jeudi 17 septembre 2015

Visage voilé: il y a plus en jeu que le seul serment de citoyenneté canadienne

Les tribunaux répondent aux cas qui leur sont soumis. Ici, la Cour d'appel fédérale s'est penchée sur le droit ou non, de voiler son visage pour des raisons religieuses durant les cérémonies d'assermentation en vue de la citoyenneté canadienne. Elle a confirmé un précédent jugement de la Cour fédérale. Selon l'État du droit actuel, la plaignante Zunera ISHAQ, d'origine pakistanaise, pourra porter le voile lors de l'assermentation pour obtenir sa citoyenneté. Un pas de plus vers un droit distinct dans l'État.

Zunera Ishaq, âgée de 29 ans, arrivée au Canada depuis 2008. Son bébé en arrière-plan.  Crédits photo: extrait du reportage de RDI (16 sept 2015)

Zunera Ishaq, d'origine pakistanaise, au sortir du tribunal. Crédits photo: extrait du reportage de RDI (16 sept 2015)


Le Gouvernement a déjà annoncé qu'il ira en appel jusque devant la Cour Suprême.


Un geste «offensant», selon le Premier Ministre du Canada


Un geste «offensant» pour «la plupart des Canadiens et des Canadiennes», selon le Premier Ministre Stephen HARPER (12 février 2015, source RDI, 16 septembre 2015). En vertu des lois actuelles, la Cour d'Appel a statué qu'une femme peut voiler son visage durant l'exercice le plus solennel; l'acquisition de la citoyenneté. Une réponse de fermeture à une ouverture manifestée par la terre d'accueil.


Selon la nouvelle diffusée RDI:

«Cela a donc pour effet d'autoriser la plaignante à porter son niqab pour prêter serment et devenir citoyenne canadienne, et ce, avant les élections du 19 octobre afin d'avoir droit de vote». (RDI, 16 septembre 2015).

Nous avons un problème... Ce qui est en amont (accès à la citoyenneté canadienne) voudra descendre en aval (actes quotidiens divers)


Il semble vraiment y avoir un agenda idéologique derrière ce simple geste de la plaignante d'origine pakistanaise. Le problème actuel, c'est que si éventuellement, le plus haut tribunal du pays, la Cour Suprême du Canada, confirme le jugement de la Cour d'appel, alors, une foule de pratiques qui nous semblent banales et établies seront probablement remises en question elles aussi.

Car, rappelons-le, le tribunal n'a pas répondu aux questions qui ne lui ont pas été soumises. Voici donc des actes pour lesquels la même question pourrait être soulevée, pour faire progresser ce qui a toutes les allures d'un agenda idéologique de l'islam politique, et où une femme pourrait exiger de porter le voile intégral dans des situations où la vie publique n'avait pas à traiter la situation.

  • prendre un transport en commun
  • en salle de classe ou de formation (ex. dans un cégep, une université, ...)
  • des épreuves (examens, tests) académiques
  • lors de la réception d'un soin de santé remboursé (payé) par l'État
  • lors de l'examen ou l'épreuve d'admission à un ordre professionnel
  • lors de l'examen ou l'épreuve d'admission à un poste (ou une liste avec discrimination positive) dans la fonction publique
  • la dispensation par une professionnelle voilée intégralement (niqab), d'un service (médical, éducatif ou autre) envers un citoyen (ou plutôt une citoyenne et des enfants), car on dira que cela n'affecte pas la qualité (contenu) dudit service
  • lors d'élections (à surveiller lors du vote fédéral du 19 octobre!) à divers niveaux (assemblées diverses incluses, ex. syndicales, ...)
  • etc.


À surveiller lors des élections fédérales du 19 octobre 2015?


Zunera Ishaq compte bien prêter serment dans les prochains jours, selon le reportage, afin de pouvoir voter pour la première fois au Canada, le 19 octobre prochain. Est-ce le fruit de trop d'imagination, ou est-ce l'annonce d'un vote avec le niqab (voile intégral)?

«We believe in canadian justice !», a scandé cette femme au sortir du tribunal, en faisant le geste de la révolution. Crédits photo: extrait du reportage vidéo de RDI, (16 septembre 2015)


Nous comprenons tous qu'il ne faut pas que le Canada en arrive là. C'est pourquoi le pays doit clarifier ses lois avant l'audition de l'appel annoncé par le gouvernement conservateur, en Cour Suprême. Mais selon la position déclarée des partis politiques, ce ne sont ni le NPD de Tomas MULCAIR, ni le Parti Libéral du Canda (PLC) de Justin TRUDEAU qui vont livrer ce combat...
D'une part, à multiplier les virages, les politiciens finissent pas perdre de la crédibilité. D'autre part, cela crée l'impression que le pouvoir est plus important que les convictions. Après tout, la politique de Stephen HARPER pourrait être payante en cette période électorale.