mardi 6 octobre 2015

Élections 2015: Seulement deux cas liés au niqab ? Il suffit d'un seul !

On a souvent entendu ou lu, au cours de la campagne électorale fédérale canadiennes 2015, que pour le niqab, il n'existe que deux cas de contestation au Canada et que cela ne justifierait par conséquent aucune réelle attention en politique canadienne...


M'ouais... Premièrement, la quantité («deux cas») est douteuse. C'est plus une «clip» des conseillers politiques en faveur du «MUTILE-culturalisme» multiculturalisme extrême, jouée au besoin («seulement deux cas au Canada»), qu'une quantité représentant toutes les administrations publiques au pays. Il y a certainement des cas que nous ignorons, parce qu'il y a eu une entente ou renoncement. Les cas ne sont pas tous exposés par les médias. Au Canada, on a beaucoup parlé du niqab en campagne (jugement de la Cour d'appel fédérale, sept. 2015) parce que le cas est allé en Cour fédérale, puis en Cour d'appel fédérale (jugement sorti en pleine campagne) ET ira en Cour Suprême du Canada.



Deuxièmement et surtout: il suffit d'un seul cas!

Zunera Ishaq, d'origine pakistanaise, au sortir du tribunal de la Cour d'appel fédérale en sept. 2015. Crédits photo: extrait du reportage de RDI (16 sept 2015)


Il suffit d'un seul cas, pour ouvrir la porte. Si on peut porter le voile intégral, laissant seulement voir les yeux, lors de la Cérémonie officielle d'assermentation pour l'obtention de la citoyenneté, alors on pourra réclamer comme un droit, de le faire en d'autres exercices publics. Par exemple, une femme pourrait avoir la même exigence, dans une classe à l'université, et pourquoi pas pour dispenser un service public (ex. poser un acte médical, enseigner une classe dans une commission scolaire, une étudiante passant une épreuve universitaire, etc.). Beaucoup de demandes et exigences seraient à prévoir...

  • Souvenez-vous du port du kirpan  à l'école (poignard sacré des sikhs). Le poignard sacré servait entre autres, à l'origine, à défendre sa foi devant les impies (non-sikhs). Il a suffi d'un seul cas devant les tribunaux pour contourner l'intention laïque dans les lieux et emplois publics de l'État et le milieu parapublic (comme les commissions scolaires publiques au Québec) et pour que les jeunes sikhs mâles puissent porter le kirpan dans une école secondaire (Le Devoir, 3 mars 2006). Personne n'en parle plus mais il est là.
    Kirpan (poignard sacré) artistement travaillé. Crédits photo: khalsakirpans.com
  • Souvenez-vous du port du turban (sikh) avec l'uniforme de la Gendarmerie royale du Canada (Royal Canadian Mounted Police - RCMP). Il a suffi d'un seul cas (1990?), et maintenant la tradition se poursuit.

Turban au travail, dans une fonction officielle.

Dans le cas de la cause du niqab soumise initialement à la Cour fédérale par Zunera Ishaq, d'origine pakistanaise, la Cour d'appel fédérale a par un second jugement, confirmé le premier et établit qu'à moins de préciser la loi, il serait actuellement permis d'assister à la cérémonie officielle d'assermentation pour l'obtention de la citoyenneté canadienne, en étant voilée. On nous dit que c'est après avoir été identifiée en privé; donc en toute logique, devant UNE fonctionnaire (double accommodement); ce que personne ne dit. Les médias écrivent et disent: devant UN fonctionnaire, mais on peut presqu' assurément dire que ce sera «UNE».


Accommodement raisonnable ?!


Photo ayant largement circulé entre autres sur Facebook.

Besoin d'un digestif?


Ce que la très grande majorité des Québécois et la majorité des autres Canadiens ne digèrent pas dans la cause en appel du niqab, c'est qu'alors qu'ils se sont soumis au jeu de la laïcité et ont fait leurs devoirs, en séparant la vie religieuse des services publics de l'État, certains nouveaux Canadiens ont fait et font exactement l'inverse: tenter d'imposer leurs symboles religieux à l'école et dans la fonction publique où lors des obligations de citoyens. Par exemple, je trouverais choquant de me faire interpeller par un policier portant le turban. Je trouverais que sa religion m'agresse, tout autant que le serait un athée, par un policier portant un crucifix de 10 cm au cou.

Autrement dit, on restreint les religions tolérantes qui n'obligent pas, ou n'obligent plus, le port de symboles religieux dans les institutions ou fonctions officielles de l'État (ex. des religieux employés de l'État, de la fonction publique ou parapublique comme une école), mais on le ferait pour ceux qui prétendent que la «visibilité» de leur signe est essentielle (un soit-disant incontournable). 


Donc la prochaine fois que vous entendez l'argument: «Il y a seulement deux cas dans tout le Canada!» ou quelque chose du genre, souvenez-vous de ceci: il suffit d'UN seul cas! 

Bonne digestion!

Pensée: Mon Maître enseigne l'accueil: «J'étais étranger et vous m'avez accueilli».  Mais accueillir, ne signifie pas se dissoudre.