mardi 23 novembre 2010

Gauche et droite au Québec : un sondage d'opinion trop "léger"

23 NOVEMBRE 2010. Un Québec plus à gauche pour les prochaines décennies. Voilà l'hypothèse que nous sert un sondage Léger Marketing; à mon avis un sondage trop "léger". Il me semble que la plupart des gens ignorent même ce qu'est la droite et la gauche. Ils ignorent encore qu'il y a plus d'un type de droite, ou qu'on peut avoir des valeurs à droite et des valeurs à gauche, selon les enjeux. La nature nous enseigne que nous avons besoin d'un bras droit et d'un bras gauche. Pourquoi devrait-on renoncer ensuite à 50 pourcent de notre "cerveau"? D'autre part, qu'une génération de jeunes hommes qui ont décroché de l'école secondaire volontairement, veuille l'argent de ceux qui les ont terminées, ce ne serait pas un illogisme en soi. Un sondage dit ce que nous voulons ou percevons; non pas ce qui est réalisable, ni meilleur (dernières mise à jour 25 nov. 2010;  21 septembre 2012)

LIRE AUSSIComment je vois le Québec de demain?

Stigmatiser les idées c'est bannir la réflexion et le débat

Cercle chromatique et complémentarité des
couleurs. Il y a aussi une complémentarité
des idées dans une société.
La stigmatisation des idées politiques est un phénomène récent au Québec. Cela donne lieu tantôt à des tendances de manipulation des idées, tantôt à de sérieux raccourcis intellectuels. C'est le cas par exemple, au gré des sondages politiques, dont le récent sur la gauche et la droite au Québec, mené par Léger Marketing, constitue un bel exemple... à proscrire. 

La nature nous enseigne que nous avons besoin d'un bras droit et d'un bras gauche. Pourquoi devraient-on renoncer à 50 pourcent de notre "cerveau"? 


Le vrai bogue (bug) de l'an 2000

Jusque vers l'année 2000 au Québec, et il me semble, dans le reste du Canada, on ne parlait pas de politique en terme de gauche et de droite, mais en terme d'idées, de projet social pour certains partis politiques, ou de programme de parti pour d'autres.

C'était avant qu'il devienne d'usage de picoler dans le programme des partis adverses et de changer son propre programme tous les 2 jours en période électorale. Mario Dumont de la défunte ADQ, a souvent été victime de plagiat, bien que la majorité l'ont regardé avec condescendance durant plusieurs années.

Puis, au tournant du troisième millénaire, peut-être en raison d'un journalisme paresseux plus intéressé aux dégustations de vins et fromages, ou peut-être en raison d'une plus grande politisation de la profession journalistique (1), le changement a commencé à s'opérer au Québec. Nous avons assisté à un changement de paradigme (système).

Changement progressif de logique de système (de paradigme)

Au tournant du troisième millénaire, nos médias se sont mis progressivement à stigmatiser ou vider le discours ou le débat en étiquetant les partis et les idées; gauche, droite, centre-droite, centre-gauche (pourquoi pas extrême-centre pour les sans-opinion?). Cela s'est amplifié au cours de la dernière année.

C'est quoi cette muselière pseudo-démocratique? Les médias se seraient-ils arrangés pour que le peuple n'ait plus à réfléchir. Tel parti est marqué de droite? Alors «banissez-le!». Mais au fait, de quelle droite ou gauche parle-t-on en tel cas; est-ce la droite morale (et laquelle?), la droite économique ou la droite idéologique raciste?

Les idées et valeurs ne se mettent pas dans une boîte

Cette approche de marquage ou stigmatisation idéologique très arbitraire est évidemment dépassée avec l'état des enjeux actuels. On peut à la fois, par exemple, vouloir une réduction des dépenses de l'État et de ses interventions (droite économique) et vouloir se donner de bons programmes sociaux en santé (gauche économique et droite morale de tendance chrétienne). On peut aussi avoir des objectifs non réalisables. À 10 ans, plusieurs jeunes joueurs de hockey rêvent de jouer dans la LNH. À 25 ans, combien auront effectivement atteint leur objectif; 1 sur 1000 ou 1 sur 600 maximum ? Il arrive souvent de même que le communisme et le socialisme n'aient pas les moyens économiques et moraux de leurs idéaux. C'est du moins ce qui a ressorti du 20e siècle. 

Au Québec, nous sommes actuellement en social-démocratie, comme l'a bien rappelé Nathalie Elgrably-Levy de l'IEDM (2). En cela, le sondage Léger Marqueting décrit une perception qui n'est pas fausse. La génération montante veut que tout continue comme avant.

D'autre part, qu'une génération de futurs jeunes hommes qui décrochent de l'école secondaire veuille l'argent de ceux qui les terminent, ce ne serait pas un illogisme en soi. Je ne dis pas cela par mépris, car l'entrepreneuriat n'est pas qu'une question d'instruction et de notes académiques. Mais dans un sondage d'opinion, la majorité des gens aiment le plus d'argent pour le moins d'efforts. Pourquoi pas la  semaine de 3 jours en conservant mon salaire actuel? Qui serait contre? Ou que d'autres rêvent d'une université gratuite pour y passer une décennie à étudier à mi-temps, ou à faire 2 bacs et demi à "cruiser" les jeunes femmes en surnombre jusqu'à l'a trentaine n'a rien d'étonnant non plus.

On atteint vite les limites de la gouvernance d'une nation par sondages.

Sur l'illogisme actuel du marquage droite-gauche

Ce marquage droite-gauche soulève de sérieuses questions éthiques en matière d'information, si l'on réfère à quelques problématiques particulières. Il faut avoir vécu la transition ou le changement de paradigme (système, équilibre, ordre) de l'information pour comprendre. Il fallait déjà être conscient d'exister il y 20 ans pour avoir observé la dérive et les effets pervers d'une simplification abusive des idées et valeurs.
  • L'environnement (la Terre, l'eau et les droits sur l'eau, l'agriculture, l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables ou renouvelables) c'est de droite ou de gauche? Par exemple, on peut être de droite économiquement (libre entreprise, non-ingérence ou ingérence réduite de l'État) avec une entreprise prospère et vouloir protéger l'environnement.
  • La justice (protection du citoyen, combat contre le crime, accès au droit et à la justice pour tous), c'est de droite ou de gauche?
  • Le racisme et la ségrégation sur une base ethnique peuvent être pratiqués par la gauche. Même chose pour la censure des médias; l'Histoire l'a prouvé.
  • Le sport ou la culture, c'est de droite ou de gauche?
  • L'économie, c'est de droite ou de gauche? L'un peut très bien par exemple suivre à partir d'un vol intercontinental, ses actions de la bourse, participer ainsi activement au capitalisme et au libre marché, tout en ayant une conscience sociale et être prêt à ce que les démunis soient soutenus (et ses employés traités avec justice). Deux capitalistes prospères (droite) peuvent être en complet désaccord sur les valeurs morales (capitalisme qui suit des règles versus capitalisme dément qui spécule sur les aliments et autres richesses et exploite les petits producteurs). Ce sont les valeurs et convictions profondes qui font toute la différence.
  • La sécurité civile; c'est de droite ou de gauche?
  • La souveraineté d'un peuple ou son adhésion permanente à une nation plus grande; c'est de droite ou de gauche?
  • Les valeurs pro-famille, c'est de droite ou de gauche?
  • Le soutien de nos aînés (et gens de grand âge) c'est de droite ou de gauche?
  • La spiritualité, la foi et la religion, c'est de droite ou de gauche? La plupart de ceux qui ont rejeté le christianime, par exemple, sont des gens très religieux et souvent même, très engagées dans les nouvelles et anciennes spiritualités.
  • Les ententes public-privé qui ont fait leur preuve comme en éducation, sont-elles nécessairement contre les valeurs gauchistes?
  • Et la langue française qui unit un peuple?
Tout ce vocabulaire politique hyper-simpliste (gauche, droite, centre) ne sert plus qu'une chose : nous empêcher de réfléchir. Au lieu d'évaluer des idées et des réalisations, on nous conduit, sciemment ou involontairement, selon un classement arbitraire et idéologique que les médias brandissent au besoin, quand les sondages donnent avantage à un parti qui monte, mais dont certaines valeurs sont non grata pour le média qui parle. C'est fou ce qu'on peut découvrir sur l'idéologie d'un média et ce genre de manipulation, en «zappant» d'un réseau de TV à l'autre en temps de campagne (course) politique. Les mêmes nouvelles (les événements) se voient attribuées des lectures diamétralement opposées, suivant le média consulté.

La stigmatisation politique des partis constitue en quelque sorte une forme pernicieuse de désinformation. Elle est pernicieuse parce que difficile à déceler. La stigmatisation se donne des allures de vulgarisation de sujets complexes. Plutôt inquiétant, quand on sait que nos médias sont porteurs d'idéologies ou valeurs (sociales, économiques, spirituelles versus anti-spirituelles) qui leur sont propres.

Je suis de valeurs plutôt conservatrices sous bien des aspects, mais je ne suis pas limité à un parti politique canadien ou québécois. Le parti auquel je m'identifierai le plus peut par moment prendre des tangentes totalement différentes de mes valeurs ou convictions. Je serais prêt à voter pour un parti non étiqueté comme étant, dépendamment des choix que pourrait faire ce dernier. 

Une société démocratique équilibrée aura, il me semble, des valeurs justes, un peu à la manière des notes d'un piano (à droite, à gauche, des blanches, des noires) ou comme les couleurs réparties selon le cercle chromatique. Ce sont les débats et le droit d'exprimer une vérité et non l'uniformisme politique qui ont progressivement défini notre société... Méfiez-vous de ceux qui associent le mal à une catégorisation arbitraire. Ce ne sont que des modes ou des concepts creux.

En attendant, vous voulez mon avis? Enfilez vos gants de boxe et donnez une gauche et une droite à ces médias qui prennent votre cerveau pour une cage à souris de laboratoire ou sous-estiment votre intelligence.

Plusieurs membres de l' «élite» québécoise (le vrai pouvoir) vous regardent de haut. Ils confondent connaissances et intelligence. Les connaissances s'acquièrent en étudiant et en travaillant, mais l'intelligence est une capacité qui se développe, mais ne s'enseigne pas.

(cet article est une refonte complète du billet diffusé sous le titre Gauche, droite, gauche, droite, et si on réfléchissait, mardi le 30 décembre 2008)


LIRE AUSSIComment je vois le Québec de demain?
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1.    Les médias québécois ont de  plus en plus migré à partir de la nouvelle-témoignage clairement différenciée des étapes d'éditorial (opinion, prise de position) et d'analyse sous plus d'un angle (compréhension, diversité de lectures), vers la conception et la fabrication de nouvelles. Ses messagers sont devenus des prédicateurs de valeurs et ont ainsi cessé de faire la différence entre le témoignage ou la transmission des faits et leurs valeurs ou opinions; ce qui appartenait traditionnellement à la lecture éditoriale et à l'analyse. Il y avait deux volets distincts (en apparence du moins chez les médias sérieux) dans le traitement de la nouvelle; les faits et le sens ou la lecture qu'on en donnait; les deux étant plus clairement séparés. Ce n'est plus le cas maintenant, en général. Autrement dit, sous prétexte que nul n'est impartial (ce qui est vrai), ils ont mélangé les faits et ce qu'ils voulaient leur faire dire. De là, il n'a fallu que peu d'efforts pour fabriquer (et sélectionner) la nouvelle en éliminant la "membrane" filtrante entre les faits (les données) et leur interprétation éditoriale. Comme exemples de prises de position :

    • Israël redevient la cause des problèmes du Proche-Orient, que dis-je, du monde entier. Ceux qui entretiennent des relations positives avec ce pays sont donc les ennemis du monde.
Courte vidéo sur Israël vs le monde arabe (durée 1 min 30 s)
The Middle East in a Nutshell

    • Conséquence: Le politiquement correct dans l'idéologie courante exige de vite étouffer l'affaire des réjouissances des Palestiniens à Jérasalem Est; plusieurs de ceux-ci jubilant dans les rues, devant les caméras, à mesure qu'ils apprenaient que le terrorisme avait frappé des cibles civiles dont principalement les tours jumelles du WTC, le 11 septembre 2001. Les médias qui rapportent la nouvelle sont taxés de cancres et de racistes.

Palestinians celebrating the fall of the twin towers on 911






    • Il faudrait faire table rase des valeurs et influences des Évangiles en Occident, ou les attribuer (puisqu'elles sont incontournables) à l'humanisme séculier et aux religions orientale. À l'émission Second Regard, un moine bouddhiste a cité à quelques reprises des textes des Évangiles, pour justifier la popularité croissante du bouddhisme au Québec (et dans le milieu scolaire laïc) avec la complicité de l'animateur, Alain Crevier (c'est lui qui fait le choix du traitement positif ou négatif des sujets). Pour être bien sûr que nous ayons entendu, l'émission a été sélectionné pour rediffusion quelques mois plus tard.
    • Ou en accolant des étiquettes au "mal", comme le sens péjoratif donné à "la droite", ou les ultra-ceci et ultra-cela, etc.
    • un groupuscule d'une micro-manifestation de 80 ou 100 citoyens qui ont une position très à gauche fait la une des médias à 3 ou 4 bulletins (ex. à la SRC la soeur francophone de CBC), mais une manifestation de 2000 ou 3000 avec une opinion plus conservatrice fait les faits divers dans le même média
          L'opinion a donc contaminé l'information. Le journaliste post-moderne a cessé de suivre la méthode scientifique, comme un chercheur qui aurait contaminé son échantillon d'un cours d'eau; les deux bottes dans l'eau, en y introduisant des éléments étrangers ou qui aurait corrigé des lectures "impossibles" dans ses tableaux (théorie du réchauffisme de cause anthropologique). Quand une donnée contredit l'idélogie elle est passée sous silence et exterminée. On retient volontairement la vérité captive.

Or, en pratique, l'éditorial (prise de position) et l'analyse devraient toujours être clairement différenciées dans la transmission de l'information. Autrement, le journaliste n'est plus un témoin, mais un professionnel de la censure. Il lui faut alors cacher ces images des avortements, cacher les réjouissances et danses des palestiniens dans les rues, le 11 septembre 2001 lors de la chute du WTC. Aucune hésitation pour dénigrer un documentaire contredisant ses théories, si nécessaire. La guerre des idées; rien de moins. Cela vient du fait qu'il est devenu un professionnel de la proclamation des valeurs (les siennes, celles de sa meute ou celles de son patron); valeurs que doivent adopter le bon peuple. Si la masse populaire ne suit pas, il faut vite l'ébranler par une photographie de presse bien choisie (ex. un soldat libanais blessé et se tordant de douleur près de la frontière d'Israël mais pas celui d'Israël quelque temps plus tôt, ex. un politicien conservateur dans une posture ou expression qui le désavantage). Ou il faudra ébranler la masse populaire par un sondage commandé, qui donnera l'impression que ceux qui pensent différemment sont des cons ou des perdants potentiels qui feraient bien de se ranger du côté des gagnants. Comme si le monde devait être dirigé par sondage et l'opinion populaire, ne jamais changer. Pourtant, cela va contre le sens commun. Si les opinions ne devaient pas changer, l'Occident pratiquerait encore l'esclavagisme. Il ne faut pas oublier que les premières victoires de l'abolitionnisme sont très récentes et reliées de près à l'intervention de plusieurs chrétiens politisés. Inversement, si le sondage va à l'encontre des attentes, il faut alors donner le micro aux spécialistes qui ramèneront le bon peuple à l'ordre. C'est souvent là qu'en est rendue la profession journalistique. Pas étonnant donc, que les nouveaux médias qui donnent un autre sens ou une autre lecture aux événements (médias sociaux, blogues, Sun News) font trembler l'establishment idéologique (l'élite qui transcendent les gouvernements), composé des hauts-fonctionnaires, consultants (ex. en éducation et enjeux de société-, donnateur$, etc.), généreux contributeurs aux partis  politiques, etc. Pour l'establishment jusque là sans compétiteur, c'est comme perdre le contrôle sur la vermine et l'obligation de devoir travailler plus fort et passer à une autre étape d'intervention.

2.   Nathalie Elgrably-Levy. Crise du capitalisme? Journal de Québec / Journal de Montréal et IEDM (Institut économique de Montréal), 18 novembre 2010.