dimanche 30 juin 2013

Constitution égyptienne de Morsi, 2012 : DANGER en quelques exemples

30 juin 2013.
La constitution égyptienne défendue par le président Morsi, décembre 2012, contient des affirmations et leur contraire.
Il est d'ailleurs étrange que l'on ne trouve pas en ligne une traduction française de cette constitution, plus de 6 mois après son adoption. Je me tourne donc vers d'autres, sources, dont ici la traduction d'un commentaire sur la constitution égyptienne, posté sur le site EgyptIndependent.com.

Début de la traduction
ajouts entre [ ] et retraits [...]
«La constitution renferme plusieurs dangers, et pour être plus précis, elle trompe les gens. Ce qu'elle accorde d'une part, est complètement enlevé avec l'autre main. Les Articles 219 +2 +4 +10 +44 +47 +48 soumettront l'Égypte à un régime despotique religieux bien pire que la règle d'Inquisition du Moyen Âge. La liberté de presse est accordée d'une part et immédiatement complètement minée par l'expression vague mal définie, «sauf quand il n'est pas dans l'intérêt de "la sécurité nationale"». L'article 10 prévoit une aide pour les veuves et les mères et les enfants, mais en même temps ouvre grand la porte à un pouvoir inquisitorial de l'Etat sur la vie familiale [L'État peut par exemple, régir les activités professionnelles publiques de la femme, article 10, voir traduction corrigée ci-dessous]. L'article 4 accorde l'indépendance à Al-Azhar, mais en même temps il fait de cette institution religieuse, l'autorité qui doit être consultée sur les questions de la loi islamique [base des lois et tribunaux, selon l'article 2 !]. L'Article 219 donne un tout autre sens à l'article 2, qui stipule que les principes de la loi islamique (charia) constituent le fondement de la législation [fondement des lois civiles et criminelles du pays]. L'Article 219 modifie totalement le sens de «Principes» [plus général] en insérant dans sa définition [définition de principes étant] toutes les sources religieuses de l'islam et sa première jurisprudence, donc en transformant le terme «principes» pour faire référence aux saints écrits du Coran, à tous les grands livres de Hadith (paroles du Prophète ) et à leurs interprétations et bien plus encore ... cette comptabilisation des histoires et des décisions [jurisprudence islamique séculaire de la branche sunnite majoritaire] portant sur des dizaines de milliers de pages ... Ceux-là deviennent les «principes de la loi islamique", qui constituent le fondement du droit [criminel et civil] énoncé à l'article 2. En plus, l'article 219 révèle dans quelle mesure ce projet constitutionnel est sournois. En même temps, cette constitution a supprimé l'article de 1971 relatif à l'interdiction des partis politiques fondés sur une base religieuse. Ce sont seulement quelques uns des points. Mais il y a beaucoup d'autres questions qui demeurent très problématiques dans cette constitution. Ces éléments additionnés vont contribuer à l'établissement d'un État islamique très despotique. Cela n'a rien à voir avec l'islam en tant que religion. C'est une application d'une [...] idéologie de type islamisme politique» (1).

Fin de l'extrait

Selon l'auteur, cela a plutôt à voir avec un programme politique d'islamisation.


Quelques articles de la constitution, traduction préliminaire en langue anglaise sous le régime Morsi, trouvée sur EgyptIndependent.com
(L'article stipule qu'il s'agit d'une traduction préliminaire)

  • Article 2

Islam is the religion of the state and Arabic its official language. Principles of Islamic Sharia are the principal source of legislation.



  • Article 219

The principles of Islamic Sharia include general evidence, foundational rules, rules of jurisprudence, and credible sources accepted in Sunni doctrines and by the larger community.

  • Article 4


Al-Azhar is an encompassing independent Islamic institution, with exclusive autonomy over its own affairs, responsible for preaching Islam, theology and the Arabic language in Egypt and the world. Al-Azhar Senior Scholars are to be consulted in matters pertaining to Islamic law.


  • Article 10

The family is the basis of the society and is founded on religion, morality and patriotism.


The State is keen to preserve the genuine character of the Egyptian family, its cohesion and stability, and to protect its moral values, all as regulated by law.

The State shall ensure maternal and child health services free of charge, and ensure [2] the reconciliation between the duties of a woman toward her family and her work [3].


The State shall provide special care and protection to female breadwinners, divorced women and widows.




  • Article 47

Access to information, data, documents and statistics [4], and the disclosure and circulation thereof, is a right guaranteed by the state, in a manner that does not violate the sanctity of private life or the rights of others, and that does not conflict with national security.

The law regulates the rules for filing and archiving public documents, the means of access to information, the means of complaint when access is refused, and the consequent accountability.


LIRE Aussi:
La nouvelle face de l'Égypte (30 juin 2013)

_______________
1.  Youssef Habib. sur le site EgyptIndependent.com, 8 décembre 2012.
http://www.egyptindependent.com/news/egypt-s-draft-constitution-translated
«The constitution is full of dangerous problems, and to be more accurate it misleads the people. What it gives on one hand it fully undermines it with the other hand. Articles 219+2+4+10+44+47+48 will submit Egypt to a religious despotic rule much worse than the Inquisitional rule of the Middle Ages. Freedom of the press is given on one hand and immediately fully undermined by the loose undefined expression of except when it's not in the interest of "National Security". Article 10 provides some help to widows and mothers and children but at the same time opens the door wide for an inquisitional power of the State on Family life. Article 4 gives independency to Al-Azhar but at the same time it makes that religious institution the authority to be consulted for Islamic law issues. Article 219 changes completely article 2 which states that Principles of Islamic Law (Shari'a) are the foundation for the legislation. Article 219 totally change the meaning of "Principles" putting in its definition all the religious sources of Islam and its first jurisprudence, i.e. transforming the term "principles" into the books of Holy Coran, all the main books of Hadith (sayings of the Prophet) and their interpretations and much more... alll this accounting for stories and rulings covering tens of thousands of pages... These become the "principles of Islamic law" which are the foundation of legislation stated in article2.  Putting article 219 separately shows to which degree this constitutional project is devious. At the same time this constitution abolished the 1971 article regarding the prohibition of political parties founded on religious basis. These were only few points. But There are many other issues too which are very problematic in this constitution. Alll of them will work together towards establishing a very despotic Islamic state. This has nothing to do with Islam as a religion. It is an application of a Sayyed Kotoub & Wahhebite Political-Islam ideology.»

2.  Contient des éléments positifs mais ouvre la porte à s'ingérer dans les activités professionnelles et l'engagement public de la femme;  selon Youssef Habib, l'expression «and enable the reconciliation between» devrait plutôt être traduite «and ensure the reconciliation between». Voir la note 3.
       
3.  Concernant les nuances du texte en arabe, selon  Youssef Habib, il est très important de considérer la dernière partie de cette expression, c'est-à-dire : "duties of a woman toward her family and her work".
          «[...] En langue arabique, il ne s'agit PAS de «son travail» au sens large ou domestique, mais de son «occupation publique»,  'Amalouha el 'Aam, ce qui réfère soit au travail à l'extérieur du foyer ou à son occupation publique, par exemple dans un [éventuel] engagement politique. Ces nuances sont très importantes» (Texte original : «[...] in Arabic it is NOT "her work" but "her public work" 'Amalouha el 'Aam, which denotes either work outside her family duties or public work as in politics. These nuances are very important»).
La constitution met donc en place un mécanisme qui peut servir au besoin, pour contrôler l'accès de la femme à la vie publique et politique.         

4.  Même les statistiques font peur à l'État; ceci ouvre la porte à ne pas diffuser et empêcher la diffusion, des informations d'intérêt commun. Si la presse majoritairement de gauche au Québec accepte tout cela, alors...