mercredi 14 décembre 2011

Égypte : les rapports sur la situation se contredisent

14 déc. 2011. ÉGYPTE ET MANQUE D'INFORMATION : OÙ EST LA SRC (CBC)?

Où en est l'Égypte en décembre 2011? Joseph FACAL revient d'un séjour. Ça va très bien... pour les Frères musulmans et les Salafistes, parce qu'eux étaient organisés avant la chute de Moubarak.

Voici un extrait du commentaire du chroniqueur Joseph FACAL, professeur et ex-ministre du Parti Québécois. Les choses vont bien, en Égypte, après le départ de Moubarak. Elles vont bien, selon sa lecture, pour les Frères musulmans et les Salafistes et selon la perception des non-islamistes qui résident dans le pays:

«Les premières déclarations d'intention des leaders islamistes locaux, totalement ignorées par les médias occidentaux, donnent froid dans le dos. La minorité chrétienne pense qu'elle va y goûter. Mes collègues universitaires basés là-bas, des Français pour la plupart, sont terriblement inquiets.
Les islamistes n'ont joué aucun rôle dans les soulèvements populaires du printemps, mais ils récupèrent maintenant à leur profit le désir de changement. Moubarak ayant fait le vide sur la scène politique pendant des décennies, les islamistes, qui étaient la seule force politique organisée en face de lui, cueillent aujourd'hui le fruit mûr» (1).
Après le "printemps arabe", suivra peut-être immédiatement un hiver particulier...
et sans été.

Où est la SRC? 
Réponse : la lecture des évènements avec un cerveau gauche

Les médias occidentaux, cela comprend aussi Radio-Canada (TV, radio, internet, information). Une question se pose: pourquoi une Société d'État comme la SRC et sa jumelle anglophone CBC avec une injection par nos impôts et taxes à son budget fédéral (nos taxes et impôts!) annuel de l'ordre de 1,1 Milliards (1100 Millions) de dollars (2009-2010), soit une injection d'argent public de 3 Millions (M$) par jour d'opération (21 M$ par semaine), n'est-elle pas en mesure de nous faire des rapports plus neutres, ou du moins des lectures alternatives, de la situation dans le monde arabe?

Le conservatisme social, le centre droit et la droite à Radio-Canada/
CBC


Voici comment l'ombudsman de la SRC (Radio-Canada francophone du Québec) décrivait les journalistes québécois en mai 2009:

«Ces Québécois « de souche » ont surtout étudié les sciences humaines et ont été contestataires dans la mouvance nationaliste et/ou de gauche. Souvent, leur façon de voir le monde comporte, par exemple, les éléments suivants : préjugés favorables envers les syndicats, antiaméricanisme, anticléricalisme, etc. [...] Remarquez que ce phénomène du « trop petit nombre » ne touche pas la classe journalistique plus que les autres. La preuve nous en est donnée chaque jour par les médias lorsque nous écoutons les experts sollicités pour nous éclairer. Les mêmes têtes reviennent. Un exemple : à lui seul, Steven Guilbeault, ex-directeur de Greenpeace au Québec, a été entendu 120 fois à la radio et à la télévision de Radio-Canada en 2007!» (2).
Julie MIVILLE-DECHÊNE, ombudsman
à Radio-Canada  de 2007 à 2011

Que ce contenu soit publié par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec est particulièrement significatif. On y semble conscient du problème. Mais comme le soulignait l'ombudsman de la SRC à ce moment, les étudiants en journalisme ont les mêmes professeurs boomers de gauche. Cela ne semble pas près de changer à moins de le prévoir, selon elle, dans les critères d'embauche des médias. On ne peut qu'être reconnaissant à Madame Julie MIVILLE-DECHÊNE pour son honnêteté intellectuelle. De par sa position d'ombudsman, représentante des citoyens, elle avait un accès privilégié à ce qu'on peut reprocher aux médias  INCLUANT la Société Radio-Canada - SRC, mais sans se limiter aux journalistes, ni à la seule Société d'État.

La SRC (et CBC) une belle grosse "patente" à privatiser

Voici un "rectificatif" convaincant de l'ombudsman de Radio-Canada. Comme on avait interprété ses propos (écrits) du 5 mai 2009, comme décrivant la situation à Radio-Canada, Madame Julie MIVILLE-DECHÊNE corrige le tir. Elle parlait des grands médias au Québec, des spécialistes et d'autres professionnels de la génération des boomers. Sauf que la SRC, ce n'est pas que de l'argent privé. Il y a beaucoup de nou$ autres, là-dedans (1100 Millions $ soit 1,1 Milliard $ par année au Canada pour l'année financière débutant en avril 2009 et se terminant en mars 2010):

« En page 44, le chroniqueur David Descôteaux écrit que j'ai confirmé le parti pris « de gauche » de Radio-Canada. Or, c'est faux. [...] Je donnais quelques exemples du manque de diversité d'opinions et de diversité culturelles dans les grands médias EN GÉNÉRAL. Il ne s'agissait d'aucune façon d'une analyse spécifique de la couverture de Radio-Canada, mais plutôt d'une tentative de réflexion plus large sur le journalisme au Québec », indique Julie Miville-Dechêne sur son blogue (3).

BINGO ! Le correctif confirme la lecture orientée, même à la Société d'État qui devrait être le média de tous les Canadiens. Si cette dernière ne peut pas se montrer plus neutre qu'une entité privée, et considérant que le contenu y est payé en grande partie par ponction à même les revenus des citoyens canadiens de toutes allégeances, voici une avenue fort intéressante. Bien, bien avant de privatiser Postes Canada qui livre encore une lettre pour seulement le tiers du prix d'un café, on pourrait privatiser les jumelles SRC et CBC.

Le signe du Bloc

La SRC devrait prendre ceci pour signe : quand la population du Québec a rejeté massivement la religion catholique, elle a rejeté ce qu'elle avait de bon autant que ce qui ne l'était pas. Quand les québécois ont rejeté le Bloc Québécois le 2 mai 2011 (parti politique fédéral), ils l'ont rejeté faisant table rase, même dans le fief de son chef charismatique. Quand la population sur-taxée et imposée se retournera contre une tour qui coûte très cher à la classe moyenne, mais communique avec un seul côté du cerveau politique et éthique, elle pourrait n'avoir aucune pitié pour la bête excentrée et excentrique et crier : "privatise !", "privatise!".

Voilà en effet une belle "patente" à privatiser, entre autres raisons, parce qu'elle livre une lecture à sens unique de l'actualité, contrairement à ce qu'on attend d'une société d'État en pays démocratique. Les citoyens s'attendent, avec leurs impôts, à du contenu de divertissement et à de l'information présentant des lectures diverses de la société, de la famille, de l'éducation, du monde du travail, etc. Lorsqu'une opinion domine, comme c'est le cas et  bien que hautement subventionné, il ne s'agit plus d'un organisme d'État qui représente la totalité des idées et lectures de la vie. Je serais tenté de dire:  "privatise!", "privatise!". Qu'en pensez-vous? Combien lui donnez-vous de temps pour se réformer?
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1.   Joseph FACAL. Au bord du précipice. Journal de Québec / Journal de Montréal, 14 décembre 2011.
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/josephfacal/archives/2011/12/20111214-081300.html

2.   Julie MIVILLE-DECHÊNE. Pour un engagement sérieux à l’égard de la diversité dans les grands médias. 10 chantiers pour l'info - On veut des voix, magazine Le Trente, Vol. 33, numéro 5, mai 2009.
http://www.le30.org/index.php?id=119&tx_ttnews%5Btt_news%5D=18082&tx_ttnews%5BbackPid%5D=268&cHash=8f33d25c7f
-   L'article a Miville-Duchêne (sic), ce qui le rend très difficile à trouver sur le web)
-   Ce fut un peu de "printemps francophone" dans la nouvelle du Québec ...
-  Madame MIVILLE-DECHÊNE a quitté son poste d'ombudsman à Radio-Canada en juillet 2011 pour poursuivre sa carrière hors du monde des médias. A-t-elle été poussée par la direction de Radio-Canada et boudée par le milieu de la profession journalistique? Elle aura été ombudsman de 2007 à 2011.

3.   Julie MIVILLE-DECHÊNE. L'ombudsman de la SRC réplique à une chronique du Journal de Montréal. Radio-Canada.ca, mise à jour 18 janvier 2011
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2011/01/17/002-ombudsman-journal-montreal.shtml