophrènes, dépendants aux drogues, personnes désorganisées, etc.).

«L'État-tentacules»

À l'inverse, les tentacules de l'État envahissent les activités des travailleurs et familles des classes moyennes, à tous les niveaux, en étatisant et s'appliquant à étendre ses pouvoirs pour décider de tout ce qui touche à leur vie: les moyens de transport que devraient choisir les familles et travailleurs, les services de garde, le contenu de la boîte à lunch à l'école, les valeurs transmises des parents aux enfants, etc. Étrangement, dans notre cas, le discours ne dit pas qu'il faut respecter notre liberté. Bienvenue dans la social-démocratie québécoise.

Refus de soutien temporaire pour une formation pour démarrage d'entreprise ou pour travailleur autonome

À la fin de mes études, je vivais comme pigiste dans la région du Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, dans des fonctions liées à des contrats en excavation. Quand la situation économique s'est détériorée au Québec dans les années 1990, j'ai suivi le travail en changeant de ville à quelques reprises, mais faisant le choix de demeurer en région. À ma diplomation, les cours suivis n'étaient pas informatisés. L'informatique faisait son entrée en formation. Les techniques de ma spécialité ont changé radicalement avec la technologie liée à la cartographie des données et la généralisation de l'informatique. J'ai pu bénéficier d'un programme fédéral de formation de la main d'oeuvre, d'une durée de 4 trimestres intensifs. Celle-ci, basée sur une consultation réalisée auprès de 300 entreprises, était réservée aux technologues et professionnels ayant déjà à travailler à acquérir, utiliser et gérer de l'information sur le territoire (aménagement et urbanisme, foresterie et ressources naturelles, agronomie, etc.), mais qui en raison de leur manque de connaissances des outils informatiques (anciens diplômés) risquaient de se retrouver dans une impasse, et confinés dans des emplois saisonniers.

Après cette mise à niveau, il m'a fallu quelques mois, pour réintégrer un emploi relié à mes compétences; des mois particulièrement difficiles. Un hebdomadaire régional publia une offre de formation subventionnée pour le lancement d'une entreprise OU pour devenir travailleur autonome (mon choix); une combinaison de formation, de démarchage et de coaching de 13 semaines. Bénéficiant déjà d'une aide temporaire, le temps que je vivais cette transition professionnelle plus difficile, je pensais annoncer une bonne nouvelle à mon agent gouvernemental. Au contraire, je me suis fait refuser le droit de recevoir ce coaching temporaire si je continuais de recevoir de l'aide. Plus exactement, si je m'y inscrivais, je devrais retourner dans le système des prêts et bourses aux étudiants pour vivre. Pendant ce temps, des membres de groupes criminalisés et des prisonniers touchaient une aide gouvernementale mensuelle. Cette interprétation me paraissait insensée dans le contexte, car si je restais à RIEN faire, je pouvais continuer à toucher ces revenus. Bravo, social-démocratie québécoise! On refusait de me laisser le soutien financier minimal que je recevais déjà, comme si je voulais suivre une formation régulière au DEC ou au bacc universitaire, alors que c'était un coaching vers l'autonomie. Décidément, ce système! Comme je ne pouvais m'endetter avant même de devoir demander un prêt pour acquérir le système informatique et les logiciels spécialisés, j'ai continué à être un québécois qui «cherche un emploi»; un serf d'une seigneurie. P'tit Québec!

La paperasse québécoise liée à la fiscalité d'une petite entreprise ou d'un travail autonome : surmultiplication de normes ou règles qui découlent du regard de l'État en tout

L'autre problème connexe à me lancer comme travailleur autonome, était la complexité de la fiscalité au Québec. Tous ceux que je connaissais qui avaient une entreprise devaient faire affaire avec un service comptable, ou avoir un employé dédié, car au Québec, c'était (et c'est) le royaume du contrôle et de la complexité. Nous sommes les héritiers du point-virgule. Je ne pourrais me permettre cela au départ. Mon énergie devrait aller à développer mon service aux professionnels et organismes et à livrer des produits réalisés; pas à remplir des formulaires et annexes pour l'État. Oui, j'étais prêt pour des mois à faire des semaines de 60 ou 70 heures, mais pas des heures par semaine pour satisfaire le voyeurisme administratif de producteurs de paperasse québécois, spécialistes en rédaction de normes fiscales complexes. Je voyais bien, dans mes déclarations d'impôts annuelles, une au fédéral et l'autre au Québec, que la version québécoise était toujours infiniment plus complexe (plus de règles, d'exceptions, de calculs). Ce ne serait certainement pas plus simple comme travailleur autonome

Qualifié sur quatre listes de compétences pour des postes dans la fonction publique au Québec: la «discrimination positive» se pointe

Dans les régions au Québec, beaucoup d'emplois de qualité sont liés aux gouvernements provincial et fédéral, aux services publics, au secteurs municipal et supra-municipal, etc. (incluant éducation et santé, emplois pour les villes, emplois liés au marché public de la construction, à la gestion du territoire comme foresterie, aménagement du territoire et urbanisme, géomatique etc.). À partir de la mi-trentaine, j'ai comme plusieurs technologues et professionnels des régions, concouru pour des postes réguliers dans la fonction publique. Je me suis classé sur quatre listes d'aptitudes de différentes disciplines, en fonction de mon cheminement précédent. Ces listes devaient servir à combler des postes réguliers. On a pourtant commencé à me proposer des emplois de courte durée (ex. aussi peu que 5 mois). Face à mon étonnement, une dame m'a dit au téléphone, qu'en raison des politiques d'emploi (discrimination positive) priorisant les femmes, les personnes handicapées et les minorités visibles, bien que j'avais les compétences requises pour l'emploi proposé, et plus d'expérience, elle était contrainte à placer 4 femmes avant moi. J'appris donc que «compétence égale» signifiait être sur une même liste sur laquelle certains candidats avaient 2 ans d'expérience; d'autres 15 ou 20! Ce n'était donc pas une «compétence égale» au sens habituel ou présumé par les médias. Le socialisme hyper-interventionniste et contrôlant,  redéfinit les mots pour mieux imposer ses réformes.Une fois de plus, la social-démocratie du Québec me nuisait au lieu de m'aider. J'étais maintenant catégorisé comme un mâle blanc, sans handicap. Et en plus, ayant atteint ou dépassé l'âge de 35 ans, sur une espérance de vie autour de 80. Donc, même ce qui aurait dû constituer mon avantage, soit mon expérience diversifiée, cela se retournait contre moi. D'autres programmes d'accès à la fonction publique québécoise favorisaient en effet les jeunes de moins de 35 ans et les nouveaux diplômés. Ces divers critères de discrimination «positive» fondés sur le genre (femme vs homme), les handicaps, l'ethnie et l'âge suffirent à me recaler à répétition. Je poursuivis donc en emploi de durée non déterminée, mais au moins, avec des contrats d'embauche supérieurs aux 5 mois qu'on m'offrit à quelques reprises.

Refus de financement pour l'accès à une première propriété par l'institut financier de type coopératif bien connu au Québec (mon clin d’œil au parti d'extrême-gauche, Québec solidaire)

Passé la mi-trentaine, une institution financière de type coopératif bien connue au Québec me refusait le financement pour l'accès à une première propriété, parce que je j'étais un contractuel et que nous avions fait le choix, que mon épouse reste à la maison le temps que nos enfants entrent à l'école. Or le choix, voilà ce qui répugne à notre système québécois de tendance très gauchiste

J'étais membre depuis la caisse scolaire de cette institution coopérative financière. Et comme les conditions économiques régionales étaient fragiles, je suivais le travail où il se trouvait. Mes employeurs au privé dépendaient de contrats avec des clients, et ceux du secteur public étaient tributaires des subsides annuels pour embaucher au-delà d'un noyau restreint de salariés avec une carrière à vie. Au lieu d'être vu comme de la débrouillardise et de la polyvalence, mes changements d'employeurs liés à des fins de contrats, étaient perçus par «le mouvement coopératif» comme de l'instabilité. Plusieurs de mon âge pour ne pas dire la majorité, avaient quitté la région vers les grands centres et ne connaissaient pas cette situation difficile du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie où le chômage en hiver était important, même pour plusieurs travailleurs (ex. des 14% ou même 17 % de chômeurs en hiver par moment, dans les dures années), et où quand il y a avait une offre pour un emploi régulier de qualité dans ma spécialité, une foule de candidats d'autres régions plus prospères appliquaient.

Un jour, exaspéré d'un deuxième ou troisième refus de la part du logo vert bien connu, pour un petit prêt hypothécaire, toujours sur un ton «maternaliste» ou paternaliste, empreint de fausse empathie, je me suis «révolté» contre ce socialisme coopératif inaccessible. Je suis allé, croyez-le ou non, au comptoir de ces «méchantes» banques qui nous étaient décrites, comme dévoreuses de Québécois, par des partis politiques de gauche comme le PQ et aujourd'hui, comme Québec Solidaire ou Option Nationale. Le comptoir de services d'une banque canadienne (hérésie!) était situé dans un lieu commercial (sacrilège, le commerce, le capitalisme!) près de mon travail. La réponse de la dame fût simple: «Tu as toujours travaillé ces trois dernières années même si tu as changé d'employeur? Amène-moi tes avis de cotisation d'impôts. Nous allons regarder à ton historique personnel, d'autant plus que l'hypothèque demandée est raisonnable». De la musique à mes oreilles. Voilà. Après 20 ans de préjugés face aux banques, c'était réglé en 20 minutes d'entrevue pour une pré-autorisation verbale de financement hypothécaire. Il ne restait qu'à fournir les preuves et signer. Lorsque la conseillère de la caisse où étaient centralisées les analyses de demandes d'hypothèques pour ma ville apprit que je signerais le jour-même, les documents avec une banque, suite à son refus du matin, elle ne me croyait pas. Elle retourna consulter ses supérieurs et revînt avec une acceptation... Vive les banques! Mais il faut quand même bien choisir et comparer.

Ma conclusion : Social-démocratie, ou est-ce «so sale démo-crasse»?

Dans plusieurs aspects, j'ai donc soit vécu moi-même, sinon observé les injustices économiques et contraintes de ce système qualifié de «modèle québécois», déficitaire en passant, que l'on devrait, dit-on, exporter au monde entier. Cette social-démocratie fabriquée au Québec (ou est-ce une «so sale démo-crasse»?) [Youtube ajustez votre VOLUME sonore] elle vieillit très mal, comme Elvis Presley, lorsque ce dernier avait atteint la quarantaine. Le système m'a au moins autant nui, qu'aidé. Débutée de façon rationnelle dans les années 1960, notre social-démocratie québécoise a étendu depuis, ses tentacules et s'égare de plus en plus. Elle lorgne le marxisme que l'on voudrait bien faire avaler aux jeunes, dans les futurs cours d'histoire. Cette doctrine détruit les économies partout où elle fait son nid. Selon un sondage réalisé par Ekos en février 2014, 11% des Québécois francophones et la moitié des anglophones et allophones envisageaient quitter le Québec. Les partis oranges et philosophes de carrières du business de l'éducation qui la promeuvent et nous disent de déposer notre argent à tel ou tel endroit coopératif et solidaire ne m'atteignent plus. Même chose pour tout parti qui propose un monde merveilleux où tout le monde aura l'argent de l'État et des coops, tandis que les riches travailleront pour les pauvres. Il faut vraiment être déconnecté pour croire cela, quand on sait que mis en pratique ailleurs, ces systèmes ont fait fondre les classes moyennes et suspendu les libertés de choix et de mobilité des citoyens. Ce qui est le plus pervers, c'est qu'alors que le capitalisme modéré ne se cache pas de quand même vouloir faire de l'argent, les solutions de la gauche économique se présentent comme des économies pour l'équité et la liberté. Mon expérience vécu depuis l'âge de 18 ans me prouve le contraire. Ou plutôt, je dirais les deux systèmes ont leurs limites propres. Car j' ai aussi été piégé par des employeurs qui étaient de purs pratiquants du capitalisme (le résultat d'ententes sur la gueule, sans témoins avec conditions salariales ou autres, non respectées, l'absence de contrats de travail écrits, ...). Une boutade dit: Quelle est la différence entre le capitalisme et le communisme? Réponse: le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Et le communisme? C'est exactement le contraire. ;-)

Ma dernière chaîne intellectuelle fut la Première...

La dernière chaîne de mon cheminement vers mon affranchissement fut la Première Chaîne ou Radio-Cadenas Radio-Canada, dans sa version franco-québécoise. Comme un majorité de Québécois, j'ai cru à tort pendant de nombreuses années, que la Société qui opèrent des réseaux d'État (sous formes de d'information, de nouvelle et de divertissement) était forcément plus objective et impartiale, parce que gouvernementale et non liée principalement par des commanditaires (sponsors) pour son contenu. Ses réseaux (TV, radio, web) étaient donc, à ce que je croyais, les plus objectifs qui soient. Mais près de trois décennies de vie adulte ont bientôt fini par me libérer de la Première Chaîne comme principale source d'information, lorsque j'ai diversifié mes sources de nouvelles et d'opinion, et surtout après avoir suivi plusieurs débats sociaux de près en comparant le message entre l'émetteur et son traitement en fonction du réseau ou du média. Je ne m'y fie vraiment plus pour un point de vue impartial; ni en politique, ni pour les débats et enjeux sociaux. Même dans son volet divertissement, la Société d'État méprise tout ce qui valorise la responsabilisation des individus. Elle crie pour la liberté, mais toujours pour réclamer plus d'interventionnisme et encadrement de l'État OU plus de subventions pour contrebalancer les effets négatifs réels d'une vie sans norme. Et qui dit étatisation, dit perte de la liberté de choix. Tant que nous nous bercerons de cette pseudo-information qui est en réalité de l'éditorial philosophique, sinon politiquement orienté, où l'angle de chaque nouvelle est soigneusement choisi, nous entendrons parler de liberté de choix, mais dans les faits, la liberté de choisir est ce que nous aurons de moins en moins au Québec. Pour la Société d'État, la liberté se résume aux pratiques sexuelles. Pour le reste, de son point de vue, notre social-démocratie doit imposer un État de gauche omniprésent, omnipotent et envahissant, dans toutes les autres sphères de la vie, jusque dans la boîte à lunch à l'école. Par contre, on veut légaliser les drogues...

Diane Dufresne chantait sur Elvis. Dans cette chanson souvenir, elle dit qu'Elvis vieillit mal. Je dis que c'est la même chose pour notre social-démocratie fabriquée au Québec.

Diane Dufresne en France en 1967. Elle est présentée par Félix Leclerc puis introduite par un animateur à un show TV. J'intègre cette vidéo hors-sujet (sauf qu'elle a chanté une décennie plus tard qu'Elvis vieillissait mal comme je trouve aussi notre social-démocratie), parce que c'est un souvenir fort intéressant, d'une artiste et interprète québécoise.