jeudi 20 mai 2010

Avortement : le débat est-il réellement clos au Québec?

20 mai 2010. Le journaliste Denis Lévesque du réseau de télévision LCN / TVA recevait le 18 mai à son émission éponyme, Madame Marilyn Paris, une jeune femme de 25 ans résidente de Grand-Mère dont le discours allait dans le sens de la vie humaine débutant à la conception. (dernière modification : 21 mai 2010, 21h43)

Crédits photo : LCN / TVA
L'autre invitée sur le sujet, Me Francine Boivin (avocate pro-choix), pensait évidemment ne faire qu'une bouchée de la jeune invitée, comme les Penguins de Pittsburgh, gagnants de la coupe Stanley en 2009, pensaient le faire face aux Canadiens de Montréal dans les séries éliminatoires de hockey 2010. Erreur dans les deux cas.



L'écoute des deux argumentaires suivis d'un bref débat m'a parfois retourné, car je suis né avant la jeune femme et j'ai été choqué des demi-vérités ou non-dits de l'avocate
, dans la foulée de toute la hargne médiatique actuelle contre le cardinal Ouellet qui a osé dire que la vie humaine commence à la conception. Et je me souviens d'un débat beaucoup plus récent que 40 ans, qui s'est soldé en 1988, par le vide juridique actuel entourrant la vie du fœtus et de l'embryon.

«Taisez vos convictions» : à quel commandement démocratique cela correspond?


Me Boivin, avocate, dit en essence à la jeune femme (paraphrase), que chacun peut croire ce qu'il veut pour lui-même (dans le contexte = avorter ou non), trouver sa propre conviction, sans pour autant chercher à l'imposer à tous ni à faire rouvrir le débat en vue de changer les lois.

Réponse : tout n'est-il que personnel et individuel dans une société?
- Pour une personne 'A' (dont je suis) il faut payer ses impôts et taxes et déclarer tous ses revenus. C'est une question de solidarité sociale.
- Pour une personne 'B', il n'est pas nécessaire de tout déclarer au fisc, car ils en ont déjà suffisamment. Donc la personne 'B' ne voit pas de problème avec le tabac de contrebande, le travail au noir ou le paiement de services "sous la table" et libre de taxes, etc.

Donc à chacun ses convictions??? C'est pas mal tentant de passer du clan 'A' au clan du 'B', vous ne trouvez pas?

La vie en société n'est pas que convictions personnelles et droits individuels 


Autrement, le pédophile pourrait bien dire qu'il a "toujours été comme cela". Même chose pour celui ou celle qui se livre à de la bestialité en disant que cela ne regarde que lui et pas les autres. Dans les faits, à partir du moment où la maladie ou la destruction deviennent publiques (collectives), l'acte le devient aussi.

Le bonheur individuel comme mesure de la justice?


Et si le bonheur est la mesure de la justice, alors je peux vous dire que je serais plus heureux de donner moins d'argent aux divers paliers de gouvernements. Pire, les criminels sont souvent heureux de leurs activités illicites.

Le débat de l'avortement est-il vraiment clos?


Selon l'argumentation du "déjà débattu, déjà réglé", on n'aurait jamais pu revenir en arrière sur la question de la peine de mort et aujourd'hui, on pendrait des criminels au Canada.

Le débat canadien sur l'avortement est-il vraiment clos ou a-t-il été volé?


Une majorité des canadiennes sont pour une certaine protection du fœtus. Même chose dans les faits, "il y a quarante ans !" (comme ils aiment le dire)... Mais ils omettent ceci : une majorité de Canadiens s'opposaient à l'avortement et étaient en faveur de son encadrement légal, avec une certaine protection du fœtus. Ce que la population était plus disposée à concéder, c'était l'avortement durant les premières semaines de la grossesse, pour certaines situations particulières d'exception.

Par exemple, il était question d'avortement "thérapeutique" (l'embryon ou le fœtus comme un tumeur malin ???) pour des raisons comme des risques de santé sérieux pour la mère ou une maladie ou malformation grave du fœtus, ou potentiellement les situations comme une agression sexuelle et la santé mentale de la mère. Pourtant, tuer pour guérir peut sonner un peu SS.

La raison pour laquelle le débat devrait être actualisé

Avec près de 30,000 avortements par année au Québec (env. 100,000 au Canada), il est clair qu'il y a eu dérive sérieuse. Nous ne sommes plus en situation d'exceptions. La situation réelle actuelle ne suit justement PAS le pacte social non écrit des années 1980. Les avortements sont aujourd'hui surtout pratiqués pour toutes sortes de raisons, souvent pour accommoder la carrière ou palier à la négligence du non-usage de contraception, attendre le conjoint de rêve.

La pratique ne suit donc plus le critère social d'il y a moins de 30 ans, lorsque le Dr Henry Morgantaler a réussi à faire invalider en Cour Suprême, l'article 251 du Code criminel canadien restreignant l'avortement.

Réflexion sur le financement sans condition des avortements au Canada 

Selon l'argumentaire pro-choix, le fœtus, malgré son code génétique unique et distinct, n'est pas un être humain et n'a par conséquent aucun droit. Il ne serait qu'un appendice de son corps ou une «erreur» dans plusieurs cas. Donc si l'on ajoute à cela que la grossesse, elle, n'est pas une maladie, alors l'acte devrait être de la même catégorie d'une chirurgie esthétique. Ce n'est pas ce que je crois, mais la seule conclusion logique face aux faits. Ce que je crois, est qu'il faut encadrer l'acte et cesser de le subventionner sans restriction ou critère de financement.

À quelle étape de la grossesse, l'avortement devient-il actuellement interdit au Canada (2010)?


Réponse : À aucune étape de la grossesse. La seule raison pour laquelle les avortements tardifs des québécoises se font surtout aux États-Unis, n'est pas que ce serait légal là-bas et pas ici. Il y avait un pas que l'opinion publique ne voulait pas franchir. Mais rien n'interdit l'avortement tardif.  À preuve, notre gouvernement en défraie actuellement aux États-Unis; financement gouvernemental qui serait impossible si un tel acte était illégal au Canada.

Le non-encadrement de l'avortement au Canada


Actuellement, ce que le Canada a entre les mains, en matière d'avortement, ce n'est pas un cadre législatif, mais un vide juridique sur le statut du fœtus et ce, JUSQU'À LA NAISSANCE.

Il faut comprendre que dans le jugement historique de la Cour Suprême du Canada de janvier 1988, favorable au Dr Morgentaler contre le gouvernement canadien et les provinces, le plaignant a gagné en démontrant que les comités médicaux d'approbation des avortements n'avaient pas de critères uniformes d'une province à l'autre et même d'un institut de santé à un autre au Canada. Certains comités étaient très strictes et d'autres au contraire très permissifs. Toutefois, les juges de la Cour suprême du Canada en 1988, ont ajouté que le gouvernement canadien pouvait légiférer pour restreindre l'avortement et protéger le fœtus. C'est que les tribunaux sont censés juger selon l'état du droit et non selon les dispositions humaines.

Le gouvernement canadien a compris le message envoyé par la Cour Suprême, et a donc proposé un cadre légal. Le projet de loi résultant de 1989 a démocratiquement été adopté par les élus du parlement. Mais, par un revirement inattendu, le gouvernement a vu son projet de loi rejeté par le Sénat. Ceci a constitué une situation exceptionnelle; soit un renversement par des non-élus, de l'intention démocratique des citoyens et des élus qui voulaient un cadre et une protection minimale du fœtus en fonction d'une étape de son développement.

On peut  parler à mon sens ici, d'échec de la démocratie. La population étaient pour un encadrement légal  de l'avortement, droit reconnu par la Cour Suprême de légiférer, et les élus ont approuvé un projet de loi en ce sens, avant d'être bloqués pour une question d'égalité des voix au Sénat. On peut reprocher au Sénat ici de n'avoir suivi ni l'intention du législateur, ni la préoccupation de la population.

C'est ici le silence coupable de nos élites qui véhiculent largement l'idée d'une volonté populaire suivie il y a entre 20 et 40 ans, alors que c'est fondamentalement FAUX.  Les média ont simplement repris en boucle depuis 1989, les multiples déclarations de Morgentaler et son "amour pour les femmes" (pas pour les femmes à naître évidemment), à chaque ouverture d'une première clinique dans un nouveau territoire.

Me Francine Boivin a donc bien raison de couvrir ses arrières (sa crédibilité), lorsqu'elle dit que la seule façon de changer la situation actuelle, serait une loi qui encadrerait l'avortement; chose qu'elle ne souhaite pas par ailleurs. Autrement elle se discréditerait totalement en tant qu'avocate.

Faut-il parler de criminalisation de l'avortement ou d'encadrement de l'avortement?


Tout de suite les grands mots, avec la "criminalisation" de l'avortement (de tous les avortements). Dans les faits, il est beaucoup plus probable qu'au Canada le législateur se limiterait à encadrer l'acte de l'avortement. Mais il y aurait une protection du fœtus ou à tout le moins, une plus grande responsabilité des individus; par exemple, serait-ce au minimum, via le resserrement des critères de financement des avortements, compte tenu que ceux-ci sont pratiqués à l'encontre de l'intention d'origine et sans égards aux revenus des demandeurs pour interrompre une grossesse qui, par définition, n'est pas une maladie, ni le fœtus un tumeur. 

La question du financement de tous les avortements au Canada


Il y a en effet la question du financement de tous les avortements qui est de plus en plus difficile à défendre, compte tenu que les avortements sont pratiqués pour toutes sortes de raisons comme la carrière, la prospérité financière, le timing, le QI ou le compte bancaire du géniteur, etc. Or, ce n'était pas l'intention lors du plus fort du débat des années 1980.

Me Boivin souligne que l'avortement est reconnu ici comme un "acte médical". Or c'est justement selon cette logique, que les, un peu moins de 30,000 avortements par année, sont couverts financièrement par le régime de santé publique au Québec.

Question : la grossesse n'étant pas une maladie, pourquoi doit-il en être ainsi? La femme et le géniteur qui cumulent 80,000 $ de revenus par année ne peuvent-ils pas couvrir, les frais d'un avortement suite à l'absence de contraception? C'est que voyez-vous, la grossesse n'est PAS une maladie. Et l'embryon ou le fœtus ne sont ni un kyste, ni un tumeur, mais le résultat naturel d'une fécondation à travers un acte généralement consentant.

Avortement en secret, des jeunes filles de 14 ans au Québec


Il y a une autre question qui m'agace royalement, c'est l'incitation légale (pression) envers une jeune fille de 14 ans au Québec, d'obtenir un avortement dans le plus grand secret, sans que ses parents en soient informés. Autrement dit, le parent a la responsabilité pour le bien-être et soutien de ses enfants devant l'État, mais on s'est donné le droit de cacher ce qu'une fille de 14 ans ou plus vit, privant ainsi le parent d'une information essentielle dans l'accompagnement de son enfant. Ainsi, si une jeune fille vit une dépression suite à un avortement secret, le parent ne saura pas ce qui s'est passé. C'est inacceptable et cela doit être renversé.

Car l'avortement a effectivement des effets secondaires plus qu'anecdotiques et au contraire bien réels, comme la possible dépression. Il faut comprendre que dans la grossesse, il y a tout un bouleversement hormonal qui se met en branle. Or l'interruption soudaine de la grossesse vient en quelque sorte à contre courant du projet de vie en cours et le corps et le psychisme de la femme en vivent des effets indéniables.

L'avortement de type "planning financier"

L'interruption de la vie pour une raison quelconque comme le budget (matérialisme) ou la carrière serait-elle un service communautaire (CLSC = Centre local de services communautaires)?


LIRE À CE SUJET :

L'autre destin : imaginez Barack Obama avorté (non né)

(publication originale 27 NOV. 2011)

Barack Obama, avait le profil type pour être un des enfants à naître, éliminé pour raisons financières: parents étudiants, etc. Si la même histoire était arrivée 30 ans plus tard, cette grossesse se serait probablement terminé par avortement.

http://yapasdpresse.blogspot.ca/2011/11/lautre-destin-barack-obama-avorte.html




Quand l'émotion supplante la raison dans le débat sur l'avortement


En conclusion, tout le débat actuel remis à l'avant-plan révèle que l'avortement sans restriction et subventionné pour les personnes de quelque revenu que ce soit et pour quelque raison que ce soit, relève davantage d'un état émotif, plutôt que d'une soit-disant rationalité.

Le seul argument que les pro-choix peuvent mettre de l'avant est que «c'est le corps de la femme», ce qui est scientifiquement faux depuis les découvertes de la génétique (génome humain décodé). L'enfant à naître a son propre code génétique distinct du père et de la mère dès la conception et il n'est pas un kyste ou un tumeur (pas un agresseur du système).

L'autre argument, celui du «déjà débattu, déjà réglé», ne tient pas davantage la route. D'abord parce que le débat n'a jamais été clos, le statut du fœtus n'ayant jamais été déterminé. Ce qui a été déterminé est que les comités médicaux étaient inconstitutionnels.

Des non-élus, le Sénat (issu des nominations politiques), ont décidé de ne pas protéger le fœtus, et ce, choisissant d'aller à l'encontre des élus et de la population, après une loi voté à la Chambre des Communes. Et encore, là en raison d'une égalité des votes au sénat; même pas une majorité!

Et on peut sérieusement se questionner sur la gratuité pour tous, sans distinction des revenus, de l'acte dit "médical", dans le contexte où la grossesse n'est pas une maladie.

Selon l'argumentaire pro-choix, le fœtus n'est pas un être humain et n'a par conséquent aucun droit. Donc si on ajoute à cela que la grossesse, elle, n'est pas une maladie, alors l'acte devrait être de la même catégorie d'une chirurgie esthétique. Ce n'est pas ce que je crois, mais la seule conclusion logique face aux faits. Ce que je crois, est qu'il faut encadrer l'acte et cesser de le subventionner sans aucune restriction.

Pour visualiser l'interview réalisée par le journaliste Denis Lévesque directement 


sur Youtube :




Avortements au Québec; pas tous comptabilisés

LES CHIFFRES COMPLETS. LE SAVIEZ-VOUS? LE NOMBRE DES AVORTEMENTS DIFFUSÉS OFFICIELLEMENT, DANS LES MÉDIAS EST SOUS-ESTIMÉ de 3 à 10 pourcent. VOICI POURQUOI.
http://yapasdpresse.blogspot.ca/2012/09/avortements-au-quebec-pas-tous.html