dimanche 7 septembre 2014

Luka Rocco Magnotta: Cirque médiatique «trash» pour fans de meurtriers

7 sept. 2014 - Le Canadien Luka Rocco Magnotta (né Eric Clinton Newman et aussi connu sous le nom de Vladimir Romanov selon INTERPOL, 31 mai 2012) est tristement sorti de l'anonymat pour être allégué avoir assassiné Lin Jun, un étudiant chinois. Il est accusé d'avoir découpé son corps. Il s'est fait médiatiquement connaître en Europe comme le «dépeceur de Montréal» ou «du Canada» après avoir quitté le Québec où il était activement recherché. L'accusé se serait filmé en train de porter outrage au cadavre et aurait lui-même diffusé une partie du matériel obscène. Il aurait ensuite expédié des parties du corps de la victime. Comme il faut s'y attendre, devant l'apparente solidité de la preuve, dont fait partie cette vidéo où il s'est lui-même mis en scène, la défense jouera probablement la carte de la non-responsabilité pour problèmes psychiatriques au moment des faits. Mais le problème véritable qui se dessine, est la tendance qui consiste à vouloir créer une sorte de star du mal, à partir d'un être machiavélique; à en faire un antihéros qui se démarque de la masse. L'antihéros a en fait, les apparences d'un superEros tordu; un prédateur sans compassion. Médias, système de justice et chaque parent responsable, doivent éviter de porter une attention exceptionnelle à un être qui n'e vaut pas d'être le centre d'une telle attention, du moins au sein d'une nation qui se dit équilibrée. (mise à jour 8 septembre 2014, 21 h 25 A.M.)

Ce n'est pas parce qu'un public en demande, qu'il faut lui donner ce qu'il veut. Lui donner trop d'attention équivaut à donner du carburant et de la justification à la violence pour des êtres déséquilibrés qui observent le traitement médiatique qui est fait et pourraient vouloir eux-aussi devenir célèbres; le centre d'attention.

Cirque médiatique «trash» pour fans de «killers»

Magnotta selon la photo diffusée par Interpol
le 31 mai 2012
Un pays équilibré ne met pas en vedette un prédateur, sauf quand il s'agit de la chute d'un oppresseur. En fait, tout se met présentement en place pour faire exactement l'inverse; comme si l'on voulait créer une sorte d'anti-star, une célébrité de la violence qui pourrait vendre son histoire. On attire normalement plutôt l'attention dans le cas d'un oppresseur, tel un mafieux ou dictateur sanguinaire ou d'un criminel en fuite (comme il était en 2012). Mais le but est alors de protéger les gens et de faire un exemple de la chute d'une bête humaine, pour dissuader ceux qui voudraient l'imiter. Ce n'est plus le cas ici. Magnotta est déjà sous arrestation et il aimait semble-t-il, diffuser ses actes en ligne (ex. mauvais traitement aux animaux et maintenant meurtre et  obscénité sur un humain).

Dans certains médias, on annonce déjà que des places additionnelles sont prévues pour accueillir le surplus de public et de journalistes qui risquent d'affluer au procès. Bref, on n'a rien compris. On prépare rien de moins qu'un cirque médiatique «trash» pour fans de «killers». Est-il nécessaire d'ajouter que si l'on voulait encourager d'autres prédateurs en manque d'attention, qui peut-être croient n'avoir plus rien à perdre, à se mettre en valeur par des actes de grande violence et dépravation, on agirait exactement ainsi. Certains individus narcissiques violents ou désaxés en viennent à préférer une attention pour des motifs vils ou violents, plutôt que l'anonymat de la foule.


Triste spectacle pour les parents de  Lin Jun,  la victime, et pour le monde entier

La mise en place du cirque: «Approchez! Venez voir la bête!»

Le procès en sera au stade du processus de sélection des membres du jury, ce lundi 8 septembre 2014, (ICI Radio-Canada.ca, 2014-09-07). Le problème véritable prévisible dans cette cause, ne semble pas se jouer sur la preuve surtout, mais sur la question de la popularité entretenue d'un meurtrier.

Sur le site de Radio-Canada, nous pouvons lire le 7 septembre 2014:
Éric Sutton, avocat criminaliste, s'attend à ce qu'il y ait de nombreux spectateurs et journalistes à ce procès, qui doit commencer le 22 septembre. « J'ai suivi l'enquête préliminaire et je suis resté surpris de voir des journalistes de partout dans le monde. Italie, France, Angleterre, Allemagne... »  (ICI Radio-Canada.ca

En est-on vraiment collectivement rendus au tourisme du crime? 
Ou est-ce le prix pour nourrir les chaînes d'informations en continu?
  • Il faut en appeler à des médias responsables suffisamment matures pour ne pas verser dans le sensationnalisme et donner les détails inutiles.  Et pour s'entendre entre eux à cette fin. 
  • Mais ceci doit commencer par un système de justice canadien qui donne l'exemple en évitant d'embarquer dans un tel cirque de popularisation à l'extrême d'un meurtrier. La justice canadienne doit rester sobre et limiter le nombre d'auditeurs du procès (public et membres de la presse) à la capacité des espaces actuels; ne pas en faire un antihéros dont l'exemple créerait des disciples et admirateurs déséquilibrés qui pourraient eux aussi rechercher ensuite le même genre d'attention, de vedettariat dans la violence.
  • De même, tout parent responsable qui aime ses enfants, ne doit pas porter d'intérêt malsain ou malin, aux plus violents de la société, sinon que pour désapprouver ce qu'ils font sans entrer dans tous les détails.
Le prédateur, quel qu'il soit, a tué un homme gratuitement et avec une grande violence, il a outragé son cadavre et expédié certains de ses membres et diffusé les images de ces crimes. Il a été fugitif et attrapé suite à une alerte à la police internationale (INTERPOL 4 juin 2012). Point. C'est tout ce qu'il est utile de savoir, pour ne pas en faire une célébrité.

Ci-dessous, extraits de pages d'Interpol, lorsqu'il était sous un mandat de recherche international, du 31 mai mai au 4 juin 2012 avant d'être arrêté en Allemagne (INTERPOL 4 juin 2012).