vendredi 23 mai 2014

60 jours de prison en discontinu pour un père qui a tué sa fille

DES COUPS À LA TÊTE AUX GRAVES CONSÉQUENCES. Plusieurs d'entre nous ont été étonnés d'apprendre que le père qui avait frappé sa fille de 13 ans le 6 octobre 2010 et l'avait tué, a eu une sentence de 60 jours de détention, à purger de façon discontinue (1). Plusieurs en ont été indignés, sans référence à la culture. C'eût été le même désaccord avec le jugement, si un père blanc né au Québec avait commis le même acte. 

D'abord, c'est quoi ce délai pour une cause?

Et d'ailleurs, pourquoi dans le «modèle» québécois, faut-il presque 4 ans pour rendre un jugement pour une cause évidente? Il ne s'agissait pas d'un inconnu en cavale qui a laissé pour seul indice un cheveu, mais d'un père qui a merdé et qui a immédiatement avoué. Est-ce pour masquer une certaine faiblesse judiciaire au pays bleu, pour qu'elle soit plus facile à avaler? Ou, est-ce plutôt pour laisser baisser la tension populaire, perceptible en 2010, avant la tentative de charte du PQ?

Nouténé Sidimé, la jeune victime du drame
familial
Le juge a statué que Moussa Sidimé ne méritait pas de sentence plus sévère, parce qu'il n'avait pas eu l'intention de tuer sa fille Noutémé âgée de 13 ans, et qu'il n'a pas tenté de justifier son geste. C'est peut-être qu'il pense avoir bien agi, mais que la chose a mal tourné. Reste qu'il fallait que le sentence ait un effet dissuasif pour l'ensemble de la société, incluant pour les blancs nés ici. Ce n'est pas ce que j'entends de ce jugement.
  • Pour amoindrir la chose, certains chroniqueurs ont comparé cela à la fessée qui recevrait encore l'appui de la majorité des personnes sondées. Sauf que, 1 claque modérée aux «fessard» pour reprendre le contrôle d'un enfant en crise, n'a rien à voir avec un homme qui frappe une fille au visage.
  • Il a aussi été posté que lorsque le Parti Conservateur du Canada (PCC) veut resserrer la vis en vue de peines plus sévères en vertu du Code criminel à réviser, il rencontre une grande opposition sociale. Nous sommes donc incohérents, selon cet argument. Peut-être, mais le contexte ne se prête pas ici. Cela n'a rien à voir, car les peines plus sévères existent déjà pour le cas en cause ici. VOIR «Peine ajustée au plus bas». Il suffit de considérer cela comme comme voies de fait graves, et non pas comme un accident. Car on ne peut conclure à un accident. Les coups à la tête sont toujours à risque. Et le père à quand même frappé sa fille 2 fois à la tête, en plus de la forcer à se tourner la tête entre les deux élans. Quand j'entends le mot «giffler», je trouve que cela ressemble au maquillage d'un crime, et ce, peut-être même avec complicité (au sus) d'autres personnes (témoins directs ou confessions ou aveux du père à des proches, par exemple).
La définition d'un accident, implique un événement fortuit (donc soudain et imprévisible). Par exemple, quand je sors de la maison et que le bambin de 2 ans est dans la maison, si je recule avec le VUS et que je l'écrase soudainement sans l'avoir vu, c'est un accident. Constat: il a réussi à échapper à la vigilance d'une autre personne à l'intérieur, à sortir et à se faufiler derrière le véhicule. Ça c'est un accident. Ou comme une barrière de piscine privée derrière la maison, dont le mécanisme a mal fonctionné, provoquant une noyade d'enfant. C'est un accident. Mais une piscine sans barrière, c'est une négligence. Qu'un homme d'âge mur frappe une personne au visage, c'est au moins de la violence et potentiellement très dangereux. Sans mourir, la victime de l'acte peut subir une commotion cérébrale, perdre l'usage d'un œil ou d'une oreille, se faire fracturer la mâchoire ou une vertèbre, etc. Ce n'est pas un accident! C'est un peu ce qui s'est passé ici. Selon un spécialiste qui s'est prononcé en 2011, suite à l'autopsie, le plus probable, est qu'une artère cervicale s'est rompue à l'un des coups ou lors de la rotation du cou (hémorragie interne).

Le Québec est-il malade?

Le message que le jugement envoie, c'est que le Québec est le paradis des violents et des défenseurs de la charia et de toute justice parallèle. La couronne réclamait 2 ans. Il semble que c'eut été un minimum et même là... On tient peut-être un peu trop compte de l'âge actuel de l'agresseur. D'ailleurs, ceux qui croient naïvement que des lois parallèles ne sont pas déjà appliquées sur notre territoire sont bien naïfs. Ce genre d'acte fait partie de la famille des crimes d'honneur, 
  • qu'ils soient religieux (châtiment selon une loi ou un code religieux), 
  • laïcs. Par exemple, la violence verbale ou la contrainte excessive pour sauver la réputation. Je me souviens d'un père médecin qui refusait que son fils, déjà jeune adulte, exerce une autre profession que médecin comme lui. Ce copain de classe au Cégep, en était profondément affecté et cela m'attristait de le voir souffrir ce rejet. Ce genre de rejet peut pousser à la dépression et même au suicide.
  • ou culturels. La personne peut prétendre plus ou moins «Je ne savais pas qu'au Québec c'était sérieux de frapper à la tête...», alors que dans tout pays, ce même geste peut avoir les mêmes graves conséquences (ou d'autres) et que cela doit se savoir, vu la pratique répandue et la tradition orale propre aux pays ou ce type de châtiment corporel est pratiqué. 
Ceci dit, je ne pense pas qu'il faille que ce jugement en reste là. Par exemple, les 2 années de prison demandées (ou 1 année) auraient pu elles aussi être purgées en discontinu, mais le message aurait été beaucoup plus clair.
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1.  Pour Télécharger le jugement (PDF): Jugement Sidimé-51075390-1.pdf