mardi 17 juin 2014

Commentaire non publié sur un blogue du Journal de Montréal en lien avec l'opinion du Dr Marc Beauchamp

Ce matin du 17 juin 2014, j'ai posté un commentaire en appui de l'opinion du Dr Marc Beauchamp, publiée dans la section blogues du Journal de Montréal (1). L'homme fait partie des centaines de médecins qui s'opposent à la nouvelle loi ouvrant la porte à l'injection mortelle. Ce soir, avec stupéfaction, je constate que mon commentaire n'a pas été publié sur un blogue, ce qui est plutôt rare. Je le reprends donc afin que vous jugiez si cela justifiait la censure. Voilà d'ailleurs l'essence même pourquoi j'ai créé mon propre blogue. Non pas que je cherche l'originalité ou par narcissisme, mais en raison de cette Censure puante, le nouvel Index, qui interdit de s'exprimer dans ce qui a été une des plus grandes démocraties au monde

Vérification faite par «la modération» du journal, mon commentaire aurait été supprimé en raison d'un lien html (lien cliquable) vers une entrevue de Véronique HIVON (porteuse du projet de loi 52) à la radio de CBC, émission The Current du 29 janvier 2014 (2). C'est possible, mais cela me surprend en même temps, car il y avait déjà quelques semaines que je ne mettais plus de liens pour cette raison: commentaires avec liens ayant tendance à être non publiés (ce qui est compréhensible mais discutable dans le contexte actuel des médias sociaux - les médias traditionnels en partie dépassés ne faisant pas la distinction entre promotion d'autres sites ou absence d'argument et un lien important voire essentiel pour prouver un fait, ici les propos de la ministre prononcés sur les ondes publiques anglophones).

Voici la réponse finale de «la modération» du journal:

«Après enquête, votre commentaire a été effacé à cause du lien que vous y avez inclut (sic). (The Current)

Puisqu'il s'agit d'une entrevu (sic) anglophone, elle ne peut être publié (sic) dans un blogue à vocation 100% francophone.

Mis à part ça votre commentaire était parfaitement acceptable et éclairé.

Merci de participer à la discussion du Journal de Québec, 
La modération»

La brève réponse de la modération contient trois fautes quand même, et dans un français de base, comme quoi le français ne semble pas si important... 

Mais bon, je n'ai pas d'autre choix que d'accepter l'explication anonyme, car je n'ai pas conservé de copie de mon texte (ce que je recommencerai à faire). Je trouve quand même cela étrange comme pratique en 2014, car le but de mentionner The Current du 29 janvier 2014, n'était pas de faire la promo d'un site externe au journal, mais de citer une entrevue réalisée au Québec, en anglais (radio publique de CBC) dans le contexte du débat en cours. Nous savons qu'il n'est pas exceptionnel que des politiciens modifient leur discours en fonction de l'auditoire (anglophone versus francophone). Je ne pense pas que Mme HIVON, alors ministre (29 janvier 2014) ait déclaré dans un média francophone que le projet de loi est un «premier pas important» (first important step), ouvrant ainsi la porte à des modifications subséquentes à la loi qui introduit pour la première fois l'injection mortelle comme soin de fin de vie. Ma référence (probablement sans lien cliquable) était incontournable à mon argumentaire.

(ci-dessous, dénonciation ayant suscité la réponse pré-citée de «la modération»)

Mon commentaire non publié a été suscité parce que
  • je voyais que la plupart des critiques contre les médecins opposés au projet de loi 52 nouvellement adopté, ne prennent pas en compte la différence entre le légal (la loi d'où l'effet domino des barrières qui tombent) et la compassion qui pré-existe avant la loi écrite; 
  • entre l'idéologie (termes non définis ou mal OU on va le faire malgré les consultations) et l'exercice démocratique véritable (le public ne veut pas mourir, il veut «ne pas souffrir» quand ce sera son tour
Comme le Dr Beauchamp, j'ai trouvé très pertinente l'opinion le weekend dernier, de Benoît Bouchard intitulée Le début de la débandade (Journal de Montréal en ligne, vendredi 13 juin et en version papier du Journal de Québec, samedi 14 juin 2014, p. 16). Il a exprimé ce que je pense, mais en des mots bien meilleurs que tout ce que j'ai pu écrire.

Mon commentaire non publié par le Journal de Montréal disait à peu près ceci:

«Maintenant que c'est du domaine légal [c'est-à-dire de la loi] ce n'est plus du domaine de la compassion. Chaque nouveau cas autorisé devient une référence pour un nouveau cas. La souffrance étant impossible à mesurer ou à quantifier de façon précise, la porte s'ouvre donc pour la mort provoquée pour de nouvelles situations. En raison de la peur face à une maladie grave diagnostiquée, une personne demande la mort pour souffrance psychologique dite insupportable. Nous ferons donc comme les quelques rares États du monde, qui pratiquent l'injection mortelle.

«Avant d'être élu, M. Couillard, lui même médecin était opposé à ce projet de loi. Une fois élu, il a fait un virage à 180 degrés. Pourquoi? Réponse: ce projet de loi me semble beaucoup plus par corporatisme médical, pour éviter les poursuites aux professionnels de la santé, que par compassion pour les personnes les plus vulnérables. Le premier fondement ne serait pas la compassion, mais l'idéologie. Alors que la population est très divisée sur le sujet sensible de la fin de vie, la composition des membres [et les avis] de la Commission n'a pas reflété cette diversité. Sinon, comment aussi expliquer que l'opinion de centaines de spécialistes des soins de fin de vie ne fassent pas partie du rapport de la Commission (constat du Dr Beauchamp)? Espérant que ce n'est pas en plus, une idéologie liée à l'aspect économique (coûts des soins) de la maladie.

«Si notre système était basé sur la compassion, il y aurait des ressources pour que les gens ne passent pas des heures avec une couche souillée, ou pour qu'ils aient plus qu'un bain par semaine. Donc moins d'indignité. Mais le système actuel vise beaucoup plus à soutenir financièrement ceux qui font du bruit dans les rues (ont la capacité physique de le faire) et qui font perdre des points aux partis dans les sondages.

«D'ailleurs pour ce qui est du consensus, certains des commissaires n'ont pas signé le rapport (cela n'a à peu près pas été souligné par nos médias complices de l'élite). Mme Hivon elle-même (lorsque ministre porteuse du dossier), lors de son passage à la radio de CBC, lors d'une interview le 29 janvier 2014 (émission The Current) a déclaré que cette loi est un «premier pas important» (a first important step). Elle évoluera donc pour ouvrir la porte à une plus grande variété de cas pour la mort provoquée par injection».


FIN DE MON TEXTE D'OPINION (réécrit de mémoire)
  • Le commentaire ne comprenait pas les textes entre crochets [ ], donc plus court. 
  • Et il était dans les longueurs permises, le système informatique ayant confirmé qu'il était en attente d'approbation par le Journal de Montréal en ligne. 
  • Qu'on me dise donc ce qu'il y avait de non publiable, d'indigne, dans ces propos censurés (non publiés) par un modérateur anonyme, dans le contexte de l'article du Dr Beauchamp et des réactions opposées. En dehors de la date de l'émission The Current (radio de CBC; Déplacez le curseur vers 18 min. 15 s.) j'avais écris je crois février plutôt que 29 janvier 2014. Bref, on a agi comme si ce n'eût pas été posté sur un blogue, ni dans le contexte d'une opinion diffusée à laquelle différentes personnes réagissent. Ai-je froissé l'élite, l'establishment, OU des initiés F.-M.?
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1.  Vivre dans la dignité: La loi 52 ne doit pas être mise en application. Journal de Montréal, vendredi 13 juin 2014.

2.  Véronique Hivon on Medically Assisted Dying. The Current. CBC, 29 janvier 2014
http://www.cbc.ca/thecurrent/popupaudio.html?clipIds=2433494864

Pour accès  immédiat à l'extrait AUDIO de l'ex-ministre Véronique HIVON 
Cliquez sur l'image
Déplacez le curseur (bouton) vers 18:15 soit 18 min. 15 s. ET écoutez 2 à 3 minutes environ.
http://www.cbc.ca/thecurrent/popupaudio.html?clipIds=2433494864

Traduction libre de l'extrait: 
Q.  «Vous mentionnez la Belgique. Elle est allée de l'avant avec la légalisation de l'euthanasie il y a plus d'une décennie. Elle considère maintenant [chose faite en février 2014, le mois suivant l'entrevue] étendre cette loi aux enfants et aux gens atteints de démence. Comment voyez-vous cela?» 
R.  «Bien, c'est [l'état de] leur débat à eux. Au Québec, je pense que nous faisons une grande avancée avec cette loi. Mais son application se limite aux gens ayant l'âge pour décider et ayant leur pleine capacité de consentement. Mais évidemment, plusieurs personnes nous ont dit que les gens qui deviennent inaptes devraient avoir la possibilité de faire leur demande à l'avance. Et évidemment, c'est un enjeu très important et je pense qu'il requière d'être pris en considération, mais pour ce projet de loi, pour garder un consensus et aller de l'avant, je pense qu'il était important de faire ce premier pas important
[commentaire ajouté entre crochets]