mercredi 5 septembre 2012

Élections Québec 2012: joies, drames et démocratie

ET UN RETOUR SUR LA QUESTION D'UN ÉVENTUEL SCRUTIN PROPORTIONNEL

Les résultats électoraux sont maintenant connus. Le Parti Québécois (PQ) est élu par une très courte marge, avec 1 point de pourcentage de plus que le Parti Libéral du Québec (PLQ), lui assurant seulement 4 sièges de plus et a obtenu un gouvernement minoritaire. Même l'appui de Québec Solidaire (QS) et même un scrutin proportionnel ne lui accorderait pas de majorité pour les projets communs entre ces deux partis de gauche. Mme Pauline Marois devient ainsi la première femme élue Première ministre dans l'histoire du Québec. La soirée électorale a malheureusement été assombrie par un drame: un homme a tiré à l'arme à feu dans un vestibule adjacent à la salle où la PM faisait son discours d'acceptation et a tué un homme dans la quarantaine, en a blessé grièvement un autre et a mis le feu au moyen d'un coktail molotov. Le suspect dont on ignore s'il a agit seul ou s'il avait des complices, a rapidement été maîtrisé et mis aux arrêts. Des armes ont été saisies, dont ce qui semble être une arme semi-automatique.  Les faits semblent actuellement pointer vers un attentat politique, ou possiblement un crime commis par un déséquilibré.

Il semblerait que l'homme s'exprimait avec un accent. Après les faits, la police ne savait pas s'il avait agit seul ou si le suspect avait été aidé par des complices. Rappelons qu'au même moment, il y avait une manifestation à proximité à l'extérieur pour rappeler à la Première ministre, ses promesses faites aux étudiants durant la campagne électorale; notamment, annuler la hausse décrétée des frais de scolarité, sous le gouvernement Libéral du Québec et abroger la loi encadrant les manifestations.  

En raison du drame et de l'évacuation d'urgence de la chef d'État, la nouvelle PM sera donc privée en partie de l'esprit de fête propre à une victoire électorale. Rappelons-aussi que Léo Bureau-Blouin, élu sous la bannière du PQ, devient le plus jeune député élu à l'Assemblée nationale du Québec. Ce fût donc un bon calcul politique de le recruter.

Le PLQ a surpris, lui qui se destinait selon les sondages, à une troisième place. Il a chauffé le PQ. Mais le PM sortant, Jean Charest a reçu un message du peuple, n'étant pas élu dans son propre comté.

La Coalition Avenir Québec (CAQ), quant à elle, n'a pas obtenu le rôle de l'opposition officielle qu'indiquaient les sondages et a obtenu le rôle de deuxième opposition. Mais tout compte fait, le parti a bien performé, avec 19 sièges sur les 125, considérant que la CAQ qui a été jointe par l'ancienne Alliance démocratique du Québec (ADQ) dissoute au début de l'année 2012, vient à peine d'être fondée en (2011) et qu'un tel parti aurait aussi bien pu ne pas survivre à son premier test électoral.

Retour sur la proportionnelle

Mais la vie doit suivre son cours et il est intéressant de comparer les résultats approximatifs entre notre mode de scrutin actuel, scrutin pluralitaire uninominal, dans le contexte du Québec à 125 circonscriptions (sièges associés chacun à un territoire) et un scrutin proportionnel (non territorial) à 125 sièges.

Parti    Proportion       Nombre députés       Nombre sièges      Correction
             votes                 (Prem. ministre         approximatif         gain (+)                                                                                                                
             obtenus             incluse)                      si vote                     ou perte (-)
             (arrondi)                                               proportionnel        de sièges 
_______________________________________________________
PQ       32%                       54                                   40                         14 (-)


PLQ     31%                       50                                   39                         11 (-)

CAQ    27%                       19                                   27                           8 (+)


QS         6%                         2                                     8                            6 (+)


En supposant que les autres sièges (env. 4%) des votes dans un éventuel scrutin proportionnel soient partagés entre des petits partis de gauche et de droite, la proportionnelle tendrait à avantager la droite dans la présente élection.

Dans une représentation proportionnelle, 
le PQ aurait  env.  40 sièges plutôt que 54 (perte de 14)
le PLQ aurait env. 39 sièges  plutôt que 50 (perte de 11)
Donc, une quasi-égalité.

La CAQ aurait env. 27 sièges plutôt que 19 (gain de 8)
QS         aurait env.   8 sièges plutôt que 2 (gain de 6)

  • La stabilité du gouvernement du PQ serait encore moins grande. 
  • Le gain pour QS (passant de 2 à env. 8 sièges) serait annulé et même au-delà, par le gain de la CAQ (plus à droite), car on aurait env. 6 sièges de plus à gauche contre env. 8 sièges de plus, plus à droite.

On peut penser que les env. 4% de l'électorat sans sièges obtenus selon la formule actuelle ici, soit dans le système électoral actuel (pluralitaire uninominal)  seraient répartis entre des petits partis de gauche (ex. Option nationale) ou de droite (ex. Parti conservateur du Québec).

  • Parions que cette fois-ci, la gauche québécoise ne demandera pas une représentation proportionnelle (en tout cas, pas le PQ).
  • Si un parti avait intérêt à le réclamer, ce serait la CAQ, comme aussi l'ancienne ADQ (parti de droite économique) qui aurait souvent été avantagée (ex. 1994, 1998, 2003, 2008). 
  • Les systèmes électoraux différents n'ont pas que des avantages, même s'ils existent dans certains pays d'Europe...
LIRE AUSSI :  

DÉMOCRATIE: faudrait-il une représentation proportionnelle au Québec? (3 septembre 2012)