samedi 25 août 2012

INDEssence des prix et pouvoir des élus

Encore un bon bond du prix de l'essence à Montréal (1). Nous savons tous que le développement des régions orientales comme l'Inde et la Chine, par exemple, créent une pression à la hausse sur les prix de l'essence sur le marché, particulièrement les marchés occidentaux en ces années-ci. Nos politiciens (de la CAQ inclus) disent ne RIEN pouvoir faire sur la réalité des prix. Ce qui est faux.

Les élus peuvent faire cinq choses et PLUS!

La première chose que le pouvoir politique peut faire, c'est de plafonner les taxes gouvernementales, actuellement prélevées de diverses façons (au pourcentage et taxes fixes par litre) sur l'essence raffinée (à la pompe). Autrement dit, en raison de l'abscence de plafonnement des taxes actuellement, plus l'essence coûte cher à la pompe au Québec et dans le reste du Canada, plus nos gouvernements successifs encaissent; PQ, PLQ et autres (y inclus l'aspirant PM de la CAQ avec le même discours). Pourtant, l'impact sur les infrastructures (construction et entretien des réseaux routiers) n'augmente pas avec l'augmentation du prix payé par le consommateur; bien au contraire.

Par exemple, le 21 août 2012 à Québec (ville), le carburant ordinaire (essence à taux d'octane régulier) se vendait au détail ou à la pompe, 1,394$ le litre (139,4 cents). De ce montant de 1,394$, plus de 0,463$ (46,3 cents ou 1/3 ou un tiers) était constitué de taxes sur chaque litre (2).

Prix des carburants au détail au Québec, le 21 août 2012. Sur chaque litre et chaque 1,39 dollars, 46,3 cents (0,463 dollars), ou le tiers (1/3 du prix!!!) était composé de taxes. Source: Ressources naturelles Canada, page consultée le 25 août 2012.

Chaque palier de gouvernement (fédéral + provincial) pourrait décider de plafonner le prix de ses taxes sur l'essence. On pourrait par exemple statuer une taxe maximale à Québec (ville) de 0,45$ le litre (chiffre fictif uniquement pour l'exemple; retenir le principe du plafonnement), peu importe que le litre soit à 1,30$ ou 2,50$. Ou encore statuer, par exemple, qu'en aucun moment, les taxes fixes et ascenseurs sur l'essence, ne peuvent dépasser 25 ou 30 pourcent (%) du prix de vente au détail (à la pompe); taxes environnementales incluses. Ce serait une preuve de bonne volonté des gouvernements.

Un plafonnement des taxes de l'État sur le prix au litre, permettrait aux contribuables de garder plus d'argent dans leurs poches lors de la poussée des prix, pour acheter des véhicules moins énergivores et plus éco-responsables, lesquels sont aussi  paradoxalement plus coûteux. Car étrangement d'ailleurs, le marché des nouveaux véhicules éco-énergétiques est accessible uniquement à la classe moyenne supérieure ou aux consommateurs avec revenus supérieurs à ceux de la classe moyenne... Il y a une logique (prix de la Recherche et développement ou R&D élevé) mais aussi de l'illogisme dans les coûts élevés des nouveaux véhicules. Il faudrait d'une certaine manière, que l'industrie de l'automobile répartisse les coûts de la R & D sur l'ensemble des véhicules (conscience environnementale oblige). Ainsi, nos gouvernements n'auraient pas à subventionner l'achat d'automobiles (donc utilisateur-payeur).

La seconde chose que nos élus peuvent faire c'est de démasquer la collusion dans les prix et introduire un pouvoir de retirer leur droit d'exploitation aux contrevenants. Ils ont beau dire que l'entente sur les prix n'existe pas, nous ne les croyons pas.
Nous ne croyons ni le politique, ni les avocats et économistes (les spécialistes des relations publiques) de l'industrie. Quand par exemple l'essence est au même prix à la fraction du litre (au millième de dollar près) sur un territoire aussi vaste que la Ville de Québec, il y a entente entre les prix; probablement d'une manière codée, mais il y a entente. Le prix unique à Québec, c'est aussi évident qu'un jacket de motard criminalisé (on peut désormais punir l'appartenance à un gang criminel même si on ne peut établir la preuve des crimes individuels). Évidemment, une telle convergence illégale des prix de l'essence, l'INDEssence  indécence (du faux argument des coûts de production), n'est pas écrite dans une entente notariée publiée. Ce sont des ententes "underground". Pourriez-vous par exemple imaginer qu'un téléviseur HD de marque  LG, SONY ou Toshiba, coûte exactement le même prix chez tous les revendeurs à Québec ou à Montréal, sur la base de l'argumentaire du coût des matériaux et de la main d'oeuvre (coûts de production identiques pour tous)? Non. Alors... Réfléchissez un peu. C'est pourtant l'argument utilisé dans la vente d'essence à la pompe.

La troisième chose qu'ils peuvent faire (gouvernements et règlements municipaux inclus), c'est de ne pas bloquer l'arrivée de compétiteurs sur le marché (obstruction obscure de l'industrie? Idéologie environnementaliste? ...). C'est un fait connu, par exemple, que quand Costco obtient le droit de vendre de l'essence dans une ville, les prix baissent. À Québec, Costco a longtemps tenté en vain d'obtenir le droit de vendre de l'essence sur le territoire COMMERCIAL qu'elle occupe. Elle n'est quand même pas en zone résidentielle. L'entreprise s'est fait bloquer durant des années, sous des prétextes douteux (on a entendu «suffisamment de postes d'essences à proximité»... Hum!). Nous avons appris récemment que Costco vendra bientôt de l'essence à Québec, suite notamment aux pressions répétées de certaines radios privées et de là, de la part des citoyens.

La quatrième chose que nos élus peuvent faire encore, c'est de fixer des cibles pour la consommation d'essence maximale pour les véhicules de "tourisme" (les véhicules qui ne servent pas à produire un travail) et ainsi de mettre de la pression pour plus d'hybrides et pour la réduction des cylindrées (puissance des moteurs) des véhicules qui ne produisent pas un travail. Aussi, réglementer le nombre maximal de véhicule entièrement électrique pour ne pas surcharger le réseau hydro-électrique (Hydro-Québec), ce qui serait catastrophique pour la consommation domestique (chauffage et éclairage des maisons). Autrement dit, faites que la nouvelle Économie du savoir (donc "des cerveaux") annoncée dans la seconde moitié de la décennie 1990, ça paraisse quelque part dans la gestion publique.

Une cinquième chose possible, et il y en a d'autres, serait de faire assumer aux utilisateurs des transports en commun une plus grande part de leurs coûts réels (réduire les subventions à un maximum de 30 à 50 pourcent).  Que le montant des subventions diverses apparaissent aussi sur les factures ou reçus des billets de transport en commun remises aux usagers. Quand cela sera, les utilisateurs verront que le transport en commun n'est pas toujours économique et nous verrons beaucoup plus de pression pour développer des véhicules de taille plus modeste, moins polluants et permettant la mobilité à toute heure du jour et de la nuit.

Le problème inévitable, c'est que le système actuel des transports en commun hyper-subventionnés par les taxes des automobilistes, est totalement artificiel. La preuve? Enlevez les payeurs d'essence de la route (les taxés du "réseau") et le système ne tient plus la route... Qui subventionnera le réseau routier emprunté par les bus, autocars, taxis et le reste? Qui paiera la subvention de transport en commun? Est-ce que chaque famille (chaque foyer) subventionnera le transport en commun? Quel sera l'intérêt advenant la mort du mode de transport personnel, de subventionner un réseau si tous paient le service en commun, suite à la mort souhaitée de l'automobile?! Après la mort de l'automobile tant  souhaitée par une tranche de la société qui vit forcément dans un centre urbain, il vaudra alors infiniment mieux appliquer le principe de l'utilisateur-payeur. Les marcheurs qui auront acheté un condominium (condo) dans une tour à deux pas de leur travail, ne voudront pas payer le transport par autocar urbain ou par train, du banlieusard par leurs taxes et impôts? Vrai ou faux? Alors le système de subvention sera pris à parti, sauf pour des clientèles-cibles (ex. les étudiants, les handicapés qui auront survécu à l'eugénisme, etc.).

Anecdote

Durant une hausse du prix de l'essence importante en 2011, une étudiante travaillant dans un poste de vente d'essence m'a dit avec un sourire: «Moi ça ne m'affecte pas; je prends le transport en commun et ça ne me coûte pas cher». Sauf que quelqu'un avait oublié de lui dire que plus de la moitié (autour de 70%) de ses coûts mensuels de transport en commun, sont payés par les subventions, incluant les taxes sur l'essence assumées par les automobilistes. Quelqu'un a aussi oublié de lui dire que quand un jour elle aura des enfants, elle ne pourra aller faire ses emplettes et porter les enfants à la garderie ou acheter un 2X4 RONA en autocar urbain. Son futur enfant ne pourra pas transporter un violoncelle dans un bus du transport en commun, pour se rendre à l'école communiste en 2024. La vie lui enseignera.

Et encore

Globalement, les prix de l'essence ne diminueront pas dans la prochaine décennie. 

  • Il y a beaucoup de place pour la recherche et le développement - R & D, en matière de nouvelles énergies ou énergies alternatives. Avis aux étudiants qui cherchent un plan de carrière: l'énergie c'est un plus incontournable tant pour la droite économique que pour l'extrême-gauche.
  • Il y a beaucoup de place aussi pour le développement de nouveaux véhicules de transport personnels réduits (ex. 2 ou 3 places) mais accessibles pour les activités et la vie normale qui s'étale sur 24 heures par jour et non de 6 h à 18 h. 
  • Et il y a beaucoup de place pour repenser l'urbanisme de nos centres urbains, avec ses techniques des années 'trente, favorisant actuellement le sacralisé «pôle unique» par lequel on crée artificiellement une concentration des déplacements unidirectionnels aux mêmes heures. Un «pôle unique» par ailleurs fui par les familles avec enfants. 
VOIR : 

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1.  Affaires: Bond du prix de l'essence à Montréal. Nouvelles TVA, 24 août 2012 | 09h31.
http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2012/08/bond-prix-essence-montreal.html

2.  Prix de l'essence ordinaire au détail le 21-Aug-2012 - Québec, Ressources naturelles Canada, statistiques du 21 août 2012. Consulté le 25 août 2012.
Prix de l'essence ordinaire au détail [...] Québec [province]
http://www2.nrcan.gc.ca/eneene/sources/pripri/prov_map_f.cfm?ProvCode=QC