C'est à se demander parfois si notre Gouvernement du Québec ne fait pas exprès pour nourrir la confusion en matière d'euthanasie.
Premièrement, l'euthanasie a été associée à la mort avec dignité (mourir dans la dignité) lors des étapes préliminaires des consultations en marche, comme si devenir malade et faible ou souffrir, était une étape indigne. On sent bien ici, les premiers indices de l'application médicale de la théorie de l'évolution. C'est très immoral et très malhabile et inquiétant, d'associer la souffrance et le besoin d'aide, avec la perte de dignité et d'ainsi manipuler les opinions, sondages et consultations.
On perçoit, tout comme dans les consultations des 15 dernières années au Québec, la signature des mêmes technocrates. Ceux-ci transcendent les gouvernements en agissant dans l'ombre, sachant fort bien que les politiciens ne sont pas des spécialistes et ne discerneront pas nécessairement les jeux de mots manipulateurs et les sophismes (arguments volontairement trompeurs). Certains politiciens sont évidemment complices, il ne faut pas se le cacher.
Deuxièmement, un exercice de consultation correct du Gouvernement, aurait exigé au minimum de bien expliquer la différence de fond, entre l'euthanasie (acte qui cause la mort d'une personne) et le non acharnement thérapeutique avec accompagnement médical du malade.
Des puits dans la sécheresse
Heureusement, il y a des puits dans la sécheresse. Le 25 août 2010 à 19h30, se tenait une tribune de médecins s'opposant à l'euthanasie, au Centre Marcel-Dulude de Saint-Bruno-de-Montarville au Québec.
À l'approche des consultations publiques que tiendra la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité (Commission mise sur pied par l'Assemblée nationale du Québec), des médecins ont partagé avec le public, le fruit de leur expérience auprès des malades et ont donné leur point de vue de spécialistes de première ligne, sur cette importante question de l'euthanasie. Une dizaine de médecins étaient répartis sur deux tribunes simultanées (en français et en anglais).
Dans la partie francophone, en répondant à une citoyenne, le docteur Patrick Vinay a donné une définition de l'euthanasie, précisant que les gens confondent généralement leur volonté de non-acharnement thérapeutique (ce qu'ils veulent appuyer) avec l'euthanasie, lorsqu'ils appuient l'euthanasie. Lors des étapes préliminaires des consultations, on aurait omis de bien distinguer les deux réalités. Le Dr Bruno Gagnon a pour sa part, donné des précisions importantes sur l'utilisation de calmants, comme la morphine et autres.
Voici deux extraits de précisions fournies à ce sujet, par les Dr Patrick Vinay et par le Dr Bruno Gagnon en réponse à l'intervention d'une citoyenne de l'auditoire, le 25 août dernier.
Dr Patrick Vinay, chef du service de soins palliatifs à l'hôpital Notre-Dame du CHUM:
[Début de la transcription]
«Vous me demandez Madame, une tâche difficile et extrêmement importante. Et je pense que si nous avions fait l'exercice que vous proposez, nous n'aurions pas des sondages qui nous disent que 70 pourcent des gens sont pour l'euthanasie. Vous savez pour quoi ils sont [réellement]? Ils sont pour qu'on n'ait pas d'acharnement thérapeutique. Il faut qu'on arrête les choses quand ça plus de bon sens. Il faut qu'on soit capable d'accepter que la vie a une fin. Qu'on n'est pas obligé de pousser de façon jusqu'à ... de façon inappropriée et de mettre des souffrances de plus sur des épaules qui n'en n'ont pas besoin. Et moi je fais partie des 70 pourcent qui pensent que ça n'a pas de bon sens. Et là-dedans, il y a zéro (0) euthanasie. L'euthanasie c'est un geste qui directement, volontairement, cause la mort de quelqu'un. C'est un meurtre, point à la ligne».
[Fin de la transcription]
De son côté, le Dr Bruno Gagnon a précisé des éléments importants sur l'utilisation de la morphine à des doses adéquates, avec une formation appropriée, pour diminuer la douleur.
Dr Bruno Gagnon, médecin en soins palliatifs au Centre de santé de l'Université McGill :
[Début de la transcription]
«Pour ce qui est de la question de l'utilisation de la morphine, ou ce qu'on appelle aussi et qui commence à apparaître dans les journaux, la sédation terminale ou la sédation palliative. Bon, première chose qu'il faut dire, le Dr (Gail?) McDonald qui est un des pionniers en oncologie et qui est aussi un des pionniers en soins palliatifs, dit «la meilleure chose qui est arrivée dans le soin des malades avec des cancers, ça a été qu'on a appris à utiliser la morphine de façon adéquate». C'est pas toutes les chimiothérapies, c'est pas toutes les les chirurgies. Ce qui a vraiment changé la vie des patients avec cancer, c'est cette découverte de comment utiliser de façon optimale les [...inaudible...] morphine et autres. Donc, la morphine ou autres, qui est utilisée de façon adéquate, avec expertise, et c'est pour ça que je parlais de formation, ne tue pas le malade. Elle améliore leur qualité de vie et il commence à [y] avoir des études qui sortent disant que les patients qui ont une qualité de vie augmentée, des douleurs contrôlées, vivent plus longtemps. La qualité de vie va avec la vie. Si t'as pas de vie, t'as pas de qualité de vie. Si t'as de la qualité de vie, t'as de la vie. C'est pas plus compliqué que ça».
[Fin de la transcription]
Extrait vidéo d'où sont tirés les remarques des deux médecins cités: