mardi 9 septembre 2014

Magnotta: le cirque macabre annoncé (ABRÉGÉ)

Le Canadien Luka Rocco Magnotta (aussi connu comme Eric Clinton Newman et Vladimir Romanov selon INTERPOL, 31 mai 2012) est tristement sorti de l'anonymat, en devenant l'assassin de Lin Jun, un étudiant chinois. Il est présumé avoir découpé son corps dont il aurait posté des morceaux. Il se serait mis en scène lui-même dans une vidéo, dont il aurait diffusé une partie du matériel obscène. Il s'est fait médiatiquement connaître des Européens, comme le présumé «dépeceur de Montréal», après avoir quitté le Québec où il était un suspect très activement recherché. La possibilité qu'un jeune homme de 29 ans, de belle apparence puisse être un dangereux tueur séducteur et bisexuel (donc avec un large spectre de victimes potentielles), pouvant en plus décliner trois identités différentes avec des papiers (Luka, Eric et Vladimir), et se déplaçant librement en Europe, semble avoir cristallisé certaines populations, dans une crainte digne d'un polar. Il ne répondait pas au cliché de la gueule d'un tueur, ce qui le rendait plus dangereux.


Il est fort probable que le procès se joue, pour la défense, sur la non-responsabilité criminelle pour problèmes psychiatriques au moment des crimes. Là ne devrait pas être la principale surprise.

Inquiétude

Une tendance préoccupante émerge en vue du procès; une malsaine fascination matérialisée par la création d'une sorte de star du mal qui se démarque de la masse. L'antihéros a en fait, les apparences d'un « super-Eros » tordu; un prédateur sans compassion. Lui donner trop d'attention équivaudrait à fournir du matériel pouvant inspirer ou activer des êtres déséquilibrés qui observent le traitement médiatique et qui pourraient vouloir eux-aussi devenir un centre d'attention, à leur heure. 

Un pays équilibré ne met pas en vedette ses prédateurs, sauf  en communiquant  des informations pour la protection du public. En fait, tout se met présentement en place, comme si l'on voulait créer une célébrité de la violence qui pourrait éventuellement vendre son histoire. Dans certains médias, on annonce déjà que des places additionnelles sont prévues pour accueillir le surplus de public et de journalistes qui devraient affluer au procès. Bref, on n'a rien compris. On prépare un cirque médiatique sinistre pour fans de meurtriers. Est-il nécessaire d'ajouter, que si l'on voulait encourager d'autres prédateurs en manque d'attention à se mettre en valeur, on agirait exactement ainsi. Certains individus violents ou désaxés préfèrent une attention pour des motifs vils ou violents, à l'anonymat de la foule.

Appel au professionnalisme de la justice et des médias


En est-on collectivement rendus au tourisme du crime? Est-ce le prix à payer pour nourrir les chaînes d'informations en continu? Il faut en appeler à des médias responsables suffisamment professionnels pour ne pas verser dans le sensationnalisme poubelle. Mais cette continence doit commencer par un système de justice qui donne l'exemple et n'augmente pas l'offre habituelle d'accès aux procès. La justice n'est pas une foire. Tous, médias, justice, parents, éducateurs, doivent s'en tenir à ce qui est vraiment nécessaire: la protection des personnes, un procès équitable et la dissuasion.
Magnotta, selon une photo diffuées par INTERPOL
le 31 mai 2012.