Crédits photo : Wikipedia.
Photo fournie par la famille;
prise vers 2001, il y a 9 ans.
L'utilisation de cette photo par nos médias, pour représenter Omar Khadr, relève de la désinformation. |
Voici pourquoi la thèse de l' «enfant-soldat» est difficile à défendre
Le cas d'Omar Khadr est difficile à saisir pour un Canadien. Ce jeune homme né à Toronto au Canada en 1986, a été arrêté en Afghanistan par les forces américaines en 2002, deux mois avant son 16e anniversaire. Il a été mis en accusation pour avoir tué un soldat américain lors de combats où il était du côté d'Al-Qaida, résistant lors d'une arrestation. Il aurait, été entraîné dans la mésaventure par son père, un proche de Ben Laden.
Des interrogations justifiées
Pourquoi s'acharner sur un «enfant-soldat» recruté et manipulé par le clan adulte? Depuis quand les soldats qui ont tué pendant une guerre sont-ils jugés à la pièce? Pourquoi n'y a-t-il pas une possible remise en liberté sans procès, comme pour tout prisonnier de guerre? Pourquoi un jeune de près de 16 ans, au moment des faits dont il est accusé, passe-t-il par la même porte que les autres, des adultes?
LIRE AUSSI: Comprendre le cas Omar Khadr (texte refondu et augmenté)
http://yapasdpresse.blogspot.ca/2010/08/comprendre-le-cas-omar-khadr.html
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al-Qaïda n'est pas un pays
Nous ne sommes pas ici en drame de guerre, où il serait question d'un même territoire sur lequel deux pays souverains prétendraient détenir les droits de propriété. Al-Qaïda ne constitue ni un gouvernement élu qui rend des comptes, ni une royauté.
Imaginez si, en Amérique du Nord, un groupe armé prétendant représenter le Canada et les États-Unis, mais non élu démocratiquement, s'élevait, recrutait et formait des combattants pour prendre le contrôle politique et idéologique (les valeurs) de nos deux pays, de nos régions et de nos villes, à la manière d'une mafia tentaculaire.
«Tu n'es pas avec nous?» - Bang ! Une balle dans la tête. «Ta jeune soeur de 15 ans a sauté au marché avec 70 autres civils? Quel dommage... On avait pourtant averti votre village de collaborer à la cause». Al-Qaïda, c'est cela. Il s'agit d'un groupe qui terrorise ses propres "alliés" (alliés par la peur).
«Tu n'es pas avec nous?» - Bang ! Une balle dans la tête. «Ta jeune soeur de 15 ans a sauté au marché avec 70 autres civils? Quel dommage... On avait pourtant averti votre village de collaborer à la cause». Al-Qaïda, c'est cela. Il s'agit d'un groupe qui terrorise ses propres "alliés" (alliés par la peur).
Voilà pourquoi le jugement d'Omer Kadher ne devrait pas avoir d'impact sur le sort des enfants-soldats. Il ne faudrait pas qu'il y en ait. Il est plutôt comme le fils d'un mafieux qui a grandi dans «la famille».
Al-Qaïda est du même niveau qu'une mafia qui transcenderait les gouvernants légitimes de pays souverains
C'est à la lumière de ceci que le cas du jeune Kadhr devait être abordé. Comment traiterait-on le fils d'un kaïd de la mafia, contraint de tuer à l'âge de 15 ans et 10 mois à Montréal, Vancouver, ou Toronto, pour défendre une cache de fabrique d'explosifs destinés à des attentats en vue du contrôle politique d'une région? Le laisserait-on en liberté après un simple interrogatoire? Irait-il, dès le lendemain, à l'école secondaire avec ses camarades de classe? Pas sûr...
Omar Kadher, d'après un croquis au
tribunal (2010).
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Serait-il légitime qu'un pays détourné par un groupe criminalisé soit assisté par d'autres pays pour reprendre contrôle de sa gouvernance? Un oui semble logique.
"Artisans" de bombes?
Au moment des affrontements menant à son arrestation, le jeune "artisan" fabriquait des bombes. Cette notion de bombe artisanale a été galvaudée à tort dans plusieurs cas. Quand des bombes sont fabriquées en quantité et peuvent percer le blindage des véhicules et même être déclenchées à distance, il ne s'agit plus d' "artisanat".
La méthode terroriste
Avec des mouvements terroristes comme Al-Qaïda, ou certains autres groupes de même nature, nous ne sommes pas dans un style de conflits entre pays souverains. Pour eux, les bombes dans les marchés publics, les autocars ou les avions civils, ce ne sont ni les dommages collatéraux, ni une bourde, mais bien la crème du terrorisme; une publicité gratuite à échelle quasi-mondiale. Les médias exposeront leurs revendications et leur argumentaire, contribueront à répandre le climat de terreur tant recherché et même à passer les messages entre les émetteurs et leurs contacts en divers lieux (les messages audio de Ben Laden qui parlaient autrefois toujours sur vidéo, peut-être un faux ou un Ben Laden diminué physiquement?). On peut donc dire que les médias occidentaux se mettent (malgré eux?) au service du terrorisme.
La méthode terroriste, ce n'est pas une armée légitime d'un pays souverain, mais un pouvoir parallèle autoproclamé qui supplante en pratique, l'autorité des gouvernements de pays souverains, et qui utilise la force pour terroriser des familles (populations civiles) ou l'influence ($) pour les manipuler incluant les chefs ou leaders élus. Voilà pourquoi des populations prises en otage ou plutôt sous la menace, donnent l'impression d'être en accord avec ces groupes et d'en redemander encore. Chose que renforce la corruption des autres. Un chef, un ministre, ou même un un dirigeant de la plus haute sphère, peuvent se laisser acheter éventuellement ou accepter de fermer les yeux ou regarder ailleurs quelque temps.
Ainsi, avec une minorité de représentants dans une population donnée (ex. 5 ou 10 %), ces pouvoirs autoproclamés qui sont en fait les vraies forces d'occupation de ces territoires, ce dont ils nous accusent, peuvent usurper le gouvernement légitime en place, par la force, les armes, la puissance de persuasion de l'argent ou d'autres avantages et ainsi changer la face d'un pays entier.
Une prise de contrôle de pays souverains sur des bases idéologiques
Nous nous trouvons, avec ces groupes, dans des conflits où des forces terroristes aux limites floues, des non-élus, ni par le sang (royauté) ni par le suffrage (élections) s'infiltrent dans les populations civiles pour mieux s'y cacher. Il s'agit de mouvements non légitimes, transcendant les gouvernements qu'ils prétendent représenter et utilisant la terreur pour manipuler des villages, des quartiers et même des villes entières de civils, contre leur gré. En plus d'y faire des victimes innocentes, ils y font fermer des écoles ou en interdisent l'accès aux jeunes filles et ainsi de suite.
Autrement dit, les groupes comme Al-Qaïda s'apparentent à une mafia ou à une association de criminels. Une minorité impose sa loi et sa vision politique, par la force ou par la corruption, à la majorité. C'est ce qui se passe sous une autre forme dans certaines régions du Mexique (version non religieuse).
Une force d'occupation étrangère en Afghanistan, vous dîtes?
Ou serait-ce plutôt la réponse à une collaboration forcée ou sous influence du pouvoir de l'argent? Pour les pacifistes qui ne l'ont pas compris, nous sommes en guerre contre un groupe autoproclamé qui a des visées de répandre par la force, l'Islam à l'occident. Nous assistons actuellement à un réveil radical de l'Islam. Et vous savez quoi ? Il n'y a pas de pétrole en Afghanistan!
Dans ce contexte, le cas du jeune Omar Khadr prend une autre couleur.
La question des conditions de détention est justifiée mais agit ici comme une manœuvre de diversion
L'action terroriste d'appartenance à une association criminelle illégitime et d'autre part, les dérapages de conditions de détention sont deux problématiques avec une solution distincte.
La question des conditions de détention du jeune Khadr était certes justifiée, mais son traitement avait l'effet pervers de faire manœuvre de diversion dans la guerre des communications que livre le terrorisme islamique contre l'Occident. Dans tout cas semblable, la question des conditions de détention est un débat qui doit être gardé distinct et qui se règlera de façon distincte. Nous favorisons le terrorisme en confondant son action et les dérapages éventuels des conditions de détention; en omettant en plus, que le terroriste islamiste peut mentir à volonté.
D'ailleurs, mentir à un non converti à l'Islam est non seulement permis, mais même enseigné dans certaines applications de la charia en pays non musulman. Récemment, un anthropologue et auteur spécialisé dans l'étude des religions, m'apprenait que la loi ou la charia islamiste n'est pas appliquée de la même façon en pays non musulman. À l'étranger, il peut être permis de mentir même à l'autorité ou de voler les biens d'un non-musulman. Un autre universitaire m'a récemment témoigné dans le même sens, qu'il avait eu personnellement connaissance qu'il est, dans le même ordre d'idée, permis de tricher à un examen ou dans un travail scolaire pour de meilleures notes en vue des diplômes ou de l'obtention des meilleurs emplois possible en occident. Tout cela, pour l'avancement de la cause.
Quelques questions sous cet angle différent
La question de la détention implique d'ailleurs des considérations essentielles.
- Nous nous demandons bien-sûr, avec nos jeunes en tête, comment juger un jeune séduit par l'endoctrinement terroriste? En Palestine, par exemple, les terroristes enseignent aux enfants que les soldats Israéliens mangent les petits enfants palestiniens.
- Ou nous nous demandons quelle part de responsabilité de ses actes, attribuer aux jeunes recrues, comme Khadr, dans le contexte de l'Afghanistan? Mais nous ne nous demandons pas si à l'âge de près de 16 ans (15 ans et 10 mois) au Proche-Orient, Omar était un homme ou un enfant? On se souviendra qu'il y a à peine 100 ans au Québec, les hommes s'engageaient à la ferme ou dans la forêt ou sur les bateaux dès l'âge de 15 ou 16 ans. L'adolescence à l'occidentale, n'est pas une notion universelle ancienne.
- Curieusement, nous ne nous demandons pas si nous avons raison de prétendre, qu'un jeune de 15 ans et 10 mois n'a pas son libre arbitre? Car si c'est le cas, pourquoi donnons-nous les permis de conduire une automobile à 16 ans au Québec, ou le droit à l'avortement, à une fille de 14 ans, sans obligation légale d'aviser ses parents? Il faudrait être cohérent. Où un adolescent a l'âge de raison à 14 ans, ou il ne l'a pas.
- Comment devrait-on juger le fils d'un kaïd de la mafia, contraint de tuer à l'âge de 15 ans et 10 mois à Montréal, Vancouver, ou Toronto, lequel aurait agi pour défendre une cache de fabrique d'explosifs destinés à des attentats? Le laisserait-on en liberté après un simple interrogatoire de routine (pauvre victime) ? Dès le lendemain, à l'école secondaire privée avec ses camarades? Pas sûr...
Il faut concéder que les jeunes de la trempe de Khadr n'ont pas la même responsabilité, qu'un adulte gradé (un chef) d'Al-Qaïda.
Réfléchir et repenser notre approche
Ce qui était la situation canadienne il y a 40 ans, ne l'est plus aujourd'hui. Le cas Omar Khadr constitue une situation plus complexe qu'il n'y parait. Les cas comme celui ayant mené le jeune Khadr à plaider coupable méritent qu'on prenne le temps d'y réfléchir, sans se faire l'écho naïf de certaines lectures trop simplistes des nouvelles formes de prise de contrôle des peuples. Le jeune Kadhr peut inspirer confiance. Mais un visage agréable (photo datant de vers 2001, prise un an avant son arrestation et encore utilisée pour représenter le jeune homme 9 ans après le cliché!) et des regrets, suffisent-il à éviter un verdict?
Il faudra réfléchir et repenser notre approche, sans tomber dans le sentimentalisme. Les bombes ne sont jamais sentimentales, les terroristes non plus. La situation d'Al-Qaïda (enjeu idéologique) ressemble beaucoup à celles des cartels de la drogue et du crime (enjeu financier), en Amérique du sud et au Mexique.
Apprendre de nos erreurs
Est-il justifiable de maintenir un prisonnier en détention sans procès durant 8 ans? Évidemment, non. Comme si cela ne suffisait pas, s'il s'était avéré innocent, il aurait fallu en plus le dédommager. Qui aurait payé les millions ($) en pareil cas? Les États-Unis (autorité pour la détention) ou le Canada dont il est citoyen?
Dans ce genre de situation, le Canada devra garder le contact avec ses citoyens ressortissants, arrêtés dans des opérations terroristes et garder l'autorité sur eux selon des ententes claires, préalable à tout engagement à l'étranger. La pratique actuelle a servi le terrorisme, à cause de certains dérapages réels ou présumés. Il faut se méfier de la "sous-traitance" en matière de traitement des prisonniers. Nous ne pouvons fermer les yeux puis dire: «Nous ne savions pas», en cas de torture présumée ou réelle.
Quant au jeune Khadr, que lui souhaiter, sinon une réconciliation avec la terre d'accueil de ses parents, le Canada. Nous ne lui souhaitons pas de mal. Un sage apôtre chrétien a écrit à l'Église naissante : «Nous n’avons aucun pouvoir contre la vérité».
Lien vers l'article original et plus complet, publié en août 2010, avant le plaidoyer de culpabilité de l'accusé : Comprendre le cas Omar Khadr (texte refondu et augmenté)
http://yapasdpresse.blogspot.com/2010/08/comprendre-le-cas-omar-khadr.html