La Commission Charbonneau OU Commission sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, sous sa vraie dénomination, a terminé ses douze travaux.
(mise à jour : 2015-11-31)
Les Québécois l'ont demandée, ils l'ont eue mais le résultat tant attendu, consiste en un volumineux rapport sans poursuites immédiates.
Heureusement, il ne faut pas oublier l'UPAC (Unité permanente anti-corruption) qui existe toujours
Jusqu'à présent, l' UPAC semble faire son travail dans les villes du Québec. Mais comment dénoncer des pratiques louches à ces entités, quand on ne parvient pas à se souvenir du nom attribué par des fonctionnaires à celles-ci? Si un entrepreneur intimidé ou victime de mauvaises pratiques dénonce à un agent de police de la SQ ou de sa ville, au téléphone, qui peut lui garantir que sa plainte ne finira pas sur le mauvais bureau, avec son nom et ses coordonnées?
Deux comparutions devant la Commission Charbonneau particulièrement médiatisées m'avaient inspiré deux caricatures (Fig. 1 et 2)
Bernard GAUTHIER alias «Rambo» (voir fig. 1)
L'insaisissable témoin a dit en Commission et sur le plateau de TLMEP qu'il ne faisait que «parler fort» selon la culture virile du milieu de la construction. Il est devenu un genre de héros régional pour les uns, et une honte pour les autres. La FTQ a même dû préciser récemment que M. Gauthier ne parlait pas en son nom lors de certaines sorties publiques. Son témoignage en chandail à rayures lui donnant une allure d'écolier, devant la Commission avait semblé avoir séduit la juge Charbonneau. L'imagerie populaire n'en a retenu que la soupe chaude qu'il fallait aller chercher à plusieurs kilomètres d'un chantier pour approvisionner les travailleurs; une dépense constituant une goutte d'eau dans un océan d'argent public. La banalisation de son témoignage dans la mémoire populaire est-elle le fruit du mauvais travail des journalistes ou de la Commission?
Fig. 1. Bernard GAUTHIER alias «Rambo»
Bernard GAUTHIER alias «Rambo», un représentant syndical de la FTQ-Construction. Considéré comme "gros bras" syndical de la région de la Côte-Nord, au Québec. Soupçonné d'intimidation, il s'est fait connaître dans le contexte de l'important chantier de la Rivière Romaine. |
Marché public de la construction (Industrie de la Construction) en lien avec la mafia?
Les contrats ne sont pas tous nets à Montréal, selon ce que suggérait la Commission, ce qui serait particulièrement vrai pour les trottoirs (allées piétonnes bétonnées, fig. 2) et les égouts. Un témoignage surréaliste, celui d'un témoin Montréalais en lien avec la construction, homme d'origine italienne, lequel prétendait ne pas savoir ce qu'est la mafia. Il n'en était que moins crédible. C'est fou comment dans nos sociétés les règles peuvent entraver le travail de la justice contre ceux qui ne les suivent pas. De la sorte, la corruption progresse lentement mais sûrement, jusqu'à un mandat extraordinaire d'une commission. Selon les résultats mitigés de la Commission Charbonneau, il ne semble pas que celle-ci soit de cette trempe. La corruption me rappelle certains bars sans clients qui sont toujours ouverts (blanchiment d'argent?) alors que d'autres restaurants ou bars doivent fermer pour des raisons économiques, avec pourtant plus de clientèle.
Fig. 2. «La mafia? Jé sé pas! (...) Cé des bonnes personnes?!»
Marché public de la construction au Québec et intimidation avérée par des preuves? Pas toujours de preuve «béton» en construction
En parallèle à la Commission Charbonneau, autre caricature dans le contexte de l'intimidation dans la région de la Côte-Nord (fig. 3), au Québec, pour le marché de la construction publique (financée par l'argent des contribuables). Une autre entité publique, la Commission des relations du travail attestait de pratiques d'intimidation courantes, avec disait l'organisme, preuves à l'appui sur la Côte-Nord au Québec, notamment dans l'important chantier de la Rivière Romaine. C'est dans le contexte de ce chantier que s'est révélé à l'ensemble du Québec, le personnage coloré de Bernard GAUTHIER alias «Rambo».
Devant un tribunal pour une cause particulière, il faut plus qu'un témoignage anecdotique. Il faut des dates, des témoins, et ainsi de suite. Même des témoignages enregistrés ou filmés par une victime sans le consentement de l'intimidateur peuvent être rejetés par un tribunal. Donc on a des condamnations qui vont en tribunal d'appel et les choses peuvent traîner sur 10 ans. Peut-on espérer que se lève un Eliott Ness du Québec?
Fig. 3. Local 791 (Côte-Nord)
Intimidation présumée sur la Côte Nord au Québec, notamment dans l'important chantier hydro-énergétique de la Rivière Romaine |
Difficile d'obtenir des témoignages en raison d'une forme «d’omertà»
L'étrange blessure de Ken Pereira
On pourrait encore parler de Ken Pereira, ex-cadre affilié à la FTQ-Construction qui s'était auto-«tabassé» en chutant dans son escalier le matin du 8 octobre 2013, faute d'avoir bien noué ses lacets... Timing plutôt étrange pour un initié syndicaliste qui se mettait à table devant le trio de commissaires, pour dénoncer certaines pratiques administratives de hauts-gradés de son syndicat. La vie a de ces hasards, parfois. Il a fait un passage remarqué à TLMEP deux semaines plus tard en novembre 2013.
EN RAPPEL - Quelques clés de compréhension du marché public de la construction (Industrie de la Construction) au Québec
- Sont concernés les contrats publics de construction avec le gouvernement du Québec, les sociétés d'État du Québec et ses villes ou municipalités. Ne sont pas concernées les autres activités comme les contrats informatiques, les activités internes des régies comme Hydro-Québec, etc.
- Industrie de la construction : le marché de la construction pour lequel les certificats (cartes) de compétence des travailleurs sont émises par la CCQ.
- CCQ : Commission de la construction du Québec
- Comité de transition : Comité de travail ayant pour fonction de formuler au ministre du Travail des recommandations sur les normes à prévoir dans le premier règlement déterminant le fonctionnement du Service de référence de main-d’œuvre de l’industrie de la construction. Ce règlement est prévu pour le 2 décembre 2012.
- Loi 33 (Québec, 2011): Loi nouvellement adoptée, elle interdit le placement syndical et introduit la notion de "référence de main d'oeuvre" (loi adoptée et sanctionnée le 2 déc. 2011). Projet de loi no 33 (2011, chapitre 30) Loi éliminant le placement syndical et visant l’amélioration du fonctionnement de l’industrie de la construction (http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2011C30F.PDF )
- "Rambo": surnom donné à Bernard GAUTHIER, un représentant syndical de la FTQ-Construction. Considéré comme "gros bras" syndical de la région de la Côte-Nord, au Québec. Soupçonné d'intimidation, il s'est fait connaître dans le contexte de l'important chantier de la Rivière Romaine. La médiatisation du personnage a été une illustration qui manquait à l'imaginaire populaire, pour entamer la fin du placement syndical qu'on ne peut plus tolérer au Québec. Son surnom est inspiré du personnage de Rambo dans la série de films dont le rôle était tenu par Sylvester Stalone et du fait que M. Gauthier a lui-même fait l'armée.Rambo, de la série de films. Joué par Sylvester Stalonea inspiré le surnom de Bernard Gauthier, représentantFTQ-Construction.
- UAC : Unité anticollusion
- UPAC : Unité permanente anticorruption
Quelques uns des articles du présent blogue qui ont précédé la Commission Charbonneau
(9 novembre 2011)
Le mandat limité de la Commission est modifié par le décret du 9 novembre 2011
(24 octobre 2011)
Les limites du rapport de la Commission selon le décret 1029-2011 du 19 octobre 2011; un rapport sans dents.
(20 septembre 2011)
Sous prétexte de solidarité de parti, le silence du PLQ
(16 septembre 2011)
Exemple d'autre texte relié
(5 juillet 2013)
L'instruction ne change pas la nature humaine. Un parallèle avec le film La Firme (1993).