dimanche 9 décembre 2018

WALL STREET à l'ère #MeToo : Faut-il «éviter les femmes»?

À WALL STREET, les femmes récoltent des contrecoups indésirables du mouvement de dénonciation Me Too (#MeToo). La dénonciation publique sans enquête aura été un mauvais remède à un vrai problème. Des entrevues menées par Bloomberg (Bloomberg Finances 3 décembre 2018auprès de plusieurs cadres supérieurs masculins de la finance ont révélé que ceux-ci ont commencé à adopter des comportements très prudents face aux femmes, du fait que les dénonciations tendent à être acceptés inconditionnellement sur la place publique (médias, réseaux sociaux). Cela soulève de sérieuses questions touchant à la réputation des hommes dans les environnement très compétitifs comme les affaires et la politique, par exemple.

(Dernière modification : 24 février 2019)

Un carrefour sur WALL STREET en 2017

WALL STREET à l'ère du #MeToo consiste, pour un nombre croissant de cadres supérieurs masculins de la finance, à gérer différemment la proximité des femmes dans leur environnement professionnel et les activités reliées (déplacements, repas, réunions, ...). Il peut en aller de l'avenir pour qui est un minimum carriériste et veut, par exemple, garder un porte ouverte pour la politique ou ne pas être disqualifié ou éjecté des postes de haut niveau pour des accusations non fondées, des malentendus ou ou des dénonciations de harcèlement en réponse à un regard, à un compliment ou même à un rituel de séduction tout à fait légal au sens des lois.


Les nouvelles tendances se dessinent comme suit selon les entrevues de Bloomberg Finances (3 décembre 2018):
«Finis les dîners avec des collègues féminines. Ne pas s'asseoir à côté d'elles sur les vols. Réserver les chambres d'hôtel sur des étages différents. Éviter les réunions à deux» (1).
«Des entretiens avec plus de 30 cadres supérieurs ont révélé que beaucoup étaient effrayés par #MeToo et avaient du mal à faire face. «Cela donne l’impression de marcher sur des œufs», a déclaré David Bahnsen, ancien directeur général de Morgan Stanley, qui est maintenant un conseiller indépendant supervisant plus de 1,5 milliard de dollars» (2).


OPINION : les effets indésirables du #MeToo appliqué sans discernement


Bref, pour protéger l'intégrité de leur réputation, plusieurs cadres supérieurs masculins de la finance ont changé leur approche des relations de travail avec les femmes, en réponse aux dénonciations des femmes toujours crues; "on vous croit". Celui qui veut entreprendre une relation amoureuse a intérêt à ce que cela se fasse en dehors du cadre des collègues de travail. Un regard durant une souper entre collègues peut être interprété comme du harcèlement. Un compliment dans une réunion de travail à deux peut être propagé comme une une tentative de dominer la femme. Deux rencontres fortuites en 30 minutes, sur l'étage d'un hôtel, peuvent être mal perçues («Il me suit quand je sors de ma chambre»). Un contact physique avec la collègue voisine de sièges dans un avion, peut être dénoncé comme un comportement planifié. Un «oui» entre adultes consentants après un souper d'équipe avec alcool, peut le lendemain devenir un «non» et «il m'a forcée», suivant le regret d'avoir accepté des avances. Tout cela arrive réellement dans la vraie vie professionnelle. Faut-il alors s'étonner que dans le nouveau contexte introduit par le MeToo où le témoignage de la femme est toujours pris comme vérité, plusieurs cadres supérieurs masculins de la finance préfèrent éviter toute ambiguïté et compartimenter leurs activités en évitant de se retrouver seul avec une femme dans certaines occasions précises?

Mais pour les femmes, cela peut même influencer le mentorat. Est-ce que la prudence est compréhensible ou logique? Surtout quand on a vu des tentatives réelles de torpiller des carrières politiques ou à la magistrature, par exemple, sur la base de simples déclarations non démontrées par des enquêtes subséquentes. On a vu que se tenir «près du bol à punch» et servir l'alcool aux filles à l'époque du collège universitaire peut prendre une toute autre tournure, des décennies plus tard, quand un carriériste arrive à la porte d'une nomination à un poste important.

Au début du #MeToo, on (moi compris) se réjouissait, que dire, on jubilait de voir par exemple, le producteur de cinéma Harvey Weinstein mordre la poussière, non par méchanceté, mais sur la base d'un nombre croissant de dénonciations concordantes. Puis, devant la perte de contrôle face aux menaces d'atteinte à la réputation, plusieurs ont pris conscience d'une réalité oubliée:


Les femmes peuvent, tout comme les hommes, elles aussi mentir ou réinterpréter et altérer les faits. Certaines peuvent même inventer une histoire contre un président, en échange d'un an ou deux de salaire, ou simplement par solidarité féminine (je n'étais pas là, mais je la crois). On a même eu ce cas avec des preuves par caméra suite à de fausses accusations d'agression sexuelle portées contre un policier américain dans le contexte de l'arrestation d'une femme. La ligne de temps des caméras démontrait qu'il l'avait traitée respectueusement et qu'elle avait même collaboré et admis les faits reprochés lors de son arrestation et de sa conduite au poste pour examen. Et il ne faut pas oublier que les grands criminels mâles avaient ou ont des femmes. Elles n'ont donc pas le monopole de la vertu.

En fait, #MeToo (#BalanceTonPorc") aura été, avec le recul, un mauvais remède à un vrai problème 


Le phénomène MeToo et son équivalent français BalanceTonPorc a péché par excès. Et les médias sont en partie responsables du dérapage, car les dénonciatrices de personnalités connues devenaient comme une star d'un jour, d'une semaine, ou même d'un mois ou plus. Les médias ont pris (ou feint de prendre) pour acquis qu'une femme ne peut pas mentir; ce qui est une conception naïve du monde réel. Et on a oublié que dans une cause criminelle ou civile, tout n'est pas nécessairement noir ou blanc. Aussi, une accusatrice peut dire des vérités, sans dire entièrement la vérité. Par exemple, le «je voulais hier soir, mais j'aurais dû dire non», peut facilement devenir le «il m'a forcée». Un regard masculin peut facilement être repris comme du harcèlement pour celle qui a pourtant rempli l'étalage en contexte de travail (ex. ces femmes un peu trop "boules-versantes" au travail). 

Voilà donc un autre coup qui atteint indirectement mais sûrement, la crédibilité et l'éthique des prises de position des médias traditionnels et des militants de la cause féministe. Sur les réseaux sociaux, on sait par instinct, que le faux côtoie le vrai (du moins, les gens normaux le savent). Mais envers les médias qui se disent gardiens de la vraie information (LOL), on s'attendait à plus de rigueur. Mais quand les médias veulent influencer les choix politiques ou de la magistrature, ou programmer une réingénierie sociale (ex. favoriser le socialisme ou le néo-marxisme sans se rendre compte que cela appelle à une main d'oeuvre bon marché), peut-on vraiment s'attendre à mieux de tels médias actuels? Il faut évidemment répondre.

______________
1.     Bloomberg | Business. Wall Street Rule for the #MeToo Era: Avoid Women at All Cost
By Gillian Tan  and Katia Porzecanski. 3 décembre 2018 à 05:00 UTC−5 Updated on 3 décembre 2018 à 09:59 UTC−5
"No more dinners with female colleagues. Don’t sit next to them on flights. Book hotel rooms on different floors. Avoid one-on-one meetings".

2.     Même référence:
"Interviews with more than 30 senior executives suggest many are spooked by #MeToo and struggling to cope. “It’s creating a sense of walking on eggshells,” said David Bahnsen, a former managing director at Morgan Stanley who’s now an independent adviser overseeing more than $1.5 billion."