vendredi 22 novembre 2013

John F. Kennedy, les indices d'un complot d'assassinat persistent

TIREUR AGISSANT SEUL ET DÉSÉQUILIBRÉ? COMPLOT? OU COUP D'ÉTAT?

Cette semaine, le 19 novembre 2013 à 20 heures, Télé-Québec (1) nous a présenté «Kennedy», un documentaire sur l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy (JFK) le 22 novembre 1963 à Dallas aux États-Unis. Dans ce documentaire du National Geographic, le journaliste Max Holland présente la thèse du tireur unique isolé. Dans le documentaire même, on note une déclaration d’un témoignage clé qui dure quelques secondes mais qui démolit la thèse du tireur unique avec une simple carabine à culasse. (dernière modification : 26 novembre 2013)
Voici ce que le documentaire reprend sans l'intégrer dans un ensemble logique: La preuve d’au moins 2 tireurs peut aussi se faire par le même documentaire du National Geographic (Max Holland) qui retient la thèse qui la discrédite.

Image extraite du film amateur de Zapruder
(22 nov. 1963).  Le président est touché par 
une première balle entrée par l'arrière de son
cou et ressortie par l'avant de celui-ci. et 
semble éprouver des difficultés respiratoires
ou un malaise.
Un témoignage-clé du reportage du film de Max Holland, et de l’enquête initiale (1963-1964), est celui d’un homme qui était âgé de 15 ans au moment des faits en novembre 1963. Il assistait au défilé du cortège, d’un point situé près de l’entrepôt d’où Oswald est présumé avoir lui-même tiré, du sixième étage du dépôt de livre. Le jeune homme était ainsi positionné à l'intersection des rues Houston et Elm, tout près du point où la décapotable a ralenti à 18 km/h pour négocier un virage serré en prenant sur Elm Street dans le secteur de Dealey Plaza. 

Or à un point crucial du témoignage livré dans le film, par celui qui est maintenant un homme d’âge mûr, ce dernier nous donne audiblement la cadence des coups. De sa position, il en a entendu trois. Mais c’est le rythme qui importe. Première détonation – pause | Deuxième et troisième détonations très rapprochées, espacées de moins d’une seconde, rappelons-le, avec une carabine à culasse et le temps nécessaire pour viser.  C’est à ce point-ci que la thèse principale du documentaire s’écroule. Sans s’en rendre compte, le producteur insère ainsi dans son propre documentaire, une déclaration d’un témoin clé de l’époque, qui rend impossible deux coups de feu (balles dites B et C) en moins d'une seconde tirés d'une seule arme à culasse actionnée manuellement.
L'arme de Lee Harvey Oswald qui aurait permis le meurtre de Kennedy, selon la thèse du tireur unique et déséquilibré. Les deuxième et troisième coups (thèse du tireur unique déséquilibré mentalement) ont été tirés pratiquement en même temps, ce que ne permet pas ce modèle à culasse.

La culasse est une sorte de chariot qui ressemble à un ancien verrou de porte, manœuvré manuellement. Elle sert à éjecter la douille en mouvement arrière et à pousser la nouvelle balle dans la chambre de l’arme dans le mouvement avant (retour). Le système oblige cette opération manuelle contraignante, avant chaque coup de feu. Il faut encore viser avec précision avant de faire feu. Éjecter la douille, recharger la chambre, viser, et tirer, cette séquence demande certainement plus d'une seconde.

Il y a aussi des faits importants que le documentaire de Max Holland ne dit pas :
  • Si le présumé assassin,  Lee Harvey Oswald, agit seul et sans complot, pourquoi est-il abattu le 24 novembre 1963, deux jours après JFK et avant de subir son procès? 
  • Lorsqu’une enquête contredit le rapport de la Commission Warren en 1967, le suspect numéro un de cette nouvelle enquête, David Ferrie, meurt le même mois que la fuite médiatique révélant cette enquête jusque-là gardée secrète, en février. Suicide ou meurtre par overdose de médicaments? Les deux options suggèrent que Ferrie savait des choses.
  • Robert (Bobby) Kennedy, lui aussi en marche vers une probable présidence, sur les traces de son frère, est à son tour abattu en 1968.
  • L'enquête du procureur Garrisson en 1966-1967 qui reparlent à des témoins de première ligne, contredit les conclusions de la Commission Warren.
  • «En 1979, le comité de la Chambre des représentants sur les assassinats concluent qu'il y avait un autre tireur à Grassy Knoll...» (2) ou la butte gazonnée. Donc on peut certainement parler de complicité d'au moins deux personnes.
«L'enquête de 1978 menée par le Congrès américain a conclu qu'un quatrième coup de feu a été tiré depuis une butte herbeuse - en d'autres termes, Oswald n'a pas agi seul» (3)

Complot possible, même avec un tireur unique

La thèse du tireur unique, même si elle s’avérait fondée, n’élimine en rien un possible complot entre deux complices ou plus. L’on sait que JFK s'était fait beaucoup d’ennemis
  • avec sa lutte contre la mafia qui avait par moment aidé le clan kennedy mais que JFK s'engageait maintenant à combattre, 
  • les forces armées et leurs chaînes de commandement (aviation et marines notamment) que l’équipe Kennedy a allègrement contournées, lors de la crise des missiles russes à têtes nucléaires à Cuba, en 1962. 
  • Sans oublier le refus de support aérien dans l'affaire menant à l'échec des opérations de la Baie-des-Cochons (les ennemis de Kennedy étant les anticastristes ou exilés cubains les plus convaincus). Après la crise des missiles à Cuba, les exilés cubains savaient probablement, que le régime de leur ennemi, Fidel Castro, ne serait plus inquiété sous l'administration Kennedy qui s'annonçait longue, avec le duo John + Robert. 
Lorsqu’on parle de complot ou d'une conspiration possible avec quelques hauts-placés militaires ou des services secrets, il faut savoir
  • qu'il suffisait de quelques personnes clés en position de décision
  • et qu’il y avait une façon de se débarrasser de JFK sans avoir à manipuler une seule douille, pour quelques personnes des services secrets ou de la sécurité nationale et qui avaient des raisons de le haïr ou encore de voir en Kennedy un danger pour la sécurité de la nation avec raison ou non
Il suffisait de livrer le président à découvert à des tueurs à gage commandités par d'autres intérêts (les ennemis de mon ennemi), avec plusieurs points de tir possibles : fenêtres ouvertes sur la rue, virage serré obligeant le ralentissement du cortège présidentiel, clôture opaque avec buissons sur une partie du tracé, viaduc de voie ferrée avec spectateurs et passants surplombant la rue, tout cela dans une fenêtre d’opportunité qui durerait plusieurs secondes lors du virage ralenti, depuis Houston Street vers Elm Street. Dans les faits, ce fût la totale sur un même site. C'est exactement ce que le contexte urbain offrait à l'endroit du meurtre.

La commission Warren (1964) est contredite par le procureur Jim Garrisson (1967), district attorney et par les conclusions du comité de la Chambre des représentants sur les assassinats, concluant à un deuxième tireur (1979) 

Un autre point majeur, non abordé dans le film de Max Holland, est l’enquête du procureur général, Jim Garrison. Le documentaire du National Geographic n’aborde que les conclusions du rapport de la Commission Warren déposé en 1964 et concluant à la thèse d’un tireur unique en la personne d’Oswald. Mais l'enquête de Garrison rejettera les conclusions de cette commission en 1967. Et le procureur général n'est pas un idiot, ni un simple «wannabe», puisqu'il a été élu à la fonction de procureur général (attorney) avant d'être nommé juge à deux reprises. Et la révision des conclusions de la commission Warren par le comité de la Chambre des représentants sur les assassinats, a conclu à un deuxième tireur (1979) avec «probable conspiracy» (complot probable). Au Québec, nous n'avons pratiquement pas entendu parler de cette révision majeure du dossier d'enquête. L'affaire Kennedy n'était plus dans les temps.

Si Garrisson (1968) et après lui la Chambre des représentants (1979) ont raison, et considérant plusieurs faits et indices, il devient possible que les États-Unis aient vécu un coup d'État, ou du moins une tentative, en pleine modernité. Un acte concerté où des personnes clés de diverses services, groupes ou instances, se seraient alliées à l'insu même de la majorité de leur groupe; quelques éléments (des hauts-gradés) de l'armée et possiblement des forces spéciales, du politique, des groupes radicaux anti-Castro ou anti-communistes, de la mafia, des services secrets ou de la sécurité, et peut-être même le pouvoir de l'argent du complexe militaroindustriel en faveur d'une intensification de la guerre au Vietnam, relancée de plus belle aussitôt par le vice-président qui succède à John F. Kennedy.

Quel est le rapport entre le procureur Garrison de la Nouvelle-Orléans et l’assassinat du président Kennedy à Dallas?

Pour éclairer les Québécois et les Français, sur la raison pour laquelle Garrison enquête depuis un autre État, il faut comprendre que le crime peut avoir été planifié depuis la Nouvelle-Orléans, où Oswald a fait des séjours et d'où provenait Clay Shaw (soupçonné d'être le Clay Bertrand, suspect important et commanditaire présumé de la conspiration). Le procureur conclut donc (au départ, puis en 1966 après une pause de 3 années) devoir enquêter de là, lieu d'où le crime peut avoir été planifié, sous sa juridiction, puis se déplace à Dallas au besoin pour voir le site du meurtre et interroger des témoins cités par la Commission Warren. Ce sont les frais de dépenses de ces voyages qui mettent la puce à l'oreille d'un journaliste. La connaissance de cette enquête sème l'émoi, puisque Garrisson arrive à la conclusion d'un complot, par l’entrecroisement de faits et témoignages, dont entre autres, l'histoire personnelle d’Oswald (probablement un agent infiltrateur au service de la CIA) et le fait qu’il fût assigné à cet édifice, des semaines avant le meurtre, alors que le trajet du cortège fût arrêté peu de temps avant l’événement, pour passer devant le dépôt de livres, tristement célèbre.

Un suspect majeur, d’un complot pour meurtre du président, identifié par Garrison, est David Ferrie, un anticastriste. Ce dernier décède dans ce qui semble être un suicide ou une overdose de médicaments, en février 1967, étrangement le même mois que le dévoilement de l’enquête secrète par un journaliste. Garrisson réussit quand même à faire comparaître Clay Shaw (soupçonné avoir agi sous le pseudonyme Clay Bertrand), pour complicité pour meurtre. Shaw est un homme d’affaires et "philanthrope" qui a eu des liens avec les services du renseignement américains, la CIA, durant les décennies précédentes. Mais suite à des failles dans la cueillette de la déposition de Shaw par certains agents (notamment certaines informations recueillies sans la présence d’un avocat), ce dernier est acquitté (vices de procédures et mort de Ferrie le témoin et accusé principal de complot).

Il y a aussi d’autres faits, comme ceux entourant l’autopsie de JFK. L’impact de la balle mortelle révélait une plus grande ouverture vers l'arrière du crâne de la victime, ce qui impliquerait alors probablement un point de sortie du projectile davantage vers un côté et l’arrière de la tête du président, et donc un autre tireur posté plutôt vers le côté et vers l’avant. Sur la base de cette piste, le célèbre film amateur de Zapruder montre Jackie Kennedy qui allonge le bras en pleine fusillade, pour saisir quelque chose sur le coffre arrière de la décapotable (une partie de la cervelle de JFK). Le procureur croit à un tir croisé (probablement deux ou même trois tireurs sur la même cible humaine en mouvement). Lorsque le gouverneur John B. Connally raconte ceci, il dit avoir su que le président Kennedy était touché fatalement, quand il a entendu Jackie Kennedy s’exclamer : «My God!I got his brain in my hand!» (VIDÉO document).

Ce détail du crâne éclaté semble corroboré par le journaliste Pierce Allman qui a assisté sur place au meurtre du président.
«C’était surréel. Pas dans ma ville natale, me suis-je dit. J’ai vu la 3e balle frapper le président, le coup fatal. Jackie criait avant de collecter un morceau du crâne de son mari sur le capot arrière».(4)
Zapruder, ce témoin majeur dont le film amateur est devenu célèbre confirme le crane éclaté par la balle fatale (lePoint.fr), tandis que les photos d'autopsie publicisées à l'époque, montrent une petite ouverture derrière la tête: 
«... j'ai vu sa tête presque ouverte, le sang et le reste, et j'ai continué à filmer. C'est tout, j'en suis malade.» (5).

Si l’on s’en tient à deux faits importants connus:
  1. Le tireur présumé «déséquilibré» et solitaire, Oswald, est abattu sans pouvoir comparaître à son procès, par Jack Rubby, un proche de la mafia.
  2. Le témoin situé près du dépôt de livres, qui avait alors 15 ans, se souvient encore très bien des faits et imite le son de deux coups de feu qui se succèdent en 1 seconde. Ceci cause problème avec une arme à culasse … 
En voici un troisième en prime : cette fameuse balle, appelée la «balle magique» par Garrisson et d'autres sceptiques face la thèse du tireur unique déséquilibré, celle que l'on a prétendu avoir frappé Kennedy au dos et au cou, puis le gouverneur Connally à l'omoplate avant de ressortir par sa poitrine, pour ensuite briser un os de son poignet droit pour terminer sa course dans sa cuisse gauche (selon la théorie du tireur unique), a été retrouvée pratiquement INTACTE (non déformée). Invraisemblable!!! Conclusion : Max Holland et le National Geographic sont beaucoup plus "croyants" que moi.

En réalité, il y a fort probablement eu complot dans l’assassinat de JFK. Je vous suggère
  • de revoir le film «13 Jours» en vous posant cette question: comment JFK et son frère Bobby ont-ils pu se faire de nombreux ennemis (forces armées de l’air et marines, services secrets, politiques) durant la crise de missiles à Cuba (1962)? Notamment, en contournant la chaîne de commandement pour s'adresser directement aux officiers de terrain sans passer les ordres par les généraux et amiraux (frustrant les hauts-dirigeants militaires et de la sécurité nationale), et en refusant d'en finir avec Fidel Castro (frustrant ainsi les anticastristes). Je ne dis pas si Kennedy a eu tort ou raison; je m'en tiens aux résultats: des ennemis assurés.
  • Et surtout, avec un pop-corn, revoyez le classique «JFK» d’Oliver Stone (1991, avec Keven Costner dans le rôle du procureur Garrisson. Stone a eu accès à la connaissance du dossier par le procureur général Jim Garrison, ce qui n'est pas rien.
En attendant, lisez ceci paru sur le site web du Paris Match: 
«Le président peinait à asseoir son autorité sur les éléments les plus extrémistes au sein de sa sécurité nationale. Dans le même temps, il a confié à Bobby un portefeuille élargi et trois missions à haut risque : reprendre en main la CIA, poursuivre l’offensive contre la Mafia et trouver une solution à Cuba, territoire charnière de la guerre froide. Bobby sait à quel point les trois entités sont enchevêtrées. C’est sous sa houlette que la CIA a forgé une alliance meurtrière avec les parrains de la Mafia et les leaders cubains en exil pour éliminer Castro. Lors de précédents mauvais coups, la CIA a utilisé des hommes de main de la Mafia et des tueurs à gages pour faire le sale boulot. Cette alliance s’est retournée contre le président. C’est sur ce triangle infernal, dont il connaît les recoins clandestins, parce qu’il en avait la charge, que Robert Kennedy se focalise immédiatement. Oswald n’est sans doute rien de plus que le « pigeon » qu’il prétend être. Quand Jack Ruby, tenancier de boîte de nuit, l’abat en direct à la télévision américaine, Bobby et ses enquêteurs mettent au jour aussitôt les nombreuses connexions de Ruby avec la Mafia...» ASSASSINAT DE JFK POUR BOBBY KENNEDY: C'EST UN COMPLOT 
http://www.parismatch.com/Actu/International/La-conviction-de-Bobby-Kennedy-c-est-un-complot-537520
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1.  Je ne sais pas pourquoi tant de francophones (Québec) sont allergiques à la thèse du complot (des complices concertés à l'avance), contre des faits pourtant assez nombreux pour soulever un doute raisonnable, mais j'ai une petite idée. Probablement que la thèse du tireur déséquilibré agissant seul, est plus rassurante pour se sentir en sécurité dans une démocratie. Sinon, elle fait l'affaire de plusieurs, pour des raisons idéologiques trop longues à discuter ici. Et peut-être, certains ont-ils retenu seulement la première version entendue, comme si une enquête ne pouvait pas évoluer. Le rapport est contredit par des témoignages de première ligne comme dans le récit des faits par Gouverneur Connally qui était assis devant Kennedy dans la voiture.

2.  Journal de Québec, vendredi 22 novembre 2013, p.69

3.  Même référence, p. 70

4.  Même référence, p. 74

5.  VIDÉOS. Kennedy à Dallas : revivez minute par minute l'assassinat du président. LePoint.fr, 21 novembre 2013, modifié le 22 novembre 2013.